Une foule dense de tout bord politique, syndical, professionnel, universitaire, scolaire et citoyen s'est rassemblée hier, vendredi, jour de colère, pour protester contre la décision du président américain de reconnaître unilatéralement Al-Qods comme capitale d'Israël et de transférer l'ambassade US de Tel-Aviv à la ville sainte. Le drapeau palestinien a été brandi à bout de bras avec le drapeau national et des slogans scandés condamnant la décision de Trump et appelant les peuples arabes à reprendre la lutte armée, politique, diplomatique et économique pour défendre la cause palestinienne et l'honneur du peuple palestinien Démarrant de la place Mohamed-Ali, à l'appel de l'Ugtt, l'imposante marche nationale a investi l'Avenue Habib-Bourguiba où les manifestants ont laissé éclater leur colère, certains brûlant le drapeau américain. Les appels à rompre les relations diplomatiques et commerciales avec les Etats-Unis d'Amérique ont fusé de toutes parts. Les informations venant des territoires occupés et de Gaza où est tombé le premier martyr de la très probable 3e Intifada agissant comme de l'huile sur le feu. Noureddine Bhiri, chef du bloc parlementaire du mouvement Ennahdha, comprend la colère populaire et déclare au confrère Tunisie Numérique que les «Tunisiens ont le droit de tout revendiquer» en réponse à la demande des manifestants réclamant, hier, l'expulsion de l'ambassadeur américain et la fermeture de la mission diplomatique, lors de la marche nationale à laquelle ont participé des partis politiques, des organisations nationales et une grande partie de la société civile. Le dirigeant du parti Ennahdha a soutenu qu'il faut tout tenter pour faire revenir Trump sur sa décision, précisant que « le président américain a ignoré toutes les conventions internationales et les résolutions onusiennes, spoliant ainsi les Palestiniens de leurs droits légitimes ». A noter, par ailleurs, que le témoignage de ce dirigeant d'Ennahdha a suscité l'étonnement de certains, et la moquerie chez d'autres qui n'ont pas omis, de sitôt, les accolades amicales et affectueuses entre les dirigeants d'Ennahdha et leurs amis américains, en l'occurrence le sénateur McCain. Des responsables de partis politiques et des représentants de la société civile ont sommé, à leur tour, l'Assemblée des représentants du peuple à sortir des tiroirs le projet de loi incriminant la normalisation avec l'entité sioniste et à le voter. L'ambassade américaine fermée La tension était vive hier au centre de Tunis et la colère populaire est montée d'un cran au fur et à mesure que la foule dense arpentait, en rangs serrés, l'avenue principale de la capitale. Des échauffourées ont même éclaté entre forces de sécurité et manifestants lorsqu'ils ont été bloqués au niveau de l'avenue Mohamed-V par les forces sécuritaires. Les manifestants ont été empêchés de prendre la direction de l'ambassade américaine, située du côté des Berges du Lac, qui a été à l'occasion fermée et encerclée par un imposant dispositif sécuritaire. L'ambassade américaine a même publié un communiqué, hier, dans lequel elle appelle les ressortissants américains à la plus grande vigilance et « à prendre les mesures nécessaires pour renforcer leur sécurité personnelle, éviter les manifestations et les rassemblements et respecter les instructions des autorités locales ». La colère a, également, éclaté dans tous les gouvernorats de l'intérieur du pays depuis jeudi dernier concomitamment aux protestations de Tunis et en écho aux soulèvements observés dans la quasi-totalité des capitales arabes et musulmanes à travers le monde. De nouvelles manifestations sont attendues aujourd'hui.