Sur la quarantaine de conventions adoptées par l'UMA, seules 6 ont connu un début d'application Pendant deux jours, le secrétariat général de l'Union du Maghreb arabe, en coopération avec la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) et le Centre africain de politique commerciale (Atpc), a organisé un forum autour de «la situation actuelle et les défis du financement du commerce extérieur dans les pays de l'UMA». La conférence, qui a vu la participation de délégations venues des cinq pays de l'Union, avait pour objectif de présenter une étude élaborée par le secrétariat général de l'Union sur le thème et de permettre aux différentes délégations d'interagir avec les propositions qui pourraient booster le commerce à l'intérieur des pays de l'UMA. Selon la note de présentation, l'étude rentre dans le cadre de la mise en œuvre du plan d'action maghrébin «Boosting le commerce intra-africain» «Biat», adopté en 2014. Chargé par l'Union du Maghreb arabe de réaliser cette étude, Abdoul Kane, expert et ex-fonctionnaire du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa) et de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, estime que beaucoup reste à faire avant de réaliser une vraie intégration économique des pays du Maghreb. S'il estime que les obstacles ne sont pas infranchissables, Kane reconnaît qu'il faudra beaucoup de temps pour en venir à bout. Lorsqu'il entend certains intervenants des pays membres évoquer la possibilité d'une «banque centrale africaine», et même d'une «monnaie unique», M. Abdoul Kane sourit. «Une banque centrale maghrébine ? Pourquoi pas ! Mais si, depuis une trentaine d'années on peine à mettre en place une zone de libre-échange, les autres objectifs me paraissent un peu plus lointains», dit-il. Très réaliste, cet expert déclare d'emblée : «Oubliez l'idée de frères africains et de frères arabes, si un pays ne gagne rien, il n'y adhère pas». Abdoul Kane regrette notamment que le schéma de libéralisation des échanges de l'UMA n'ait jamais été adopté jusqu'à présent. Jusqu'à présent, c'est officiellement toujours un projet de l'UMA. D'un autre côté, même les conventions adoptées au niveau de l'UMA ne sont pas toujours mises en œuvre. En effet, sur la quarantaine de conventions, seules 6 ont connu «un début d'application». «Ces derniers ne sont pas assez vulgarisés au niveau des acteurs et opérateurs économiques», explique-t-il. Quant aux accords bilatéraux, qui ne sont d'ailleurs pas nombreux, ils souffrent, selon lui, de «plusieurs lacunes d'ordre conceptuel». A ces obstacles, s'ajoutent la faiblesse de l'UMA en tant qu'organisation. «L'UMA ne dispose pas des capacités suffisantes en termes de ressources financières, humaines et logistiques, note Abdoul Kane. De plus, l'irrégularité des réunions des organes décisionnels de l'UMA ne permet pas d'avancer». Afin de faire face à ces défis, Abdoul Kane recommande une «déconcentration de certaines prérogatives détenues par les chefs d'Etat aux ministres et dans certains domaines aux opérateurs du secteur privé, afin que des maillages puissent se faire». De son côté, le secrétaire général de l'UMA, Taieb Baccouche, a déclaré que l'étude, ainsi que les recommandations de la conférence, seront envoyées aux responsables politiques. «Il est important que nos travaux ne servent pas uniquement à alimenter les archives», a-t-il dit à la clôture des travaux de la conférence.