A 30 km à peine de la capitale, gît l'un des plus grands sites archéologiques de la Tunisie. Un monument au grand historique mais au présent moins glorieux. En proposant une nouvelle façon de voir et de visiter un site archéologique, l'exposition « Street art Museum : Uthina, mythes et légendes », dont la clôture a eu lieu le 17 décembre, a attiré l'attention sur le parc archéologique d'Oudhna, où elle a eu lieu. Tout au long de l'année, le site d'origine préromaine puis romaine (27 av.J.-C.), accueille aujourd'hui quelques autres activités comme des conférences, formations, concerts et même des cours pratiques pour les lycéens, mais il manque terriblement de moyens et de valorisation. « C'est un site d'avenir mais au potentiel inexploité », explique son conservateur Nizar Ben Slimane. Tous ces événements sont, en effet, organisés alors que le site n'est pas encore raccordé à l'eau et à l'électricité. « Depuis le début, nous travaillons avec un groupe électrogène et l'eau nous parvient d'une source d'eau », ajoute-t-il à propos de ce monument déclaré parc national en 1993, et dont il est le conservateur depuis 2011. Cette contrainte complique l'avancement même du chantier ouvert à cet effet, mais les travaux avancent bien et cela ne saurait, selon lui, tarder. Le projet de réaménagement comporte également une structure d'accueil et une cafétéria, nous informe Nizar Ben Slimane qui voit grand pour le site : « Je rêve d'y créer un musée et un centre archéologique et d'archéologie expérimentale où on développe les méthodes d'extraction de pierres, d'élévation et de fouille, avec des réserves archéologiques », nous confie-t-il. Le conservateur du site déplore une absence de vision pour ce secteur. « Le patrimoine n'est pas une priorité », regrette-t-il. Pour le site archéologique d'Oudhna, les idées de valorisation ne manquent pourtant pas. « Des agences de voyages proposent d'y ramener des touristes et d'en faire une nouvelle destination en plus du musée du Bardo et de celui de Carthage, mais ce n'est pas faisable pour le moment », nous informe le conservateur du site. De par son emplacement, dans le gouvernorat de Ben Arous et à une trentaine de kilomètres de Tunis, le site reçoit beaucoup de visiteurs de la capitale et peut attirer encore plus de visiteurs. « En tout, nous recevons 12.000 visiteurs par an, sans compter les entrées gratuites », déclare Nizar Ben Slimane. Il fut un temps où le site était au centre d'intérêt des autorités. C'est en partie grâce à La Presse comme le mentionne Nizar Ben Slimane dans le texte de présentation du parc archéologique d'Oudhna, consultable sur le site web de l'Institut National du Patrimoine (http://www.inp.rnrt.tn/site_archeo/oudhna/Oudhna.pdf). « Il faut attendre 1989 quand un journaliste, Taher Ayachi, lui consacra une page dans le journal La Presse, pour que l'attention du public soit attirée au site », écrit-il. Depuis qu'il est déclaré parc national en 1993, le site est passé par une grande opération de restauration et de fouille, en plus de travaux de maintenance, d'entretien général et d'accessibilité. En premières cibles, ces monuments principaux et qui font sa spécificité : l'amphithéâtre, le quartier d'habitat, le capitole et les grands thermes publics. Aujourd'hui, en plus du chantier de raccordement à l'eau et à l'électricité, le site fait face à d'autres challenges pour avoir la place qu'il mérite au sein de notre patrimoine archéologique. Avec une superficie de près de 100 hectares, il s'agit de l'un des plus grands sites de la Tunisie, mais cette surface n'est pas encore exploitable en entier. Le site attend, en effet, l'assainissement de son dossier foncier puisqu'une une partie de ses terres est une propriété privée. Plus, il lui faudrait selon Nizar Ben Slimane un plan de protection et de mise en valeur (PPMV). D'autres sites tunisiens, comme celui de Carthage, ont bénéficié de ce genre d'initiatives préconisées par la communauté scientifique internationale et par l'Unesco. Alors, à quand un PPMV pour le site archéologique d'Oudhna ?