A Kairouan s'est tenue hier, lundi 22 février 2010, la 37e session du colloque d'El Mouloudia. C'est M. Boubaker El Akhzouri, ministre des Affaires religieuses, qui en a présidé l'ouverture dans la grande salle du siège du gouvernorat de Kairouan, en présence de M. Yacine Barbouch, gouverneur de Kairouan et des hauts cadres de la région. S'adressant à une pléthore de chercheurs en théologie, d'imams et de prêcheurs (Ouâadh), venus de toutes les régions du pays, le ministre des Affaires religieuses a mis en exergue le rôle des réformateurs tunisiens dans la lutte contre toutes les formes d'hérésie, mais aussi contre les manifestations extrémistes menaçant les principes fondateurs de notre religion : l'Islam. C'est dans la lignée d'imams tels que Ali Ibn Zied, Sahnoun, Ibn Abi Zaïed Al Kairouani et Ibn Arafa que s'inscrit la démarche du Président Zine El Abidine Ben Ali concernant la préservation et la sauvegarde des principes de la religion islamique, conçue comme un culte privilégiant la droiture, la tolérance et notre religion, a dit le ministre, ne peut être confondue avec les tendances destructrices de l'extrémisme, des pratiques hérétiques qui se réclament plutôt d'un état d'esprit obscurantiste et hérétique. Cette première journée du colloque sur «Le rôle des ulémas dans la lutte contre les hérésies et les sectes» s'est répartie sur deux séances scientifiques. La première a été présidée par M. Aboulkacem Alioui, chef de cabinet du ministre des Affaires religieuses, qui a modéré les communications et les débats avec une sollicitude et une subtilité tout aussi bien dans la présentation que dans le déclenchement des débats. «Al bidaâ (les hérésies) dans la pratique des rites religieux et le rôle des ulémas tunisiens dans sa dénonciation» est le titre de la communication élaborée par Béchir Bouzidi, professeur à l'Université Zitouna. Le communicateur a exposé les différentes formes d'hérésie et leurs conséquences néfastes quant à la perception des véritables significations de la religion telles que contenues dans le Coran et la Sunna. Citant des exemples de bidaâ (hérésies) soumises à des ulémas tels que Mohamed El Fadhel Ben Achour à propos des offrandes consacrées aux marabouts, le professeur Bouzidi a relevé à travers ces bidaâ les réminiscences de l'esprit obscurantiste. De son côté, le second communicateur Ali El Hammami, sociologue, a intégré la question de l'hérésie et du sectarisme dans sa relation avec les prédispositions urbanistiques. En se référant à Ibn Khaldoun, le chercheur classe la divergence entre les doctrines selon l'opposition khaldounienne entre les gens d'Irak et les gens du Hijaz (Ahl Al Irak et Ahl Al Hijaz). Les premiers se conférant à Ibn Hanifa et les seconds à Malek Ibn Anas. Quant aux autres doctrines, Ibn Khaldoun les considère comme étant plus enclines à l'hérésie. Quant à la seconde séance, elle a été consacrée à la démarche de deux grands savants tunisiens dans leur lutte contre les bidaâ. L'exemple de l'imam Sahnoun a été abordé par Mohamed Lahbib Allani, chercheur au Centre des études islamiques de Kairouan. Celui de Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour a été développé par Jamel Ben Draouil, directeur de la revue La vie culturelle du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Le colloque de la Mouloudia, qui se poursuivra aujourd'hui, mardi, avec trois interventions, notamment concernant le rôle des médias dans la lutte contre les hérésies, se conçoit dans le développement d'un propos sur la pratique religieuse ancrée en profondeur dans les principes et les valeurs de l'Islam et tout à la fois scrupuleux de son évolution conformément aux exigences de la modernité. Un acte d'immunité identitaire La religion islamique, basée sur les valeurs de la dignité et de l'altruisme, c'est aussi une religion qui consacre la promotion de l'homme et le progrès de la communauté. En rapport avec elle-même, mais aussi avec la communauté internationale. Assumer son identité, la préserver est l'une des options nationales. Elle est intimement liée à la gestion de nos rapports avec le reste du monde, des mutations qui le parcourent. La lutte contre les formes d'hérésie s'avère être pour ainsi dire un acte réformateur corrolaire de l'instruction et du développement global. Elle est garante de note immunité contre tous les excès, tous les vides. C'est l'antidote de l'anomie et de la perte de repères convoités par les forces incultes et rétrogrades déniées par l'Islam. C'est un travail persévérant, assidu et de grand impact que celui du colloque de la Mouloudia qui en est à sa 37e édition. Kairouan, qui l'accueille comme à l'accoutumée, dans un avant-goût des festivités du Mouled, commence à annoncer les couleurs authentiques d'une fête exceptionnelle puisque rehaussée par la présence de Son Excellence le Président Zine El Abidine Ben Ali qui présidera les festivités et la clôture du faste de la célébration de Kairouan comme capitale culturelle islamique.