KAIROUAN, 22 fév 2010 (TAP) - Dans le cadre de la célébration de la fête du Mouled pour l'année 1431 de l'hégire (2010 de l'ère chrétienne), M. Boubaker El Akhzouri, ministre des Affaires religieuses, a présidé, lundi, à Kairouan, l'ouverture de la 37e conférence annuelle du Mouled, placée sous le haut patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali, sur le thème "le rôle des savants tunisiens dans la lutte contre l'hérésie et le confessionnalisme". Le ministre a exprimé, à cette occasion, sa considération au Président Zine El Abidine Ben Ali pour ses efforts visant à diffuser et à consacrer les principes éternels et les nobles valeurs de l'Islam, et à ancrer les tunisiens dans leur identité, de manière à préserver leurs spécificités culturelles et civilisationnelles tout en restant ouverts sur la modernité. La conférence annuelle du Mouled, a-t-il indiqué, entre dans le cadre de la consolidation de cette démarche judicieuse qui a permis à la Tunisie de sauvegarder son identité et ses appartenances culturelles et d'être à l'abri des hérésies, des déviations et du confessionnalisme qui sont des obstacles au développement intégral et au progrès. Il a souligné l'importance de se référer aux sources théologiques authentiques et de lutter contre les mythes, les affabulations, les hérésies et le charlatanisme, mettant en exergue le danger de l'interprétation tendancieuse des textes religieux qui nourrit le confessionnalisme et menace la société de discorde et de désunion. Une société saine, a ajouté le ministre, se fonde sur une connaissance cohérente et une pensée éclairée, appelant à préserver les nobles prescriptions de l'Islam et à les débarrasser de toutes formes d'anachronisme, de déviation, d'intégrisme et d'extrémisme. M. El Akhzouri a, dans ce sens, rappelé que la Tunisie s'est distinguée, à travers les époques, comme un pays africain et méditerranéen bien ancré dans son identité arabo-muslmane, connu pour sa tolérance et sa modération, suivant l'école sunnite et le rite malékite issu de la prestigieuse école de Kairouan, consacrant la suprématie de la raison, du savoir et de la critique dans un souci permanent de modernisation et d'innovation. Après avoir indiqué que la Tunisie n'a jamais connu dans son histoire l'extrémisme, M. El Akhzouri a rappelé les apports des premiers Ulémas tunisiens qui avaient appelé à la sauvegarde de l'unité de la société et dont la pensée constituait un véritable rempart qui a épargné aux peuples de l'Ifriqiya les pires déviations. Il a, également, salué le rôle joué par plusieurs penseurs et jurisconsultes tunisiens, dans l'histoire moderne et contemporaine, en matière de lutte contre l'hérésie et le confessionnalisme, soulignant que le fruit de leur pensée réformiste a permis à la Tunisie de demeurer un bastion contre toute forme de déformation de la religion et des fatwas. Le ministre a rappelé la réaffirmation par le Président Ben Ali du rôle des cadres religieux dans le renforcement du rayonnement de la sublime religion islamique, la propagation de ses nobles valeurs et l'approfondissement de la réflexion sur les objectifs de l'Islam, outre l'impulsion du devoir de la diffusion des prescriptions islamiques, le renforcement de l'unité nationale, la mise en valeur des spécificités de la culture arabo-musulmane et le soutien de l'Etat dans la protection des affaires religieuses, tout en veillant à préserver la morale. Les travaux de la première séance scientifique de cette conférence ont, ensuite, démarré, par une conférence, donnée par M. Béchir Bouzidi, professeur à l'Université de la Zitouna", et intitulée "Les hérésies dans la pratique des rites religieux et le rôle des Ulémas tunisiens dans la lutte contre ce phénomène". Le conférencier a présenté les différents types d'hérésies avant de passer en revue plusieurs fatwas d'Ulémas tunisiens, à travers lesquelles ils ont empêché la propagation de nombre d'hérésies. Il a, à cet égard, évoqué certaines tentatives opérées par ces Ulémas à leur époque afin de préciser la différence entre les objectifs de la sublime religion et les courants déviationnistes qui prêchent les dissensions confessionnelles et le fanatisme religieux. De son côté, M. Ali Hammami, professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines et sociales de Tunis, a donné une conférence sous le titre "Une lecture sociologique du phénomène du confessionnalisme", dans laquelle il a mis en relief le rôle de l'environnement géographique dans l'apparition et la multiplication des écoles islamiques, soulignant l'impératif qu'il y a à faire la distinction entre les courants confessionnels et le pluralisme intellectuel. Il a, d'autre part, indiqué que le phénomène de confessionnalisme est le résultat du rejet de l'opinion contraire et d'une conviction de détenir la vérité absolue, ce qui, aux yeux de tous ceux qui prônent le confessionnalisme, légitime le recours à la violence pour imposer un rite unique.