«Les slogans creux nuisent à la cause palestinienne», déclare Noureddine Taboubi, qui a appelé le Parlement tunisien à examiner le projet de loi relatif à la criminalisation de la normalisation Azzem Al-Ahmed : «L'option armée n'a jamais été abandonnée, seulement, nous sommes des gens pragmatiques, dit-il. Chaque chose en son temps» A l'occasion du soixante douzième anniversaire de sa création, l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a organisé hier un Forum syndical international de soutien au peuple palestinien. Le secrétaire général de l'organisation syndicale Noureddine Taboubi a appelé dans ses déclarations aux médias, l'Assemblée des représentants du peuple à discuter et à voter le projet de loi de criminalisation de la normalisation avec l'entité sioniste. «Ce qui nuit à la cause palestinienne ce sont les slogans creux, explique Taboubi. Nous demandons à ce que le texte soit débattu, et c'est de cette manière que nous verrons qui sont ceux qui soutiennent vraiment la cause palestinienne et ceux qui ne font que parler». Présent lors de cette rencontre, le député Mustapha Ben Ahmed (groupe patriotique), a estimé que tôt ou tard, le texte serait débattu. «Au Parlement, tout le monde est d'accord sur le fait que la normalisation ne devrait jamais exister, cependant, il faudrait que le texte voté comprenne des dispositions applicables», a-t-il déclaré à La Presse. Par ailleurs, le secrétaire général de l'Ugtt a estimé que les organisations syndicales internationales ont le pouvoir de faire pression dans ce dossier, du fait des moyens humains dont elles disposent. «Notre rencontre aujourd'hui peut jouer un rôle important dans le soutien au droit des Palestiniens de créer un Etat avec Al-Qods pour capitale et d'isoler la décision américaine», a déclaré Taboubi. De son côté le parlementaire palestinien Azzem Al-Ahmed (Organisation de libération de la Palestine) a regretté l'absence d'une position arabe commune autour de la dernière décision du président américain Donald Trump, de transférer l'ambassade américaine à Al-Qods. «Lorsque nous discutons avec nos partenaires européens, ils nous disent : le monde arabe est divisé sur la question palestinienne». Sans citer de pays en particulier, Azzem Al-Ahmed a mis en garde contre les tentations de céder aux pressions américaines. Selon lui, l'Administration américaine tente d'obliger certains pays arabes à accepter la normalisation avec l'Etat sioniste, comme préalable à des négociations de paix. «La volonté des peuples est plus grande que la volonté des régimes et n'oubliez pas qu'à l'entrée de la Knesset (le Parlement sioniste), les frontières de ce qui est appelé Israël, sont uniquement limités par le Nil et l'Euphrate, explique Al-Ahmed. Nous ne défendons pas uniquement la Palestine, nous nous battons pour le monde arabe dans son ensemble». Le député palestinien a également tenu à prendre la défense du président palestinien Mahmoud Abbas, «qui tient tête aux Américains et aux Israéliens, contrairement à ce qu'on voudrait faire croire». «L'option armée n'a jamais été abandonnée, seulement, nous sommes des gens pragmatiques, dit-il. Chaque chose en son temps». Pour sa part, Ivar Ekeland, académicien et ex-président de l'Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine, a déclaré que plusieurs organisations en Europe ont demandé à l'Union européenne de «suspendre sa coopération avec Israël et d'appliquer des sanctions», et ce, en application de l'article 2 du plan de coopération qui dispose qu'en cas de violation des droits de l'Homme, l'accord est suspendu et des sanctions appliqués. Ancien député jordanien, Hamada Faraâna a appelé tous les Etats du monde arabe à soutenir la cause palestinienne, peu importe la dépendance de ces Etats vis-à-vis de l'aide économique américaine. Il cite ainsi l'exemple de son pays, la Jordanie, qui, malgré un soutien économique annuel américain de 1,275 milliard de dollars, «a choisi de se dresser contre la décision de Donald Trump». Al-Faraâna a considéré que la décision de Trump était «un mal pour un bien», qui a permis de remettre au premier plan la cause palestinienne. Le secrétaire général-adjoint de la Confédération syndicale internationale, Mamadou Diallo, a estimé que «même si certains Etats africains peuvent flancher, pour des raisons relatives à la coopération économique, la majorité des pays africains restera fidèle aux valeurs et aux principes». Selon les chiffres présentés par le secrétaire général de l'Ugtt, 5.600 Palestiniens sont détenus dans les prisons, dont 57 femmes et 300 enfants (la dernière en date n'est autre que la militante Ahd Temimi).