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Les jeunes prennent le flambeau de la résistance Décision de D. Trump de reconnaître Al-Qods capitale d'Israël - Vague de protestations à Tunis et dans les régions
Aujourd'hui mobilisation nationale contre la décision de l'Administration américaine et grande marche à Tunis à partir de la place Mohamed-Ali La décision du président américain Donald Trump de reconnaître «Al-Qods» comme capitale de l'entité sioniste a eu un effet certain sur les peuples arabes et musulmans, encore et toujours attachés à la question palestinienne. Mais cet effet, ce n'est pas celui escompté par les collaborateurs du nouvel « Apartheid sioniste » qui espéraient briser les Palestiniens et étouffer les cris de millions d'individus pour la liberté. L'effet a été celui de la remobilisation de la jeunesse, celle qui n'a pas connu les "Intifadha" palestiniennes de 1987 et 2000. Cette génération avait en effet quelque peu oublié la souffrance palestinienne. Mais Trump donne aujourd'hui l'occasion aux peuples arabes et musulmans de reprendre conscience de l'enjeu d'une telle décision. Par ces manœuvres, le 54e président des Etats-Unis prône implicitement l'expulsion des Palestiniens de leurs terres et réveille en conséquence la rage des peuples arabes en redirigeant la boussole vers «Al-Qods». En témoigne la mobilisation spontanée, hier, de centaines de jeunes étudiants et lycéens sur la principale avenue de Tunis, l'Avenue Habib-Bourguiba. Dès 11h du matin, une foule immense a commencé à s'agglutiner du côté du mythique Théâtre municipal, des familles entières avec femmes et enfants, mais surtout des jeunes, ont marché hier pour protester contre l'Administration américaine mais également contre toutes les forces impérialistes dont le seul dessein est d'asservir les peuples pour mieux les exploiter. C'est le cas de Oussama, venu avec son épouse et sa fille âgée d'à peine quelques mois. «Elle est née révoltée, tout comme son papa», dit-il avec ironie. Pour Jamel, comme pour tous ceux que nous avons pu interroger, hier, la lutte armée des peuples arabes contre l'entité sioniste est devenue nécessaire et la seule réponse à la décision du président Trump. «La souveraineté d'un Etat arabe comme le nôtre aurait dû aujourd'hui ordonner l'expulsion de l'ambassadeur américain et fermer les arrière-boutiques américaines dans le pays», s'insurge-t-il. Mais lorsqu'on lui parle de la difficulté d'une telle entreprise au vu des «intérêts suprêmes de la nation», Jamel, comme beaucoup d'autres jeunes, s'enflamme : «C'est le pire des mensonges ! Nos intérêts, nous les avons tissés avec les mauvaises parties ! Nous ne mourrons pas de faim ! Il suffit de changer de partenaires, de regarder ailleurs, vers les Brics, par exemple». Le combat des peuples Un peu plus prêt du porteur du mégaphone, nous rencontrons le jeune Oussema, âgé de 23 ans. Chez cette tranche d'âge, le discours est tout autre. Dans le vacarme des slogans enflammés, Oussema a du mal à nous entendre. «Les dirigeants arabes, que doivent-ils faire? Je n'en sais rien et à vrai dire ce n'est plus important, ce n'est plus une affaire de dirigeants politiques, insiste-t-il. Le combat est aujourd'hui celui des peuples». Les manifestants semblent avoir, depuis longtemps, cessé de croire à une réaction des présidents, des «moulouks» (rois) et des «Oumara» (princes), qui soit à la mesure des crimes commis contre la Palestine. D'ailleurs, les slogans de colère scandés au cœur de Tunis mêlent les Américains, les Britanniques et «Al-Saoud» (la famille régnante en Arabie Saoudite). «Ils sont complices», pouvait-on entendre. «Il faut résister aux sionistes et perturber l'ensemble des intérêts impérialistes», nous dit Meriem, lycéenne d'à peine 16 ans. Malgré son jeune âge, Meriem pourrait parler durant des heures de l'histoire d'Al-Qods. «Mon vœu c'est de pouvoir y aller, prier à la mosquée d'Al Aqsa», nous confie la toute jeune lycéenne, cheveux bouclés et en dépit du froid, en t-shirt flanqué de la photo d'Al-Qods. «La cause palestinienne est la mère de toutes les causes et nous apprenons aux enfants, dès leur plus jeune âge, à aimer la Palestine et ils savent que la capitale palestinienne s'appelle Al-Qods», nous souffle encore un quinquagénaire qui donnait de la voix. Nous reculons un peu, pour mieux voir les slogans et mieux écouter la foule. Le discours est radical. On n'entend plus parler de "Ligue arabe" mais plutôt de "Lutte arabe". Au parlement tunisien, les députés en séance extraordinaire hier ont revendiqué une seule chose : « Criminaliser la normalisation avec l'entité sioniste ». Des marches à l'intérieur du pays Les manifestations hostiles à la décision de Donald Trump et de son Administration ont également eu lieu dans plusieurs autres gouvernorats de la Tunisie. Dans toutes les villes, ce sont les jeunes qui se sont mobilisés plus que les adultes. A Kasserine, «Al Qods, capitale éternelle de la Palestine», a été le principal slogan des protestataires. Les mêmes scènes se sont répétées à Sidi Bouzid, à Tozeur, à Kébili, à Gafsa et dans d'autres régions de la Tunisie. Dans toutes ces manifestations, le drapeau palestinien a été l'invité d'honneur et hissé à bout de bras. Aujourd'hui, la mobilisation spontanée cédera la place à une marche nationale annoncée par plusieurs organisations nationales, avec à leur tête l'Ugtt. Faisant l'objet d'une pétition signée par 16 organisations et plusieurs partis politiques, la marche partira de la place Mohamed-Ali, siège historique de la centrale syndicale. A noter que Nida Tounès et Ennahdha ne font pas partie des signataires. La pétition appelle notamment au boycott des activités de l'ambassade américaine en Tunisie, ainsi que le celui de toute formation politique appuyant la position américaine et sioniste.