Samir Majoul, nouveau président de l'Utica, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, reprennent l'initiative comme du temps de Hassine Abassi et Wided Bouchamaoui. Ils décident de faire la guerre aux grèves et attendent que Youssef Chahed réagisse positivement à leur geste On se rappelle encore la «coalition sacrée» entre Hassine Abassi, ancien secrétaire général de l'Ugtt, et Wided Bouchamaoui, ancienne présidente de l'Utica, à l'époque du Dialogue national quand les deux patrons des deux organisations syndicales les plus fortes et les plus représentatives du pays ont décidé fin 2012 de peser de tout leur poids et de la crédibilité dont elles bénéficiaient sur la scène politique nationale pour imposer le départ du gouvernement de la Troïka II présidé par Ali Laârayedh et pousser à la formation d'un gouvernement de compétences apolitiques sous la houlette de Mehdi Jomaâ, chargé de préparer les législatives et la présidentielle de fin 2014 avec la condition que les membres et le chef de ce gouvernement ne se portent pas candidats à ces élections. La suite, on la connaît avec l'accession de Béji Caïd Essebsi au pouvoir et la victoire de Nida Tounès qui a remporté le plus grand nombre de sièges au palais du Bardo mais sans pouvoir se prévaloir de la majorité, ce qui l'a poussé à coaliser avec Ennahdha qui s'est classé au deuxième rang lors du même rendez-vous électoral. L'Ugtt et l'Utica reprennent l'initiative De nos jours, il semble que les deux boss de l'Ugtt et de l'Utica Noureddine Taboubi et Samir Majoul ont décidé de reprendre l'initiative et de mettre un terme définitif au syndrome des grèves à répétition qui minent le pays et qui menacent l'économie nationale ou ce qui en reste. Mercredi 24 janvier, à l'occasion de la signature de l'accord de la reprise des activités de la Stip, il a été annoncé que l'Utica et l'Ugtt ont «décidé de lancer un programme d'action commun sous la devise «Faisons la grève générale contre les grèves». Le programme a pour objectif de régler tout problème à caractère syndical par le dialogue direct entre l'Utica et l'Ugtt». Samir Majoul, nouveau président de l'Utica, souligne : «Le projet a été soumis au secrétaire général de l'Ugtt qui n'y voit pas d'inconvénient et qui considère que la Tunisie n'est plus en mesure de supporter de tensions ou de crises et que la machine économique doit redémarrer dans les plus brefs délais». Noureddine Taboubi ajoute : «Nous sommes pour la grève contre les grèves anarchiques ou exagérées. Cette position ne nous empêche pas pour autant de soutenir les grèves contre ceux qui privent les travailleurs de leurs droits et ne respectent pas leurs engagements. Nous ne faisons pas la grève pour la grève. Pour nous, la grève demeure un moyen pour revendiquer nos droits». Les choses sont donc claires : l'Ugtt est prête à faire la guerre aux grèves anarchiques ou à caractère politique. Elle est toujours attachée au Document de Carthage tant que ses objectifs n'ont pas changé. Et même si certains partis politiques signataires du même document s'en sont retirés, les syndicalistes continuent encore à soutenir le gouvernement d'union nationale. Ils rejoignent les membres de l'Utica dont le nouveau président a été tranchant aussitôt élu à la tête de la Centrale patronale en indiquant : «L'Utica maintiendra son soutien au Document de Carthage même au cas où tous les autres signataires se retireraient». Reste à savoir maintenant comment va réagir Youssef Chahed, livré à une véritable guerre de nerfs de la part des partis «qui ont déserté le document» et d'usure de la part de Nida Tounès qui ne lui pardonne pas ses positions d'indépendance de décision et aussi de la part d'Ennahdha dont les responsables soufflent le chaud et le froid et multiplient les déclarations les plus contradictoires au gré de l'évolution de la situation politique dans le pays. Quand on se demande comment va répondre Youssef Chahed à l'initiative de Taboubi et Majoul, on cherche à découvrir ce que le chef du gouvernement est en mesure de leur offrir en contrepartie de leur soutien renouvelé et de leur geste de faire raisonner les grévistes, qu'ils appartiennent à l'Ugtt ou à l'Utica.