La Banque tunisienne de solidarité (BTS) a raison de miser sur l'entrepreneuriat féminin. Elle lui consacre, en effet, jusqu'à 52% de ses crédits. Ce choix revient à la ferme conviction en la capacité de la femme à s'investir dans l'entrepreneuriat et à honorer ses engagements non seulement en tant que bénéficiaire du fonds, mais aussi — et surtout — en tant que moteur de développement et de dynamique économique. Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance vient de publier, récemment, les résultats du Programme de promotion de l'entrepreneuriat féminin baptisé «Raïda», un programme mené en collaboration avec la BTS. Lancé à la fin de l'année 2015, il s'étale jusqu'à 2020. Jusqu'à la fin 2017, il a réussi, au bout de deux années d'activité, à financer la création de 1.864 TPE (très petites entreprises) et PME (petites et moyennes entreprises), implantées dans tous les gouvernorats sans exception aucune. Ces projets ont vu le jour grâce à un financement de près de 13MD, dont 25% octroyés par la BTS. L'idée étant d'inciter les femmes diplômées de l'enseignement supérieur et autres détentrices de diplômes de formation professionnelle à prendre leur destin en main et à s'engager dans des projets, dont les retombées seraient plus que salutaires et pour la jeune entrepreneure et pour l'équipe qu'elle embaucherait. Certes, ce programme a été, d'emblée, destiné aux femmes diplômées de l'enseignement supérieur. Néanmoins, des modifications y ont été apportées pour toucher, en outre, les femmes ayant un brevet de formation professionnelle ou un certificat de compétence. Sont aussi concernées par ce nouveau mécanisme d'appui à l'entrepreneuriat féminin les femmes dont les enfants sont pris en charge par les centres relevant du ministère de tutelle, les anciennes détenues ayant obtenu un certificat de compétence professionnelle, ainsi que les femmes rurales détenant un diplôme ou un certificat de compétence. Qu'elle soit jeune ou moins jeune, toute femme a la possibilité de changer favorablement sa vie et ses conditions sociales et économiques. Il suffit de croire en elle-même et d'avoir l'initiative de monter son projet. « Raïda » se charge, de son côté, de l'accompagner dans cette expérience, et ce, depuis la préparation de l'étude du projet jusqu'au suivi des premiers pas de l'entreprise. Modalités de financement Il est à préciser que, pour ce qui est des TPE, le montant est plafonné à 10 mille dinars. Pour le décrocher, la bénéficiaire n'a nullement besoin de garantir un autofinancement. Exempte de verser des intérêts contre son crédit, elle n'a qu'à entamer le remboursement six mois après avoir reçu son financement. Quant aux crédits consacrés à la création de PME, ils sont octroyés aux femmes diplômées de l'enseignement supérieur ou de la formation professionnelle. Vu les exigences financières des PME, les crédits s'avèrent être plus costauds, variant ainsi de 10 mille dinars à 100 mille dinars. La souplesse spécifique à cette ligne de crédit typiquement féminine consiste, en outre, à dispenser la bénéficiaire de l'autofinancement et de la garantie. Notons que 80% du montant attribué doivent être remboursés au bout de six mois. Les 20% restants peuvent être payés sur deux ans. Discrimination régionale positive Toujours dans le souci de multiplier les chances des régions en besoin de développement, le ministère recourt à la discrimination positive, dotant ainsi la région de Tataouine du plus grand nombre de projets soutenus, soit 183 projets féminins financés durant la période 2016/ 2017 grâce à un montant total de l'ordre de 887.308 mille dinars. La région de Kébili, quant à elle, a eu la part du lion en termes de financement avec un montant global de 994.507 mille dinars, investis pour financer 174 entreprises. Cette année, les deux partenaires, notamment le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance et la BTS, s'engageront pour consacrer 7,5 MD au financement de nouveaux projets. Une enveloppe comptant 1,5 MD sera destinée équitablement pour la formation, la commercialisation ainsi que le webmarketing, dans l'optique de mieux habiliter les futures entrepreneures à bien mener leurs projets naissants et à commercialiser au mieux leurs produits. Le programme « Raïda » pour la promotion de l'entrepreneuriat féminin ambitionne de soutenir la création de quelque 8.000 projets à l'horizon 2020.