Après le record de 560 mille tonnes de la campagne 2016/17, la production d'agrumes de la campagne 2017/2018 devrait enregistrer une baisse importante de 38,2%, soit 346 mille t en raison des conditions climatiques défavorables qui ont coïncidé avec la période de la floraison. Cette chute de production serait due à la baisse des maltaises (49%), des clémentines (38%) et des navels (31%). Dans une étude publiée par l'Observatoire national de l'agriculture sous la plume de Mme Hanène Trabelsi et consacrée au secteur des agrumes, on constate qu'en Tunisie, 90% de la production d'agrumes sont destinés au marché local pour la consommation en frais qui n'a cessé d'évoluer au cours de ces dernières années. L'analyse des prix des agrumes à l'export durant une décennie affiche une tendance haussière qui a oscillé entre 0,837 dinar/t en 2007 et 1,154 dinar/t en 2017. Cette augmentation obéit à la loi de l'offre et de la demande au niveau du marché extérieur. Les prix à l'exportation des agrumes en Tunisie sont, toutefois, demeurés inférieurs à ceux des pays concurrents, soit 561 dollars US/tonne en Tunisie contre 960 dollars US/t en Espagne et 596 dollars US/t au Maroc. A cet effet, il y a lieu de signaler que les exportations tunisiennes ont pu se positionner en appliquant des prix très compétitifs pour la maltaise par comparaison avec les prix pratiqués par les exportateurs des autres pays concurrents. La Tunisie au 45e rang On apprend aussi, à travers cette étude, que les exportations mondiales d'agrumes ont atteint durant les cinq dernières années une moyenne de 12.772,174 millions de dollars pour un volume de 15,8 millions de tonnes exportées. En termes de valeurs, la Tunisie arrive au 45e rang avec une part de 0,1%. Globalement, l'effort d'exportation des agrumes révèle une tendance à la baisse. En effet, le volume exporté vers le marché européen n'a pas atteint 10% de la production, il est resté en deçà du quota annuel des 39.000 t accordées par l'UE. Le marché français constitue la principale destination des maltaises tunisiennes, avec près de 77% du total du volume exporté (soit 15.807 t en 2016). La Libye est le deuxième client avec une part qui est passée de 2% en 2012 à 10% en 2016. Le marché du Royaume-Uni représente environ 2% des exportations tunisiennes. Le Canada, la Russie, la Turquie et l'Algérie importent de faibles quantités d'agrumes. La Tunisie gagnerait à renforcer sa présence sur ces marchés, estime Mme Trabelsi, qui figurent parmi les premiers importateurs de ce produit au niveau mondial. Une diversification des destinations est devenue nécessaire pour acquérir de nouvelles niches de marchés, non pas avec des transactions irrégulières mais beaucoup plus continues afin d'assurer des recettes d'exportation plus durables. Des marchés porteurs Le développement sur des marchés porteurs comme celui de la Russie, du Canada, du Koweït et du Qatar devient un impératif majeur, notamment dans un contexte où la Tunisie devrait augmenter ses exportations vers d'autres destinations que celle du marché français traditionnel. La filière agrumicole peut générer des recettes importantes à l'économie nationale. Il reste certes que cette filière nécessite un effort plus accentué de l'interprofession pour sa mise à niveau de l'amont productif à l'aval, depuis la récolte jusqu'à la commercialisation. En effet, la production a enregistré des améliorations remarquables pour atteindre ces dernières années des niveaux dépassant 500 mille t avec une croissance de l'exportation relativement timide, soit une part de 5% qui est en deçà des quotas octroyés par l'Union européenne. Une concurrence internationale de plus en plus rude est constatée. La garantie d'une liquidité immédiate avec des prix intérieurs rémunérateurs ont toutefois orienté les producteurs vers le marché local. Par ailleurs, la vente à l'étranger nécessite des produits qui doivent répondre à des normes phytosanitaires de qualité (SPS) et obéir à des normes d'emballage et d'étiquetage qui vont alourdir la charge des exportateurs. En plus de la faible quantité d'agrumes exportés, l'industrie de transformation du jus d'orange est absente malgré une consommation locale non négligeable. Ainsi, une orientation vers l'industrie de transformation des agrumes est devenue plus que nécessaire pour absorber l'abondance de la production, la stocker sur plusieurs mois et satisfaire une demande intérieure en jus sans avoir à l'importer de pays concurrents. Les importations de jus d'agrumes étaient de 1.072,7 t pour une valeur de 4,052 MDt en 2016. Les exportations de jus d'orange pourraient même être envisagées, sachant que les marchés extérieurs, surtout européens, sont demandeurs et souffrent d'une offre en baisse. L'Etat est donc amené, dans un proche avenir, à relever des défis importants sur le plan de la diversification des débouchés à l'exportation et à encourager les investisseurs à créer des unités de transformation. Par ailleurs, une stratégie serait la bienvenue pour surmonter les problèmes qui entravent le développement des exportations du secteur, à savoir l'absence d'une infrastructure logistique (problème de transbordement), les conditions difficiles d'accès à de nouveaux marchés (marchés africains) et l'absence de variétés d'agrumes diversifiées et pourquoi pas revisiter certains accords d'échange commerciaux avec d'autres pays qui ne sont pas forcément en faveur de la Tunisie. Autant de recommandations à prendre en considération pour améliorer le rendement de cette filière.