L'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc), avec le soutien du ministère des Affaires culturelles et l'INP, vient de publier un ouvrage monumental sur Carthage. Le premier d'une collection «Histoire et monuments». Un éclairage particulier sur une période peu connue avec la participation de 42 éminents spécialistes de Tunisie et d'ailleurs. Un ouvrage de référence. L'œuvre est vraiment monumentale et ce n'est qu'un début ! En fait, la collection nous promet les mêmes volumes qui sont de véritables références en la matière écrits par d'éminents spécialistes qui ont usé d'un langage facile d'accès qui rend agréable la lecture d'un grand pan de notre histoire. En fait, «Carthage, maîtresse de la Méditerranée, Capitale de l'Afrique» est le premier grand volume d'une série que l'Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc) va éditer et qui porte le nom de «Histoire et monuments». Le livre est publié avec le soutien du ministère des Affaires culturelles, l'Institut national du patrimoine et la Scuola archeologica italiana di Carthagine. De plus, la publication de ce premier volume entend honorer et consacrer l'accord de coopération entre l'Amvppc et l'Ecole archéologique italienne de Carthage (Saic) fraîchement née et dont le but affirmé est de consolider la Coopération tuniso-italienne dans les domaines de la mise en valeur, de la conservation et de la promotion du patrimoine archéologique tunisien. 42 spécialistes ont travaillé sur ce volume et le travail a été chapeauté par Samir Aounallah et Attilio Mastino. Notons que Samir Aounallah est Directeur de recherches historiques et archéologiques et Directeur de l'information et des relations avec les associations à l'Amvppc, qui ambitionne d'illustrer l'histoire et l'archéologie des principaux monuments et ensembles urbains de la Tunisie antique et médiévale. Cet ouvrage collectif de vingt-deux chapitres offre au lecteur attentif d'étudier l'une des épopées les plus marquantes de l'histoire de la Méditerranée, celle du destin de Carthage, de ses origines phéniciennes à son abandon total au XIIIe siècle par les souverains de la dynastie hafside (1207-1574). Les visiteurs, avertis ou non, qui se rendent à Carthage souhaitent avoir une réponse à deux questions simples mais auxquelles il n'est pas aisé d'apporter des réponses précises. La première concerne la naissance de Carthage punique et le lieu de cette naissance traditionnellement fixée à -814, sur la colline de Byrsa. La deuxième, on le devine, concerne la fin de cette première Carthage et la naissance de l'autre, celle que les Romains se sont attelés à reconstruire plus d'un siècle après l'avoir détruite pour en faire leur nouvelle capitale africaine : la Colonia Concordia Iulia Carthago, à la place d'Utique, principale alliée de Rome lors de la troisième guerre punique. Le livre tente d'apporter ces éléments de réponse mais va au-delà en racontant dans un style agréable Carthage de la légende de sa naissance au IXe jusqu'au XIIIe siècle. En voici un extrait : «L'archéologie carthaginoise ne peut livrer qu'un état fortement altéré des temps puniques. Non seulement, la ville avait été sérieusement atteinte lors de la guerre de -146, mais son abandon pendant un siècle, puis sa reconversion en colonie romaine dès -44 ont fini par avoir raison des vestiges antérieurs. L'une des illustrations les plus éloquentes de ces ravages est fournie par la destruction d'une nécropole punique lors de la construction de l'Odéon romain au début du IIIe siècle. A l'époque arabo-musulmane, la ville se transforma en village et ses beaux monuments servirent de carrière aux bâtisseurs de Tunis et de Kairouan, comme à ceux de Pise ou de Gênes, en Italie. Ses monuments se transformèrent en repaires pour les brigands et pour les criminels; ce fut en particulier le cas du cirque qui, pour cette raison, fut complètement détruit vers la fin du XIIIe siècle. Nous avons donc affaire à un site très détérioré et très pauvre en vestiges apparents. De plus, la documentation écrite fait terriblement défaut : les archives ont disparu et les inscriptions de l'époque punique, provenant essentiellement du tophet, se répètent presque systématiquement. Il y a peu, certains historiens se demandaient s'il était possible d'écrire une histoire de Carthage. En fait, personne n'a renoncé à s'y essayer. Le recours aux textes anciens, notamment pour la période phénico-punique, devient nécessaire même si on s'accorde encore sur le fait que ces textes manquent souvent d'objectivité».