Par Abdelhamid GMATI Un seul terroriste suffit pour mettre le pays en danger. C'est ce qu'avance l'expert sécuritaire, ancien officier de la Garde nationale Ali Zeramdini, qui a appelé, mardi dernier, à la vigilance face à la présence de terroristes sur les hauteurs tunisiennes. Il confirme les déclarations du ministre de la Défense qui, lundi dernier, affirmait que les menaces terroristes sur les hauteurs à la frontière tuniso-algérienne persistent toujours. Pour Abdelkrim Zbidi : «Ce sont des menaces sérieuses, d'autant que des éléments terroristes retranchés sur les hauteurs dans les gouvernorats de Kasserine, du Kef et de Jendouba continuent à planifier, selon les informations parvenues, des opérations ciblant les installations et les unités militaires, ainsi que des sites stratégiques. Des attaques projetées en réaction aux revers subis par les terroristes après les récentes offensives militaires à leur encontre. Des menaces terroristes sont présentes aussi à la frontière sud-est du pays face à la détérioration de la situation sécuritaire et politique en Libye ». De fait, jeudi dernier, les agents de la Garde nationale des frontières, au niveau du poste frontalier d'Aïn Soltane, du gouvernorat de Jendouba, ont ouvert le feu en direction d'un groupe de trois hommes armés qui étaient en train d'épier les mouvements des agents. Les terroristes se sont repliés, sans riposter, vers les montagnes voisines. On rappelle que, le 11 décembre dernier, un soldat est décédé et six autres militaires ont été blessés dans des affrontements avec un groupe terroriste retranché sur les hauteurs de Kasserine. Le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a précisé qu'un soldat a été tué et qu'un autre a été blessé lors d'un échange de tirs avec le groupe terroriste. Cinq militaires ont été touchés par les éclats d'une mine qui a explosé lors du passage du convoi militaire dans une opération de ratissage menée à Kasserine. « La lutte contre le terrorisme est la priorité d'aujourd'hui », confirme, à l'ARP, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Braham, qui précise que les unités de la Garde nationale et ceux de la Sûreté nationale ont arrêté 7 terroristes et en ont tué 7 autres. Ces terroristes sont membres de Katibet Okba Ibn Nafaâ et du réseau Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Il a également rappelé que quatre cellules dormantes ont été démantelées avec saisie d'armes en leur possession. « Les unités sécuritaires ont réussi à démanteler 188 cellules terroristes en 2017, 124 cellules d'influence et 47 cellules d'embrigadement aux zones de conflit ». La traque continue et on annonce l'arrestation d'un extrémiste takfiriste, mercredi dernier, à Regueb, gouvernorat de Sidi Bouzid. Il a été maintenu en état d'arrestation pour affiliation à un groupe extrémiste. L'individu a des antécédents avec la police. Il avait été arrêté lors des événements de Soliman, en décembre 2006. Et, mardi dernier, les agents de la Garde nationale à Téboulba (gouvernorat de Monastir) ont arrêté un takfiriste âgé de 32 ans et originaire de la ville de Moknine. Le suspect est un adepte de la pensée extrémiste et est en contact, via les réseaux sociaux, avec un groupe terroriste en Syrie. Des documents et enregistrements incitant au terrorisme et au jihad dans les foyers de tension ont été saisis au domicile du suspect qui sera transféré au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme à Tunis. Une question se pose quant au profil de ces terroristes et la réponse est proposée par un rapport national relatif au blanchiment d'argent et du financement du terrorisme fait par la Commission tunisienne des analyses financières qui relève de la Banque centrale. Il en ressort que 46% des terroristes sont des cadres exerçant dans les structures étatiques. Donc, les cadres d'Etat sont les plus impliqués dans les affaires du terrorisme, 3% sont des chômeurs, 8% sont des élèves ou des étudiants, 3% sont des enseignants et 8% exercent dans des fonctions libérales. Cela indique que le terrorisme n'est pas nécessairement motivé par des raisons matérielles. C'est donc l'endoctrinement qui en est l'une des causes principales et c'est à ce niveau que l'action antiterroriste doit aussi porter.