Aucun gardien ne s'impose réellement au sein du onze national à seulement quatre mois du Mondial. Un véritable casse-tête chinois pour le staff de Maâloul. La solitude du gardien de but a été décrite en son temps par le brillant goal-keeper yougoslave de l'AS Saint-Etienne de l'épopée des seventies, Ivan Curkovic. Eh bien, elle est vécue aujourd'hui à leur façon par les candidats au poste au sein de l'équipe de Tunisie au Mondial russe, l'été prochain. Aymen Mathlouthi, Moez Ben Cherifia, Rami Jeridi, Farouk Ben Mustapha... vivent dans leur coin cette attente fébrile précédant les moments qui marquent l'histoire d'un joueur. Un Mondial, on y goûte une fois dans sa vie, rarement davantage. Et c'est déjà une chance. Mokhtar Naïli, Chokri El Ouaer et Ali Boumnijel ont eu ce privilège. A priori, l'Etoilé Aymen Mathlouthi devrait les imiter au mois de juin prochain. Toutefois, ce n'est pas gagné d'avance, car d'ici le début de l'été, que d'eau va couler sous les ponts. En partant en Arabie saoudite dans un petit club, Al Baten jouant pour le maintien, six mois avant l'échéance planétaire, Mathlouthi a pris tous les risques : un premier match où il encaisse cinq buts, un second où il prend trois autres, et la note (salée) ne va sans doute pas s'arrêter là.... Il est clair que le numéro un du club Tunisie n'a pas vraiment choisi la facilité. Pour espérer contrarier les attaquants anglais et belges, il faut se montrer en superforme le jour «j». Et ce n'est pas assurément le championnat d'Arabie saoudite qui va aider à rejoindre le haut niveau international. Ni celui tunisien, du reste. Beaucoup d'observateurs voient en Moez Hassane la solution qui va tirer une épine du pied du sélectionneur national. Toutefois, le portier niçois prêté à Châteauroux est aujourd'hui blessé, et cet arrêt arrive au plus mauvais moment, c'est-à-dire quand il peut être testé et donner définitivement son aval pour rejoindre les Aigles de Carthage. Le précédent de Boumnijel Un peu dans le scénario de l'ascension de Ali Boumnijel, qui avait rejoint le onze national alors qu'il militait dans les rangs de Bastia, puis de Rouen, allant en coupe du monde 2002 et 2006, et remportant la Coupe d'Afrique 2004, Hassane, que peu de sportifs tunisiens connaissent jusque-là nous fera-t-il le même coup ? Cela ne dépend que des gardiens issus du championnat local qui tardent à donner des gages en cette saison mondialiste. D'ailleurs, un Mathlouthi déclinant va lui-même devoir retrousser les manches pour repousser la concurrence (Rami Jeridi et Ali Kalaï qui mériteraient selon les observateurs une chance en sélection...). Enfin, le fait que les entraîneurs des gardiens soient ignorés et marginalisés, comme nous le signale dans ce dossier Béchir Hajri, instructeur, conseiller et entraîneur spécialisé à ce poste, en dit long sur le peu de cas que l'on fait de ce poste névralgique qui s'intègre de plus en plus dans le système de jeu. Tout commence par le portier, c'est-à-dire la première relance. Un GB peut vous gagner presque à lui seul un match. Demandez ce qu'il en est à tous ceux qui ont suivi la prestation du légendaire Attouga dans le «volcan» du stade Surulere de Lagos, contre le Nigeria aux éliminatoires du Mondial 1978. La victoire (1-0) des Aigles a constitué ce jour-là le tournant qui a envoyé la Tunisie en Argentine pour sa «première» mondialiste...