Ce programme d'envergure semble intéresser beaucoup de pays, mais il apparaît également comme un nouvel aspect de la compétition Est-Ouest La Chine s'impose de plus en plus comme la puissance économique dominante, après les Etats-Unis d'Amérique.Toutefois, et selon un sondage effectué par le Pew Research Center de Washington en 2017, la donne a changé en faveur de la Chine qui cherche à rétablir sa dominance économique sur le monde en ravivant «La route de la soie». C'est l'un des projets phare qu'entreprend la Chine depuis 2013 et qui vise à asseoir son leadership régional, sur le plan géopolitique et économique. Quel impact sur la Tunisie ? Reliant la Chine au reste du monde et passant par les côtes de notre pays, la nouvelle route a fait l'objet d'un débat organisé jeudi 15 février par le Forum de l'Académie politique (Foap) et la fondation Konrad Adenauer à Beit El Hikma à Carthage sous le thème «One Belt One Road, Quelles opportunités et quelles menaces pour la Tunisie». Une conférence, de haut niveau, a été donnée à cette occasion par M. Moez Ghribi, directeur du département géopolitique à l'Institut tunisien des études stratégiques, qui a mis en exergue la stratégie «String of pearls» (stratégie du collier de perles) suivie dans ce contexte par la Chine en vue de se repositionner en tant que première puissance mondiale et ses incidences sur la Tunisie . Ce programme d'envergure semble intéresser beaucoup de pays, mais il apparaît également comme un nouvel aspect de la compétition Est-Ouest. Dans cette compétition séculaire et le souci légitime de la Chine de jouer un rôle mondial de premier plan et d'effacer définitivement les humiliations infligées par l'Occident au XIXe siècle, quelle place peut tenir la petite Tunisie ? Pourra-t-elle en tirer profit et diversifier de manière plus intéressante ses partenariats économiques et diplomatiques, s'est demandé au début de la rencontre Mohamed El Aziz Ben Achour, ancien directeur général de l'Alecso et membre du conseil scientifique du Foap. Echo positif dans le monde arabe Plusieurs pays arabes se sont intéressés à cette initiative, notamment les pays du Golfe dont l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, ainsi que ceux du Moyen-Orient en raison de son impact positif sur leurs économies, a expliqué le conférencier Moez Ghribi. Selon les estimations, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et les pays arabes pourrait croître considérablement à l'horizon 2020, ajoute-t-il. Cette nouvelle donne en termes de coopération n'est plus à démontrer. En effet, et d'après le magazine «La Chine au présent», ce pays est désormais le 2e partenaire commercial du monde arabe et le premier partenaire commercial pour 9 pays arabes. Le monde arabe est son premier fournisseur de pétrole brut. Selon la même source, les initiatives chinoises, telles que la construction commune par la Chine et d'autres pays de la Ceinture économique de la Route de la Soie et de la Route de la Soie maritime, ont reçu un écho favorable dans les pays arabes. La coopération économique et commerciale entre la Chine et les pays arabes atteint ainsi un niveau sans précédent. Une opportunité économique pour la Tunisie En 2017, un mémorandum d'accord a été signé entre la Chine et le Maroc en vue d'inclure ce pays maghrébin dans la nouvelle route de la soie, annonce Moez Ghribi. Le Maroc est ainsi le premier pays africain qui a intégré cette initiative et la Tunisie devrait le rejoindre. Pour rappel, Khalil Abidi, président de l'Instance tunisienne de l'investissement dans une interview, avait déclaré en août 2017 à l'agence de presse chinoise Xinhua que notre pays ne pouvait laisser passer pareille opportunité. Les concertations vont bon train entre les deux pays, avait-il confirmé. Moez Ghribi a évoqué la grande importance de l'adhésion de la Tunisie à cette initiative sur le plan économique et a souligné la prédisposition de la Chine d'investir dans le sud de notre pays. L'emplacement stratégique et idéal de la Tunisie sur la Méditerranée et au nord du continent africain offre un atout de taille pour intégrer ce projet. Il faut aussi tenir compte, dans la perspective de cette adhésion, du dossier de la reconstruction de la Libye, a-t-il conclu à la fin de la rencontre. Une conférence sera tenue sur cette question durant le mois de mars prochain à l'Institut tunisien des études stratégiques.