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le chef du gouvernement espagnol, M. mariano rajoy
Entretien avec...
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 02 - 2018

« L'engagement de l'Union européenne en Tunisie ne doit pas être que de la rhétorique »
Propos recueillis par Mohamed Hédi ABDELLAOUI
La communauté internationale, à commencer par l'Union européenne, a tout à gagner en misant sur la fraîche démocratie tunisienne. Car il y va de la stabilité et de l'essor de la région méditerranéenne et de l'Europe, de l'avis du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
Interviewé par La Presse à l'occasion de sa visite en Tunisie, dans le cadre de la huitième haute commission mixte tuniso-espagnole, Rajoy plaide, dans la même optique, pour un véritable engagement de l'Union européenne aux côtés de la capitale du printemps arabe, pour ainsi aller au-delà de la «rhétorique ».
Pour lui, la réussite de la transition tunisienne et la création d'un véritable espace de prospérité entre les deux rives de la Grande Bleue constitueraient, à bien des égards, une raison d'espérer pour l'ensemble de la communauté internationale. Si bien que l'insertion des jeunes dans la chaîne économique « est l'instrument le plus efficace pour faire face au cercle dangereux que représentent le chômage, l'immigration irrégulière et la radicalisation ». Interview.
Votre visite en Tunisie s'effectue dans le cadre de la huitième haute commission mixte tuniso-espagnole. Comment appréciez-vous le niveau de la coopération entre les deux pays ?
L'Espagne et la Tunisie partagent depuis des décennies une relation bilatérale privilégiée. Nos liens sont basés sur des affinités historiques solides dérivées du voisinage méditerranéen et inscrites dans le traité d'amitié et de bon voisinage que nous avons signé il y a plus de trois décennies et qui nous a permis de développer de façon ininterrompue des domaines de coopération. Aujourd'hui, notre relation est beaucoup plus riche et plus diversifiée qu'il y a trente ans. Les contacts politiques sont plus fréquents, plus nombreuses les entreprises espagnoles qui contribuent à la croissance de la Tunisie, plus fructueux les échanges entre nos corps et forces de sécurité et beaucoup plus de jeunes de nos deux pays décident chaque année d'étudier dans les universités de l'autre pays. Nous partageons également des valeurs et des défis. Parmi les valeurs, je voudrais mentionner de manière spécifique l'égalité et, en particulier, l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes. Dans ce domaine, la Tunisie est un pays pionnier dans sa région: ses progrès servent d'inspiration à d'autres pays du monde arabe. Et l'Espagne a soutenu avec conviction ces progrès, dont certains sont ambitieux comme la loi de lutte contre la violence à l'égard des femmes que le Parlement tunisien a approuvée en juillet dernier. Parmi les défis auxquels nous sommes confrontés, aucun n'est aussi pertinent que celui qui consiste à faire de la Méditerranée un espace sûr d'échange et de croissance pour nos citoyens et, en particulier, pour nos jeunes.
Les investissements espagnols en Tunisie s'élèvent à près de 1,3 milliard de dinars, soit 4,75% du total des investissements étrangers en provenance des pays de l'Union européenne. Y a-t-il moyen d'augmenter le niveau de ces investissements sur le double plan quantitatif et qualitatif ?
Je suis convaincu que cette réunion de haut niveau, la huitième depuis que nous nous sommes dotés de ce mécanisme privilégié de coopération institutionnelle, servira à jeter les bases d'une relation stratégique plus complète, plus diversifiée et plus profonde. Des relations à la hauteur de la réalité des deux pays qui ont traversé des périodes difficiles au cours des dernières années mais qui, grâce aux efforts de nos citoyens, sont sur la bonne voie pour les surmonter. Je crois qu'il est temps de relancer notre coopération, de l'intensifier et de l'étendre à de nouveaux domaines. En définitive, je crois que nos échanges commerciaux et les investissements offrent davantage de potentiel de croissance. En ce qui concerne les investissements, de plus en plus d'entreprises espagnoles misent sur l'internationalisation. Et la Tunisie offre des avantages comparatifs, grâce entre autres à sa situation stratégique en Méditerranée et à la planification de ses besoins dans le cadre des objectifs de la Conférence « Tunisie 2020 ». La constitution, l'année dernière, de la Chambre de commerce hispano-tunisienne ou l'accord que signeront dans le cadre de cette réunion nos deux organisations de promotion du commerce extérieur, Icex et Cepex, renforcent le cadre institutionnel et constituent des pas importants pour exploiter les synergies entre nos deux économies, qui se trouvent être parmi les plus ouvertes dans nos régions respectives.
Ces dernières années, l'Espagne a réalisé des avancées dans des domaines tels que les énergies renouvelables, l'infrastructure ou le contrôle du trafic aérien. Est-ce que cette expertise peut être mise au service de la coopération entre les deux pays ?
Au cours des dernières décennies, les entreprises espagnoles ont reçu une reconnaissance internationale méritée dans des secteurs stratégiques, de l'infrastructure aux énergies renouvelables, des télécommunications à l'industrie agroalimentaire ou le tourisme. Aujourd'hui, nous pouvons dire avec fierté que nous avons des entreprises leaders à l'échelle internationale qui contribuent au bien-être économique et social, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de notre pays. Cela est vrai aussi pour le cas de la Tunisie, où certains de nos entrepreneurs travaillent depuis de nombreuses années, même dans les moments les plus difficiles, pour générer de la richesse et de l'emploi. Je valorise positivement l'engagement du gouvernement tunisien en faveur de la sécurité et de la stabilité économique, et je ne doute pas que c'est la bonne stratégie pour attirer plus d'investisseurs étrangers. J'espère que dans les années à venir, plus d'entreprises espagnoles apporteront leur expérience pour aider la Tunisie à s'engager dans la voie de la diversification de son économie, dont le caractère essentiel a été démontré par la dernière crise.
Le Parlement européen a récemment rejeté une motion demandant le retrait de la Tunisie de la « liste noire » des pays «susceptibles d'être fortement exposés au blanchiment d'argent et au financement du terrorisme».
Quelle est votre position sur cette affaire et ne pensez-vous pas que cette décision est hâtive et excessive ?
Face à la sophistication croissante des activités des groupes terroristes, l'UE a renforcé les mesures visant à tenter d'interrompre le flux des fonds pouvant être utilisés pour financer ce type d'activité. Cependant, ce qui s'est passé avec l'inclusion de la Tunisie dans la liste des «juridictions non coopératives avec l'UE» à la fin de l'année dernière montre la voie à suivre. La réponse du gouvernement tunisien, offrant rapidement de réelles garanties de coopération, a motivé une réaction prompte des institutions européennes. Je ne crois pas que l'un des partenaires européens, pas l'Espagne en tous les cas, souhaite voir la Tunisie sur une «liste noire».
Lors d'un récent point de presse à Bruxelles avec la représentante de la diplomatie européenne, le ministre tunisien des Affaires étrangères a plaidé pour l'engagement de l'Union européenne aux côtés de la Tunisie dans sa transition démocratique. Le soutien économique et financier de ce grand partenaire à la capitale du Printemps arabe est jugé insuffisant et ne reflète pas l'importance de l'expérience tunisienne. Qu'en pensez-vous ?
La Tunisie vit un moment d'une importance particulière. Sept années après la révolution et trois autres après l'approbation de la nouvelle Constitution, la transition tunisienne est devenue un modèle et une référence pour les pays arabes et une raison d'espérer pour l'ensemble de la communauté internationale. Les Espagnols, comme nos partenaires européens, nous avons accompagné les institutions et le peuple tunisiens depuis le début de ce processus historique. Sans prétendre vouloir donner de leçons, mais avec la conviction partagée que la démocratie ne peut prendre tout son sens qu'en tant que projet pour l'ensemble de la société fondée sur la coexistence, le dialogue et le respect des droits de l'Homme. Arrivant à ce point, les espoirs générés par la politique devraient s'accompagner d'une amélioration significative et durable des conditions de vie de la population. C'est le seul antidote définitif contre toute tentative d'involution. C'est pour cette raison que je crois que l'engagement de l'Union européenne en Tunisie ne doit pas être simplement rhétorique. Nous les Espagnols sommes conscients que l'Europe suscite des intérêts considérables pour les pays de notre voisinage du Sud et c'est pour cette raison que notre pays préconise, depuis qu'il a rejoint l'UE, de renforcer les liens de coopération avec ces derniers, politiquement, mais aussi dans d'autres domaines, tels que l'économique ou la sécurité. Nous devons utiliser tous les instruments à notre disposition pour créer un véritable espace de prospérité entre les deux rives de la Méditerranée, en augmentant les investissements et le commerce avec la région, en encourageant l'immigration par les voies légales et en misant sur le dialogue bilatéral et multilatéral.
Trois obstacles majeurs freinent la marche de la Tunisie sur la voie du développement, à savoir les difficultés économiques et sociales dont souffrent les régions intérieures, le chômage et la persistance de la menace terroriste. Que peut-on espérer de l'Union européenne pour parer à ces problèmes et que suggérerait l'Espagne à ce propos ?
L'Espagne préconise depuis longtemps une stratégie globale pour faire face aux menaces qui pèsent sur la région méditerranéenne, telles que l'immigration clandestine et le terrorisme. À cet égard, nous accordons une priorité maximale aux échanges avec la Tunisie en matière de défense, de sécurité et de justice, et nous continuerons à travailler pour les renforcer et les approfondir, en privilégiant l'échange d'informations et la formation des ressources humaines. Malheureusement, nos deux peuples connaissent très bien la souffrance absurde et irrationnelle causée par le terrorisme. Mais nous savons également, d'après notre propre expérience, que les terroristes peuvent être vaincus. Les systèmes démocratiques ont les outils pour vaincre ceux qui encouragent la violence et la violation des droits fondamentaux des personnes. Ces outils ne sont autres que ceux de la loi et ceux de l'Etat de droit, renforcés par l'unité institutionnelle et la volonté de défendre nos valeurs. Mais nous coopérons également pour combattre les causes sous-jacentes de la terreur, de la radicalisation et du discours de haine. En ce sens, offrir des opportunités aux jeunes est l'instrument le plus efficace pour faire face au cercle dangereux que représentent le chômage, l'immigration irrégulière et la radicalisation. Signe de l'importance que nous attachons à cet objectif, nous venons d'approuver une ligne de crédit à des conditions préférentielles de 25 millions d'euros destinée aux petites et moyennes entreprises tunisiennes, qui vise justement à générer de la richesse pour le plus grand nombre de destinataires possibles. Nos projets nationaux connaîtront peu de réussite si nous ne sommes pas en mesure d'offrir aux générations futures des opportunités de travail et de formation.


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