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Appel à un accord de défense commune avec l'Algérie
Entretien avec Mongi Hamdi, ministre des Affaires étrangères
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 12 - 2014

Maintenir une diplomatie à zéro problème, garder des relations diplomatiques stratégiques avec tous les pays frères et amis. C'est dans cet état d'esprit que Mongi Hamdi mène depuis bientôt un an la diplomatie tunisienne. Dans le droit fil, dit-il, des fondamentaux tels que consacrés par le leader Habib Bourguiba. C'est dans cet esprit qu'il a engagé un profond mouvement de réforme au sein du ministère des AE, convaincu que la diplomatie est en changement continu et qu'elle exige professionnalisme et rigueur que ne peut offrir qu'un système valorisant et motivant les compétences du département. Dans cet entretien accordé à La Presse, le ministre aborde tout particulièrement la question libyenne dont la seule solution de sortie viable et durable ne peut, insiste-t-il, être que politique. Entretien
Monsieur le ministre, vous êtes à la tête du ministère des Affaires étrangères depuis bientôt un an. Après l'élection présidentielle et à la veille de la composition d'un nouveau gouvernement, pourriez-vous nous donner quelques indications sur les réalisations accomplies par votre département au plan politique, compte tenu de la situation extrêmement trouble dans ce qu'on appelle les pays du « printemps arabe » ?
Nous sommes un petit pays ouvert au monde ; nos relations diplomatiques doivent être stratégiques avec tous les pays frères et amis dans le cadre de l'attachement au droit et à la légitimité, la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. Ce sont les fondamentaux et les principes directeurs de la diplomatie tunisienne depuis Habib Bourguiba. Nous avons aplani les quelques problèmes rencontrés sous la Troïka. Aujourd'hui, nos relations tant avec les Emirats arabes unis, l'Arabie Saoudite et l'Egypte ou le Qatar sont de très haut niveau, des relations stratégiques. Depuis le mois de février dernier, ma ligne de conduite a été une diplomatie avec zéro problème. La diplomatie est aujourd'hui aussi importante que le ministère de l'Intérieur dès lors qu'il s'agit de la sécurité et de la stabilité du pays. Quand on a des relations de bon voisinage et stratégiques avec des pays comme l'Algérie et l'Egypte, on ne peut qu'être plus rassuré quand à la sécurité à nos frontières. Avec la Syrie et alors même qu'il n'y avait plus aucune représentation diplomatique tunisienne dans ce pays, le ministère des Affaires étrangères, en tant que premier responsable de la sécurité des Tunisiens à l'étranger, s'est particulièrement attaché à prendre contact avec les Tunisiens résidant en Syrie par le biais du développement de ce que j'appellerai une communication administrative. Autre élément à mettre à l'actif de la diplomatie tunisienne aura sans doute été les efforts déployés, dans le calme et la sérénité, par le département pour permettre, sans aucune contrepartie, la libération et le retour en Tunisie les diplomates tunisiens qui ont été pris en otage en Libye.
Depuis une année, la Tunisie a déployé des efforts méritoires pour regagner au plan international le terrain perdu par la diplomatie de la Troïka . La Tunisie est aujourd'hui devenue de plus en plus visible à l'échelle internationale et c'est tout à votre mérite. Cependant, qu'est-ce que vous avez fait pour capitaliser sur la succes-story Tunisie et le modèle tunisien qui est considéré aujourd'hui comme une exception de réussite dans les pays du « printemps arabe » ?
Franchement, j'ai personnellement toujours évité d'utiliser l'expression « modèle tunisien ». Parler de modèle sous-entend une volonté de l'exporter à d'autres pays. La diplomatie tunisienne n'est pas dans cet esprit et elle est encore moins tentée de faire du prosélitisme. Je préfère plutôt parler d'expérience tunisienne. J'ai essayé de motiver le personnel du ministère qui préfère plutôt parler « d'expérience tunisienne » sur laquelle la diplomatie tunisienne a formidablement capitalisé à l'échelle internationale, surtout après l'adoption de la nouvelle Constitution du pays.
La crise libyenne tend à se complexifier, devenant de plus en plus menaçante pour notre pays. Pourriez-vous nous indiquer l'état d'avancement des initiatives entreprises par notre pays pour aider à la résolution de cette crise dans le cadre du respect de la souveraineté libyenne et de son intégrité territoriale ?
Dès le mois de février dernier et alors même que la situation en Libye était calme, j'ai invité au ministère, pour un brainstorming, une trentaine d'ambassadeurs des pays concernés par la conjoncture libyenne. J'ai aussi pris contact avec les ministres des Affaires étrangères des pays qui ont des intérêts en Libye, à l'instar de Malte, de la France, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, du Qatar, de la Turquie, des Emirats arabes unis... en vue d'envisager la possibilité d'un Dialogue national à la tunisienne pour la Libye. La plupart des personnalités que j'ai consultées ont soutenu l'idée que les Nations unies chapeautent le Dialogue national libyen. Suite a quoi j'ai adressé une lettre au SG des Nations unies, fin mars dernier, pour l'informer au sujet des consultations et lui demander s'il pouvait entamer ce genre de dialogue interlibyen, en Libye. Je reste à cet égard convaincu que la solution politique est la seule solution à la crise libyenne. Je ne crois pas qu'une solution militaire puisse résoudre le problème. Seule une solution pacifique est durable ; qui se réalise dans le cadre d'un accord politique national pour sauvegarder l'intégrité territoriale du pays et asseoir les bases d'une réconciliation nationale. Une solution militaire aura des conséquences énormes pour la Tunisie, seul pays du voisinage qui a des frontières ouvertes avec la Libye et qui compte aujourd'hui un peu plus d'un million de Libyens sur son sol... L'avenir de la Tunisie est étroitement lié à celui de la Libye, les incidences sécuritaires, économiques, sociales et même politiques sont intimement imbriquées. Je suis également profondément convaincu que l'avenir de la Tunisie est lié à celui de l'Algérie avec qui nous entretenons des relations exceptionnelles et historiques. Je saisis à ce titre cette occasion pour appeler le prochain gouvernement à conclure le plus tôt possible un accord de défense commune entre la Tunisie et l'Algérie d'autant plus que vis-à-vis de la crise libyenne, les deux pays ont la même politique et sont sur la même longueur.
Après un relatif et, dans certains cas, un grand froid de nos relations avec certains pays arabes, hérités de la diplomatie de Troïka, comment appréciez-vous aujourd'hui les relations diplomatiques de la Tunisie avec notamment les pays du Golfe ?
Tout juste après ses visites officielles en Algérie et au Maroc, le chef du gouvernement Mehdi Jomaâ a effectué une grande tournée dans les pays du Golfe pour lever le voile d'ombre et une certaine tension qui avaient prévalu du temps de la Troïka au pouvoir dans les relations de la Tunisie avec certains pays du Golfe. Les pays du Golfe ont un énorme potentiel de croissance économique et des investisseurs de haute facture qui investissent dans le monde entier. Dans le cadre de cette tournée, nous avons rencontré des dizaines d'hommes d'affaires qui nous ont tous fait part de leur franche volonté d'investir en Tunisie. Nous devons à cet égard franchement revoir notre code de l'investissement pour le rendre beaucoup plus attractif. La Tunisie a aujourd'hui moins de 3% d'échanges commerciaux avec les pays du Golfe et 80% de ses échanges se font avec les pays européens. Je suis pour un renforcement et une amélioration de nos relations économiques avec nos partenaires traditionnels en Europe mais nous devons significativement nous ouvrir à d'autres partenaires dans les pays du Golfe, en Afrique, en Asie...Il faudrait soutenir une diplomatie économique agressive comme cela a été le cas lors de ma visite officielle en Russie alors que ce pays subissait un embargo des pays de l'Union européenne.
Nous savons que la Tunisie entretient d'excellentes relations avec ses partenaires européens. Pourriez-vous nous donner un aperçu sur l'état d'avancement du partenariat avancé avec l'Union européenne ?
A l'occasion d'une conférence de presse avec Laurent Fabius, je n'ai pas manqué de dire que la Tunisie n'est pas moins importante que la Grèce, que l'Union européenne a accordé à ce pays presque 120 milliard de dollars en 2013 et à la Tunisie même pas le centième de cette somme. La Tunisie est aussi importante que la Grèce et même plus en considérant les défis majeurs auxquels elle est confrontée en termes de sécurité, de stabilité, de transition démocratique, de développement et de lutte contre l'immigration clandestine. Sans doute, le soutien de l'Union européenne à la Tunisie est réel mais nous espérions plus en termes d'investissements européens en Tunisie.
Comment appréciez-vous la qualité des relations qui prévalent aujourd'hui entre la Tunisie et les Etats-Unis d'Amérique ?
Les relations avec les Etats-Unis sont excellentes, presque parfaites. Un dialogue stratégique entre les pays a été lancé à l'occasion de la visite qu'a effectuée au mois d'avril dernier le chef du gouvernement Mehdi Jomaâ à Washintgon. Ce dialogue stratégique prévoit une plus grande coopération technologique et une plus grande assistance dans le domaine sécuritaire. Il ouvre également la voie à un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. John Kerry a, à ce titre, dit que la Tunisie est « le seul foyer d'espoir dans la région » et que les Etats-Unis feront tout pour que la Tunisie réussisse sa transition et soit une réelle success-story.
A maintes reprises, nous avons entendu que la diplomatie tunisienne accordera une place privilégiée à la coopération avec les pays africains. Qu'en est-il au juste ?
L'Afrique est aujourd'hui le continent le plus convoité avec une croissance économique impressionnante. Le potentiel africain est énorme et la Tunisie a pris beaucoup de retard à s'intéresser sérieusement au marché et au partenariat africains. Je trouve cependant que ce n'est pas trop tard de corriger le tir en nous impliquant activement dans le sens d'une plus grande présence tunisienne en Afrique. Aujourd'hui, nous comptons seulement 12 ambassades dans le continent africain. Il faudrait aussi impliquer activement le secteur privé tunisien de l'investissement et l'encourager significativement à aller investir en Afrique A ce titre, chaque fois que je reçois de hauts responsables africains , je veille à ce que des hommes d'affaires tunisiens soient de la rencontre afin qu'ils puissent exposer leurs projets d'investissement dans les pays africains.
Vous êtes actuellement désigné à un poste de première responsabilité à l'ONU, c'est en soi un succès pour la diplomatie tunisienne. Quels seront vos messages à votre successeur à la tête du ministère des Affaires étrangères ?
Je pense que nous avons fait de bonnes choses et je suis sûr que celui qui va me succéder va apprécier le travail accompli et qu'il va continuer dans le même esprit au service de la diplomatie tunisienne et du rayonnement international de la Tunisie. Je suis également sûr qu'il sera peut-être mieux que moi, je l'espère. La diplomatie mérite quelqu'un de professionnel. Il faudrait maintenir des relations stratégiques avec l'Algérie, c'est extrêmement important. Travailler en full-time pour aider à résoudre le problème de la Libye et veiller à ce que la Libye maintienne son intégrité territoriale tout en restant à égale distance de tous les protagonistes libyens. De la neutralité positive. Je dirais aussi à mon successeur toute l'importance que revêt la conclusion d'un accord de défense commune entre la Tunisie et l'Algérie.


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