A l'approche des municipales, les partis candidats ont commencé à affûter leurs armes, faisant de ce rendez-vous une guerre de sièges. Du côté de l'Isie et de son partenaire, la Haica, il n'est pas question de se laisser tromper ni par des médias savamment instrumentalisés ni par des apparences partisanes biaisées. Tel un acte de vigilance pour une campagne électorale de saine émulation, les deux instances ont, tout récemment, cosigné un accord commun relatif aux critères déontologiques propres à une couverture médiatique en bonne et due forme. Cet accord, le dernier des décrets à caractère législatif ainsi ratifié, a fait, hier, l'objet d'une rencontre de presse, destinée, en partie, aux journalistes de l'audiovisuel. Le but étant de ne pas déroger aux règles du métier dont le professionnalisme, l'équité et l'équidistance de tous les partis sont une priorité, afin que l'accès aux plateaux télévisés ou radiophoniques ne soit plus l'apanage des uns aux dépens des autres, mais un droit pour tous les candidats. «Que l'intérêt de l'électeur l'emporte sur toute autre sensibilité politique», recommande M. Mohamed Tlili Mansri, président de l'Isie. D'ailleurs, ajoute-t-il, les médias, importante courroie de transmission, sont aussi partie prenante pour un bon déroulement des prochaines élections. Partant, ceux-ci sont appelés à respecter les règles du jeu. A chaque échéance pareille, certains médias passent gratuitement, pour des porte-voix, comme si leurs tribunes, aussi libres soient-elles, étaient vendues aux plus offrants. Certes, les partis favoris y trouvent leur compte, leur machine à propagandes tournant à plein régime. Tous les deux jouent dans la même cour, en quête d'audience, sans scrupule. En cause, le citoyen, l'électeur-roi, demeure la victime d'un mauvais choix qui n'est pas le sien. C'est là que le bât blesse ! Ainsi poursuit-il, faisant savoir les procédures qu'il faut prendre en pareil cas. «Si nombre des délits, ainsi cumulés, pèsent sur le déroulement du scrutin, à même de détourner les résultats obtenus, l'on devrait intervenir et faire tomber complètement ou partiellement la liste contrevenante», précise le chef de l'Isie, à laquelle revient le contrôle de la presse écrite et électronique. Espace médiatique sous réserve Quant à la Haica, elle aura la charge du monitoring du paysage audiovisuel. Son président, M. Nouri Lajmi, a commencé par se référer à Montesquieu : «Une chose n'est pas juste parce qu'elle est loi... mais elle doit être loi parce qu'elle est juste». Cela dit, selon lui, la couverture médiatique de la campagne électorale, prévue le 14 avril, doit être dans la loi. Avec, bien entendu, tout ce qui prouve l'obéissance aux critères déontologiques régissant la profession. Il les a détaillés, tels que stipulés par le décret 116-2011, mais aussi comme le confirme la nouvelle constitution. Equité, professionnalisme, impartialité et tout ce qui distingue le bon grain de l'ivraie. «Des analyses quantitatives et qualitatives qui soient au niveau des attentes pour avoir une information juste, crédible et transparente», estime-t-il. Toute infraction enregistrée sera sanctionnée d'une amende allant de 3 mille à 50 mille dinars. A cela s'ajoute un partage des plages horaires équitable et équilibré. Autant dire qu'une telle couverture médiatique se base, essentiellement, sur le nombre des listes candidates présentes dans les 350 circonscriptions communales. Sur ce point, l'accord précité décline ce droit d'accès aux médias en cinq catégories, avec des privilèges calculés en pourcentage décroissant. Par exemple, les listes présentes à hauteur de 75 à 100% et de 50 à 75% des circonscriptions électorales se tailleront, alors, la part du lion dans la couverture médiatique, à raison respectivement de 25-30% et de 20-25% des plages horaires réservées à l'ensemble des candidats. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que les partis, les moins représentés dans les régions ne bénéficient que de 5 à 10% de présence dans les médias. Et M. Lajmi de souligner que les médias devraient, pour éviter tout abus, communiquer à la Haica leur fil conducteur des programmes et émissions liés à la campagne électorale, avant même qu'elle n'ait lieu le 14 du mois prochain. «Et ça, c'est important pour savoir comment diriger notre travail de monitoring», explique-t-il, en conclusion, sans pour autant oublier d'annoncer qu'il y aura, d'ici là, des sessions de formation en la matière au profit des journalistes.