Pas de guide pratique pour les journalistes : il faut s'en remettre pour l'instant aux règles générales de la déontologie... En cette période de précampagne d'élections démocratiques, les jours sont difficiles pour les médias en termes de rigueur et de respect des règles déontologiques. Tous, ou presque, sont à l'affût d'une voie de sortie qui leur permettrait d'être performants et agissants sur la scène médiatique sans courir le risque d'enfreindre les règles déontologiques, particulièrement en période électorale. Un jeu d'équilibrisme difficile, auquel s'essayent les médias, certains en naviguant à vue, d'autres en marchant sur des œufs. Le problème est d'autant plus sensible, pour la presse écrite et électronique, et encore plus pour les médias publics, que l'instance de régulation tant attendue, homologue de la Haica pour le secteur de l'audiovisuel, n'a pas encore vu le jour. Parmi les missions de cette instance, l'élaboration d'une sorte de cahier des charges spécifique à la couverture médiatique en période électorale. Un guide dont les indications garantissent deux principes incontournables : la neutralité des médias et l'équité dans le traitement de l'information relative aux candidats (partis ou personnes) afin de garantir entre eux l'égalité des chances. En l'absence de ce guide, comment les médias doivent-ils se comporter pour respecter la rigueur et le professionnalisme requis ? Et qu'attend l'Isie pour publier le guide de conduite spécifique à la presse écrite et électronique, sachant que cette mission lui revient ? «Nous avons œuvré au départ pour un partenariat avec l'Isie, qui supervise le monitoring des médias, mais il n'a pas abouti», explique Hichem Snoussi, membre de la Haica. Adoption prochaine de deux textes S'agissant des médias audiovisuels, qui ont donc de l'avance par rapport aux autres, Hichem Snoussi précise : «Actuellement, la Haica est au stade de la formation des responsables de rédaction des médias audiovisuels. Une première session a eu lieu à Monastir, la prochaine aura lieu à Sfax». Du côté de l'Isie, approchée par La Presse, on ne dément pas. « Une première décision conjointe a été prise avec la Haica pour le secteur de l'audiovisuel, une deuxième devait concerner la presse écrite, mais celle-ci a pris du retard : son adoption était prévue en juillet 2014, explique Lassaad Ben Ahmed, chargé de la communication à l'Isie». Et d'ajouter : «Le conseil directeur de l'Isie doit bientôt adopter deux textes organisant cette couverture médiatique, le premier trace son cadre général pendant la campagne électorale et les élections, tandis que le second sera spécifique à la presse électronique ». Cela dit, Ben Ahmed ne manque pas de souligner que le flou médiatique n'épargne pas non plus les médias audiovisuels, en raison de l'ambiguïté qui existe dans la décision commune entre Haica et Isie : «Le problème de l'équité se pose quand on a affaire à plus de 1.300 listes. Par ailleurs, comment interviewer des têtes de liste de partis en période de pré-campagne sans risquer d'évoquer des points de leurs programmes?»... Pour Ben Ahmed, même en l'absence de guide pratique, les principes généraux, autrement dit les règles déontologiques, restent les mêmes pour tous les genres de médias et il s'agit tout simplement de les respecter. Avis partagé par Youssef Oueslati, membre du bureau exécutif du Syndicat national de journalistes tunisiens, qui soutient que le principe d'une couverture médiatique respectueuse de la déontologie doit être basé sur l'objectivité. Une objectivité qui tient compte du poids politique des partis et surtout de ce qui intéresse directement l'opinion publique ; tout en veillant à réserver le même espace médiatique à chaque candidat aux élections. Le journaliste est appelé à faire preuve d'intelligence et de pertinence dans le choix des sujets, des interviewés et des questions. «Il s'agit de mettre en avant l'intérêt de l'opinion publique et pas celui du candidat, quelle que soit sa position dans le paysage politique », conclut-il.