Sur 114.000 candidats, seulement 2% ont été admis au Capes 2017. Le ministère de l'Education leur propose une formation théorique de trois mois, puis une autre pratique de neuf mois qui sera, finalement, sanctionnée par un contrat de suppléance pour 400 dinars par mois. Les admis exigent, quant à eux, le recrutement direct « Le dossier du Capes fait encore du surplace. Nous, les admis, méritons d'être directement recrutés en notre qualité d'enseignants du secondaire. Sept mois déjà, on ne voit, jusqu'ici, rien venir». C'est par ces mots, et avec beaucoup d'amertume, que la Coordination nationale des admis du Capes 2017 a dit ce qu'elle avait sur le cœur, lors d'une conférence de presse tenue hier matin au siège du Snjt à Tunis. Son coordinateur, Hamza Louati, un des 2.356 candidats ayant passé avec succès les épreuves du Capes, en mai dernier, n'a pas raté l'opportunité pour vider son sac, sur fond de critiques contre la position « injuste » du ministère de l'Education et les manœuvres dilatoires qui ont marqué ce dossier. C'est pourquoi, on a vu beaucoup de manifestants dans la rue dont nombre d'entre eux sont, actuellement, une des grève de la faim sauvage. Remontant le temps, l'orateur a relevé que tout a commencé après la fameuse déclaration, aussi politique soit-elle, de l'ancien ministre Néji Jalloul devant le Parlement, peu avant sa révocation, dans laquelle il a promis le recrutement de pas moins de 3 mille admis du Capes. Hélas, promesse non tenue. Sur cette lancée, son successeur, Hatem Ben Salem, a, lui aussi, promis de donner suite à leur demande, s'agissant du droit, a priori, d'être recrutés, puis leur formation pédagogique. Mais, cela n'a pas été fait comme prévu, ce qui a interpellé le secrétaire général de l'Ugtt, Noureddine Taboubi, intervenu pour rectifier le tir à sa manière. Pire, le ministre a changé de bord, revenant sur sa décision d'intégration de ces admis. Et le jeune Hamza d'enchaîner qu'il n'y a pas eu une vraie volonté politique de solution, vu que le ministre Ben Salem avait étrangement changé d'avis : «Priorité, selon lui (le ministre) à une formation théorique de trois mois, puis une autre pratique de neuf mois qui sera, finalement, sanctionnée par un simple contrat de suppléance de 400 dinars par mois», ainsi rapporte le jeune coordinateur national. Proposition d'ailleurs jugée inadmissible, aux antipodes des attentes des admis qui n'ont point hésité à réagir par un refus catégorique. « On ne demande pas l'impossible, on revendique juste notre droit à l'intégration en tant qu'enseignants», réplique son collègue Tarek Graoui, diplômé en histoire-géo. Pourtant, 16 mille postes encore vacants Comme tous ses camarades, ce jeune homme s'est senti humilié et profondément touché dans son amour-propre. « Nous sommes des enseignants à part entière et nous refusons catégoriquement une telle hypocrisie politique par excellence. Idem, ce double langage trop consommé par les médias », révèle-t-il en colère. Il a fait porter la responsabilité aux trois présidences qui n'ont pas, jusque-là, bougé le petit doigt. Qu'on arrête cette mascarade, dit-t-il. Pour lui, c'est une question de dignité avant tout. Jeune diplômée, docteur en informatique, Nadia Aouiti est on ne peut plus claire et précise : « Notre seule demande est principalement le recrutement immédiat, puis, si besoin, la formation». Alors que le ministère de tutelle semble n'avoir qu'une idée en tête, soit une formation gratuite sans titre ni qualité, suite à laquelle les 2.356 admis seront réduits à des enseignants suppléants. Sous nos cieux, on organise des concours nationaux tels que le Capes, juste pour se faire plaisir, déplore-t-elle. « L'intégration au corps enseignant n'est pas une faveur, mais un droit acquis auquel on ne va jamais renoncer », a-t-elle juré, menaçant d'escalade, encore s'il le faut. Ces admis, sur un ensemble de 114.000 qui s'étaient déjà portés candidats au Capes 2017, soit un taux de réussite de seulement 2%, ne comptent pas lâcher prise. Ils prévoient de hausser le ton, observant, partout devant les commissariats régionaux de l'éducation, des sit-in ouverts, jusqu'à ce que leur demande soit, tout bonnement, satisfaite. Surtout que l'on sache que 16 mille postes vacants sont, désormais, existants dans les classes du secondaire. Paradoxal !