Il y a du Magritte là-dedans, mais pas seulement. On nous dit qu'il refuse d'être défini. Peut-être parce que lui-même ne s'est pas encore trouvé. Et peut-être est-ce mieux ainsi. Il vient de ces horizons bouchés, là où le lointain est opaque, l'avenir sans promesses, et la mémoire froissée. Hamdi Mazhoudi vit et travaille à Téboursouk. Il y peint surtout, depuis du plus loin qu'il se souvienne. L'Ecole des Beaux-Arts s'est donc imposée comme une évidence au temps des choix de carrière. Puis il fallait bien vivre : il se lança dans la caricature, s'y découvrit un réel talent et se fit un nom dans des quotidiens de la place. Mais cela ne suffisait guère à son âme froissée. Une part de lui réclamait autre chose, souhaitait échapper à la dérision, à l'actualité galopante. Il coupa donc sa vie en deux : celle du caricaturiste talentueux et pertinent, suivi par un public fidèle, et celle du peintre évoluant dans un univers onirique, nuageux et surréaliste. Dar Yas, cet espace superbe qui commence à s'imposer dans le panorama artistique, associé à Driba, l'accueillait cette semaine pour une exposition personnelle de belle envergure. Sur ces cimaises élégantes, on rencontre un homme que l'on pourrait croire amer quand il déclare : «Il n'y a pas plus ressemblant à un humain qu'un papier froissé». Mais on se dit que l'on a peut-être mal compris quand on voit la liberté, la fluidité de ses dessins, la douceur rêveuse de ses personnages nuageux, le lent effacement de leur réalité, et la subtile initiation à un univers en marge. Il y a du Magritte là-dedans, mais pas seulement. On nous dit qu'il refuse d'être défini. Peut-être parce que lui-même ne s'est pas encore trouvé. Et peut-être est-ce mieux ainsi car un autre grand peintre disait qu'un artiste est perdu le jour où il arrête de se chercher. Laissons Hamdi Mazhoudi poursuivre cette quête qui pourrait être douloureuse, mais qui est actuellement séduisante parce que singulière, techniquement maîtrisée, poétiquement assumée.