Un univers onirique, où elle invite le spectateur à s'immerger, un univers d'images et de sons, de couleurs et de résonances qu'elle appelle Agartha, une espèce d'Atlantide des terres cachées et peuplées d'êtres mythologiques, mi-hommes, mi-bêtes, où la jeune artiste évolue. A la maison de la plage, il se passe quelque chose de bizarre autant qu'étrange. Des créatures aux cheveux polychromes, aux sourcils bleu lagon, des jeunes gens improbables et chevelus, de gracieuses personnes aux allures gothiques, semblent tous issus du même univers : celui de Myriam Zeramdini, la jeune artiste plasticienne qui occupe les cimaises. Un univers étrange, onirique, où elle invite le spectateur à s'immerger, un univers d'images et de sons, de couleurs et de résonances qu'elle appelle Agartha. Agartha serait le monde au cœur du monde, une espèce d'Atlantide des terres cachées et peuplées d'êtres mythologiques, mi-hommes, mi-bêtes, où la jeune artiste évolue. Mais qui est-elle, qui est cette artiste aux multiples visages, jeune fille à la tresse sage lors de notre première rencontre, punkette bleue à la deuxième, insaisissable et imprévisible ? Elle a commencé comme tout le monde, à l'issue d'une scolarité sans histoires, par faire l'Ecole des Beaux-Arts. Une évidence pour elle parce que toute petite déjà, elle passait son temps à dessiner, à créer des personnages, à inventer des univers. Et puis un jour elle tomba sur une reproduction de Dali. Ce fut, curieusement, une véritable révélation. Abandonnant allègrement pinceaux et peintures, elle acheta crayons, stylos, plumes et pointes fines, et se lança à corps perdu dans le dessin : un dessin d'une minutie et d'une précision réellement obsessionnelles, composé de myriades de petits points, de graffitis, de signes. Si on lui demande de définir son style, elle dirait « steampunk », c'est-à-dire que son inspiration évolue entre un mélange de technologie de l'ère industrielle et un délire punk futuriste. Entre Jules Verne et Miyazaki, les films d'animation et l'esthétique des mouvements écologistes. Mais pas seulement car cet univers, Myriam Zeramdini ne l'a pas créé seule. C'est en travaillant en étroite collaboration avec son compagnon, Fedor Souissi, un Ukraino-Tunisien, qu'elle en a élaboré les codes. Lui est musicien, et compose ce que elle, elle dessine. Sa musique part d'un fond tzigane, évolue vers le métal, et proposait au public de ce soir-là une immersion sensorielle dans cet univers. A détailler ces dessins incroyablement élaborés, on détecte des messages, des prises de position subtiles, des engagements et des dénonciations décalées. Mais on décèle surtout une poésie, une sensibilité dans ses félins tendres, ses ours protecteurs, ses capitaines pandas, et ses guerrières à tête de renard. Dans cet onirisme débridé, on trouve cependant une cohérence technique, un désir de symétrie, d'équilibre. Une telle artiste n'est guère facile à appréhender. Derrière cette incohérence délibérée, Hager Azzouz qui la reçoit à la maison de la plage a détecté les promesses. La rencontre a été féconde. Et si elle est « bizarre, bizarre », l'exposition mérite le détour.