La question de la logistique constitue une grande problématique pour le commerce extérieur en Tunisie. Une question qui préoccupe exportateurs et autorités publiques quant à l'amélioration du flux de marchandises et de personnes afin de prospecter de nouveaux marchés à grand potentiel, à l'instar du marché africain qui attire actuellement tous les regards de l'Occident. La Tunisie peut en tirer profit pleinement si une stratégie commerciale audacieuse est adoptée Intervenant lors d'une conférence-débat, organisée le 6 mars 2018 par la Conect International, M. Hichem Ben Ahmed a voulu se montrer apaisant devant une audience composée essentiellement d'hommes d'affaires. Il a affirmé que sur les deux premiers mois 2018, il y a eu une amélioration de 10 points au niveau de la balance commerciale, soit un taux de couverture de 75% environ. «C'est une bonne chose. Les exportations ont augmenté, les importations ont stagné. Nous espérons continuer l'année dans ce sens. Mais je précise que cette amélioration ne s'est pas faite seulement grâce à l'huile d'olive ou les dattes comme le disent certains, mais aussi grâce à une amélioration des exportations dans tous les secteurs, notamment l'industrie mécanique et électrique et le textile-habillement», précise-t-il. Coût élevé de la logistique Mais la problématique du transport et de la logistique en général reste fondamentale pour booster les échanges commerciaux. Selon Khaled Ben Gharbia, président du groupement professionnel du transport à Conect International, le coût de la logistique en Tunisie reste élevé. Il est estimé à plus de 20%. Il a indiqué que l'organisation a présenté au ministère du Transport un plan de développement de la logistique, soulignant l'existence d'un vide juridique au niveau du développement de zones logistiques, qui sera comblé par un projet de loi soumis au Conseil des ministres pour organiser cette activité. M. Ben Gharbia a également évoqué la question du port de Radès, les délais d'attente des bateaux en rade qui constitue une grande problématique pour les importateurs. Il a affirmé que même avec le projet de construction des quais 8 et 9, les difficultés persisterons parce que le port a été conçu à l'origine pour les semi-remorques uniquement et non pas les containers, ajoutant que le port en eaux profondes d'Enfidha reste le grand espoir pour décongestionner les flux des marchandises. Focus sur l'Afrique Pour M. Ben Ahmed, plusieurs efforts doivent être déployés pour améliorer toutes ces conditions. Il a indiqué que la réactivation du Conseil supérieur de l'export s'inscrit dans cette logique, surtout que 20 décisions ont été annoncées à l'issue de la première réunion du Conseil. Parmi ces décisions, l'augmentation du plafond des subventions du Fonds de promotion des exportations (Foprodex) de 20 à 40 MDT. Il a affirmé, à ce niveau, qu'environ 67% des subventions sont dédiés au transport maritime et 52% au transport aérien. De même, le Conseil a accordé une importance spéciale au marché africain en soutenant les entreprises désirant s'y déployer. D'ailleurs, M. Ben Ahmed a annoncé que la Compagnie tunienne de navigation compte ouvrir une ligne maritime pour trois destinations africaines, à raison de 16 jours de Transit Time pour l'arrivée à la troisième destination, ce qui est un délai très raisonnable, selon lui. Il a précisé que le Foprodex financera une partie du coût de cette ligne puisque sa rentabilité ne sera pas immédiate. Le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur a souligné que l'adhésion au marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), un marché de 500 millions de consommateurs, est en cours. Cette décision sera prise lors de la réunion des Chefs d'Etat de la Comesa à la fin du premier semestre 2018. En ce qui concerne la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), un mémorandum d'entente a été signé dans le but de fixer des listes préférentielles pour les produits à écouler sur ce marché, selon des tarifs préférentiels. Ce marché compte près d'un milliard de consommateurs et présente une ouverture très importante pour les entreprises tunisiennes, d'après M. Ben Ahmed. «En même temps, nous avons une problématique de desserte aérienne sur le continent africain. Nous avons actuellement huit destinations qui passeront à 14 d'ici 2020. Pour bien aborder le marché africain, il faut être toujours présent et améliorer la logistique et le transport pour s'implanter dans le bon sens et imposer nos marques et nos produits», a-t-il estimé. Il a affirmé que les décisions prises lors de la première réunion du Conseil supérieur de l'export auront pour deadline juin prochain. Réforme du dispositif D'un autre côté, le secrétaire d'Etat a indiqué que la structure de SOS Export sera révisée pour mieux répondre aux besoins et réclamations des exportateurs. Il est prévu que chaque grand port comprendra une structure SOS Export, avec à la tête un responsable qui a une autorité sur ces structures afin de mieux résoudre les problèmes. M. Ben Ahmed a indiqué que cette structure devra être également digitalisée. Au niveau du contrôle à l'importation, il a affirmé qu'une vision est en cours de préparation pour la refonte de cette structure afin d'assurer une plus grande flexibilité et rapidité de ses opérations. De même, un système de digitalisation sera mis en place pour assurer la fluidité des procédures. Cette question touche particulièrement les entreprises exportatrices sur les marchés voisins comme l'Algérie et la Libye qui demandent un certificate d'origine. Concernant la stratégie export du gouvernement, M. Ben Ahmed a indiqué que la réflexion porte sur la mise en place de contrats-programmes pour chaque filière. Ils seront pensés conjointement par l'Etat et les professionnels de chaque filière. «L'Etat mettra à disposition les moyens et la filière proposera les voies d'amélioration. Ce sera notre prochain cheval de bataille. Pour cela, nous devons avoir des obejctifs chiffrés et des délais précis», lance-t-il.