Nécessité de restructurer le Cepex et le Foprodex, d'adhérer à des groupements économiques africains comme le Comesa et la Cedeao, de réactiver les accords préférentiels avec les pays voisins comme l'Algérie, de veiller à la réalisation du port en eaux profondes d'Enfidha , de lutter efficacement et réellement contre la contrebande en renforçant les douanes par des équipes militaires. Comment réaliser l'équilibre de la balance commerciale, actuellement déficitaire, réduire les importations et développer davantage les exportations pour redresser la barre de l'économie nationale, augmenter les devises de l'Etat et faire face à l'inflation et à la dévaluation du dinar ? Tels sont les principaux points évoqués lors de la rencontre-débat sur la dynamisation des exportations, organisée à Sousse le mercredi 8 novembre par la Chambre de commerce et d'industrie du centre (Ccic), en présence de M. Amor Béhi, ministre du Commerce, du gouverneur de la région et des chefs d'entreprise, des industriels, des représentants de sociétés commerciales, des consultants en export, des représentants de la douane ainsi que des artisans venant des régions de Sousse, Monastir, Mahdia et Kairouan . Prenant la parole, le ministre du Commerce a indiqué qu'il est nécessaire et urgent de combler le déficit de la balance commerciale enregistré à la fin du mois de septembre 2017 où le montant des exportations, évalué à 24.600 milliards de dinars, n'a même pas égalé celui des importations, lequel a été évalué à 36.100 milliards de dinars . Obstacles entravant l'exportation De ce fait, le dinar a perdu 20% de sa valeur et l'on doit concentrer les efforts pour assurer l'augmentation et le développement des exportations. Il a estimé nécessaire d'abolir tous les freins entravant le secteur de l'exportation, d'assurer l'exportation de l'huile d'olive en bouteille en réduisant les difficultés qui freinent son exportation dans les meilleures conditions, de restructurer le Centre de promotion des exportations (Cepex), d'augmenter le capital du fonds de promotion des exportations (Foprodex) et de réinstituer de nouveau le conseil supérieur de l'exportation. Le ministre a signalé, par ailleurs, que dans le but de dynamiser les exportations, la Tunisie va adhérer en 2018 aux groupements économiques comme le marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa) et la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest ( Cedeao). Auparavant, Néjib Mellouli, président de la Ccic, a donné une brève allocution où il a signalé qu'actuellement l'exportation devient une priorité nationale et un levier essentiel pour le développement de l'investissement, de la croissance de l'entreprise ainsi que de l'emploi. De ce fait, il faut procéder à l'allègement et à l'accélération des procédures douanières et administratives afin que les marchandises soient exportées au moment opportun. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il a signalé, par ailleurs, que la région compte plus de 950 entreprises industrielles totalement exportatrices dans les secteurs du textile, de l'électronique, de la mécanique , de l'agroalimentaire et des services, et ce, vers les marchés africain et européen. Les atouts du port en eaux profondes Pour dynamiser davantage les exportations, a-t-il poursuivi, la Tunisie doit établir des accords avec des groupements économiques africains comme le Comesa et la Cedeao et procéder à la réactivation de certains accords préférentiels avec les pays voisins comme l'Algérie permettant l'exonération des droits douaniers et la libre circulation des biens et des marchandises. Il a insisté sur la nécessité de la réalisation du port en eaux profondes d'Enfidha qui contribuera à la croissance et au développement des exportations du pays étant donné que ce projet sera bénéfique à toutes les régions. Il a signalé que ce port dispose d'une zone logistique de 2.000 ha, que la société d'études de ce projet est en cours de constitution et que le démarrage des travaux est prévu à la fin de 2018. Il sera fin prêt entre 2022 et 2023. A cette occasion, les opérateurs économiques et les exportateurs ont exposé leurs doléances afin de pallier les entraves et les obstacles rencontrés dans le secteur des exportations. Parmi les principales doléances, l'on cite notamment la nécessité d'assurer la facilitation des formalités douanières, notamment par l'élimination du visa d'embarquement qui empêche le bon déroulement de l'opération d'exportation, le réaménagement du port de Radès en procédant à son extension afin de faciliter l'écoulement des marchandises en temps opportun et écourter la période d'accostage des navires pour l'embarquement des marchandises à temps, la révision des lois concernant les encouragements et les avantages fiscaux pour les exportateurs, notamment l'exonération totale de l'impôt sur la société (IS) au titre de l'exportation. Les exportateurs demandent aussi la garantie de l'efficacité de l'intervention du Foprodex en matière de restitution des frais d'exportation, la nécessité de réviser la loi qui régit les sociétés de commerce international (SCI), notamment la diminution du capital nécessaire à sa constitution actuellement estimé à 150.000 dinars et jugé très élevé. Spécificités des marchés africains D'autres doléances ont été formulées par les exportateurs, dont l'obligation de clarifier les voies d'écoulement et d'exportation des produits artisanaux à l'étranger, de tenir compte des spécificités des marchés africains et d'augmenter le nombre de banques tunisiennes au sein des pays africains afin de faciliter les opérations d'exportation, de réviser la réglementation spécifique du secteur de l'aquaculture en matière d'élevage et d'exportation, de faire face et de lutter réellement et de manière très efficace à la contrebande en augmentant la vigilance des services douaniers et en les renforçant par des équipes militaires à tous les niveaux. Il s'agit aussi, selon les exportateurs, d'augmenter les lignes aériennes et maritimes (tout en faisant remarquer qu'une seule ligne maritime relie la ville de Sfax à la Russie, et ce, dans le but de garantir le transport et l'écoulement des marchandises en temps opportun vers les pays d'Europe et d'Afrique, de diminuer les frais dédiés à la Société d'acconage et de manutention (Stam) , de limiter le volume considérable des importations du textile surtout auprès des marchés chinois et turcs et d'augmenter les subventions pour le transport des produits à exporter.