Situé sur la route régionale n°24 au km 26 entre Gafsa et Moularès, le lac de Moularès suscite l'intérêt autant des habitants que des scientifiques qui cherchent à élucider le mystère de son apparition. Une impression de mer en plein cœur de désert, ce lac peut être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Il constitue une source d'eau miraculeuse dans ces régions arides. On n'imagine pas ce paysage quand on pense à la sécheresse qui sévit dans ces lieux. Dans la série des lacs étonnants, celui de Moularés ne vous surprend pas par sa couleur ou sa forme, mais plutôt par son apparition. Situé sur la route régionale n° 24 au km 26 entre Gafsa et Moularès, ce lac suscite l'intérêt autant des habitants que des scientifiques qui cherchent à élucider le mystère de son apparition. Un casse-tête pour l'esprit qui ne se résout qu'avec les yeux. C'est un véritable décor de cinéma qui a échappé à l'œil des réalisateurs. Pour certains, ce fut comme un coup de magie de la nature et ses caprices, alors que pour d'autres, et à première vue, c'est de l'hallucination. «Gafsa Beach» Le lac fascine par ses eaux azuréennes, provenant des sources souterraines qui l'alimentent, et ses couleurs qui changent au fil de la journée. La projection du canyon, qui le surplombe et adosse ses différentes parties sur la surface, lui imprègne un décor de Far west. Cette étendue d'eau, impropre à la baignade mais qui a fait le bonheur des jeunes en 2014 lors de sa première apparition, continue à susciter des interrogations sur fond d'une crainte de voir la région engloutie par les eaux. Mais on n'en est pas encore là (...) La question qui taraude les esprits, à la recherche d'une réponse dont il n'est pas une sinécure de dessiner les contours : comment est apparu ce lac dans un environnement qui n'a jamais tissé un feeling adouci avec l'eau ? Un feedback dans le passé et plus exactement en juillet 2014 : c'était la canicule lorsque la production des phosphates fut contrainte à un arrêt forcé à cause des revendications sociales. Stupéfaction des citoyens en découvrant l'apparition d'un lac qui a fait le bonheur des chérubins qui avaient trouvé un plaisir inespéré à y barboter sans se soucier des risques engendrés. Une éventualité d'abord proposée par un géologue de la faculté des sciences de Gafsa qui l'a finalement récusée, et qui avançait que des secousses sismiques mineures auraient pu fracturer la roche jusqu'à une nappe phréatique. Sous la pression, le million de mètres cubes d'eau qui compose le lac serait alors remonté à la surface. Se baigner dans le lac, qui atteint jusqu'à 20 mètres de profondeur par endroits, a fait le bonheur des citoyens par ce temps de canicule. Le site, un canyon désert, a vite pris le nom de «Gafsa Beach» Une situation qui n'est pas sans rappeler celle du lac bleu à Beaumont-sur-Oise, apparu dans les années 1930 dans des conditions similaires et où plusieurs personnes se noient chaque année. Alors, l'hypothèse du phénomène en corrélation avec l'arrêt de fonctionnement des laveries tient-elle d'une vérité incontestable et de là à responsabiliser ce trust minier de ce tarissement de la nappe phréatique dans ces contrées ? Ce n'est qu'une supputation répandue chez les citoyens. Du côté de la CPG, poser la question pour de plus amples éclaircissements, c'est recevoir un «niet» catégorique pour nous faire signifier que la réponse tient d'un secret d'Etat. Une sorte de «black out» pour ne pas dire un silence radio sur le sujet. Mais un ingénieur des ressources hydriques nous présenta, sous anonymat, sa version du phénomène. «Le pompage des eaux de la nappe phréatique pour les laveries est derrière le tarissement observé depuis une bonne période et les coupures incessantes de l'eau potable à travers les délégations du gouvernorat causées par cette exploitation démesurée de la nappe. Ce n'est nullement un pur hasard que ce lac resurgit chaque fois que les laveries observent un repos forcé. Juillet 2014 et mars 2018 sont l'illustration parfaite de ce phénomène. Jadis, la région de Gafsa était arrosée par de nombreuses sources naturelles qui faisaient le bonheur des mariées à Tarmil. Les piscines romaines qui ont souffert aussi du tarissement de la nappe phréatique ont retrouvé le jaillissement de l'eau que ces dernières années même si ce n'est pas avec le même débit». Même son de cloche du côté de l'association (les Amis du bassin minier pour l'environnement) qui met en cause l'exploitation des eaux souterraines et pointe du doigt le traitement du phosphate. Pour cette association environnementale qui lutte bec et ongles pour préserver les lieux sublimes du Sud Ouest, le préjudice subi par les gorges de Shelja est la preuve irréfutable de cette exploitation irrationnelle des eaux souterraines et le gâchis qui a frappé ce joyau de la nature donne matière à réflexion pour revoir les techniques de traitement du phosphate qui devront être modernisées, et la solution de rechange pourrait être dans les pipelines qui relieront Chott Djérid au bassin minier tout comme le pompage au départ du golfe de Gabès. Et l'agriculture dans tout cela paie le prix cher...