Il a fallu six ans pour que les différents intervenants se rendent compte de l'impossibilité d'aller de l'avant dans ce dossier, pas aussi évident, avant d'identifier et régulariser la situation des sites proposés. Six ans après le démarrage des procédures pour l'inscription du patrimoine de l'île de Djerba, dans le Sud tunisien, sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'Unesco, le contenu du dossier demeure en deçà des exigences établies par l'organisation onusienne. A cela s'ajoutent la réticence d'une partie de la société civile de la région quant à l'importance de ce projet et la contrainte financière qui accompagne les démarches à faire pour identifier les différentes composantes des sites proposés. A ce sujet, une conférence a été tenue récemment au siège du syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) à Tunis, par des membres de l'Association de sauvegarde de l'île de Djerba (ASM) et le chercheur Adnène Ben Nejma, représentant de l'Institut national du patrimoine (INP). Nacer Bou Abid et Farhat Ben Tanfous, respectivement, secrétaire général et président de la Commission de soutien et des médias à l'ASM de Djerba, ont fait le point sur les contraintes qui empêchent l'avancement des démarches entamées en 2012 pour l'inscription de l'île sur la liste indicative de l'Unesco. Et comme l'a bien mentionné Adnène Ben Nejma, l'implication et la participation active de la société civile sont des exigences primordiales que l'Unesco prend en considération dans l'étude technique des dossiers soumis. Selon l'expert de l'INP, la première contrainte qui se pose est déjà au niveau de la nature des sites proposés qui, avant de parvenir à l'Unesco, doivent obligatoirement être inscrits sur la liste du patrimoine national avec tout un plan de gestion, à transmettre dans le dossier final proposé aux experts onusiens. «Il faut hâter les inscriptions des sites proposés», a-t-il dit, tout en faisant référence « aux dépenses prévues» pour passer à l'étape suivante. Cette première étape, au niveau national, obéit à un ensemble de points dont l'exécution est du ressort de plusieurs ministères à la fois. Même si le secteur du patrimoine est géré par des institutions relevant du ministère des Affaires culturelles, des procédures souvent compliquées et des textes de loi pas toujours d'actualité, sont à régler en coordination entre les ministères de l'Equipement, de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, du Tourisme et de l'Artisanat. D'ailleurs, le volet technique — qui servira de plateforme dans l'étude du dossier — est à réaliser en étroite coordination avec les experts de l'INP, sachant que d'énormes dépenses sont à prévoir, selon Ben Nejma. Il a fallu 6 ans pour que les différents intervenants se rendent compte de l'impossibilité d'aller à l'avant dans ce dossier, pas aussi évident, avant d'identifier et régulariser la situation des sites proposés. Entre-temps, plusieurs réunions et workshops avaient eu lieu à Djerba, ont rappelé les membres de l'Association de sauvegarde de l'île de Djerba. La relance du dossier de l'île devra alors s'accompagner par une série de recommandations et procédures qui augmenteraient ses chances de rejoindre la liste des sites déjà inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco en faisant surtout référence à son aspect exceptionnel et l'unicité de ses biens. Adnène Ben Nejma a aussi rappelé les critères établis par l'Unesco, pour les dossiers du patrimoine, matériel et immatériel, qui «ont durci depuis déjà 2004, et insistent notamment sur une plus grande implication de la société civile». Bien que certains arguments portent sur les changements répétitifs à la tête du ministère des Affaires culturelles, certains détails sur le travail déjà fait et tout le temps perdu auraient visiblement pu être évités en se basant sur les conditions tracés par l'organisation onusienne. Selon les intervenants à la conférence, une campagne de sensibilisation auprès de la société civile et la médiatisation des spécificités de l'île seront des éléments déterminants pour pouvoir avancer dans ce dossier qui «bénéficie du soutien de l'actuel ministre des Affaires culturelles». Ezzedine Zerria, coordinateur du comité directeur de l'ASM de Djerba, a annoncé qu'un concert de soutien au dossier de Djerba est déjà prévu le 11 mai prochain à Paris avec la participation de plusieurs artistes, sachant que l'horaire et le lieu du concert seront fixés ultérieurement. Pour rappel, le 17 février 2012, a été soumis le dossier de l'inscription de l'île de Djerba sur la liste indicative de l'Unesco. Sur une superficie de 514 km2, l'île des Lothophages occupe l'une des positions les plus stratégiques au cœur de la Méditerranée.