Enfin, s'ouvrira, ce samedi 14 avril, la campagne électorale pour les municipales 2018, prévues dans moins d'un mois. Le compte à rebours est déjà lancé. Et le décor électoral a fini par être planté : soit plus de 2.000 listes candidates partisanes et indépendantes, 11 mille bureaux de vote aménagés pour recevoir plus de 5 millions d'électeurs le jour « J » et une armada d'observateurs associatifs accrédités. C'est tout aussi intéressant de voir une telle mobilisation tant de la part de l'Isie que de la société civile tunisienne. Mais que prépare chacune d'elles pour réussir l'échéance du 6 mai prochain ? A question trop générale, réponse multiforme La rencontre Isie-société civile dirigée, hier à Tunis, par le Centre des études méditerranéennes et internationales était perçue comme un trop-plein d'idées croisées, dans un face-à-face plus ou moins interactif. Ceci étant, les deux protagonistes se sont, alors, montrés prêts à l'engagement, en mesure de mener le processus électoral à son terme. Sans s'attarder, M. Adel Brinsi, chargé de la communication au sein de l'Isie, a relevé que tout est là pour partir du bon pied. « Registre d'électeurs complet, Code des collectivités locales, bientôt adopté, principe de l'administration libre consacré, l'instance a fait de son mieux pour que les municipales soient tenues dans les délais », indique-t-il, en résumé. Ses collègues, Najla Brahem et Farouk Bouaskar, ont également tenu à vanter les acquis : 3,5 millions d'habitants sont, désormais, couverts par la nouvelle carte communale, 86 nouvelles municipalités ont vu le jour et découpage territorial très étendu, touchant même des localités rurales. Du côté de l'Isie, les préparatifs semblent aller bon train. D'ailleurs, la campagne de sensibilisation à l'intention des citoyens bat son plein. Afin de bien gérer un tel corps électoral si important, réparti sur 350 circonscriptions, l'Instance a eu à recruter autant d'agents de coordination, d'observation et de monitoring. L'essentiel, disent-ils en conclusion, est de favoriser un bon déroulement du scrutin. La preuve par trois La société civile présente à la rencontre a, aussi, son mot à dire. Mme Leila Chraïbi (Atide) est intervenue sur l'apport de son organisation dans les différentes phases de l'opération. Son observation de la campagne électorale, qui démarrera dans deux jours, va de soi. Aussi vigilante soit-elle, les yeux seront rivés sur le contenu des discours des candidats, leur propagande idéologique orchestrée et tous les frais d'activités dépensés à cet effet. Mais, contrôler n'est pas aussi évident. M. Naceur Harrabi, de l'Observatoire «Chahed», a souligné que la campagne électorale prématurée avait commencé bien avant les délais. Celle du 14 avril jusqu'au 4 mai n'est que d'ordre officiel. Pour lui, la participation à la réussite du processus remonte à la phase du départ, dès l'élaboration de la loi électorale. « On a bien réussi à dépasser certaines défaillances juridiques contenues dans le Code des collectivités locales», relève-t-il. D'autant que plusieurs observateurs ont été formés. Le remboursement des frais n'est plus valable que pour ceux ayant obtenu plus de 3% des voix, a-t-il ajouté. Et M. Harrabi de se demander sur la vraie situation des indépendants, déjà représentés dans plus de 800 listes: sont-ils vraiment indépendants ou il ne s'agit que de candidats écrans derrière lesquels se cachent des partis ? De même pour les contentieux électoraux : les recours vont-ils être poursuivis en appel ou tranchés dans les tribunaux régionaux ? Quant au réseau « Mourakiboun », il sera, selon son représentant, Seifeddine Laâbidi, présent partout dans les 350 circonscriptions, avec 4 mille observateurs. « On va couvrir tous les bureaux de vote en place, et même lors du scrutin du 29 avril ouverts exclusivement aux sécuritaires et militaires », prévoit-il. D'autant plus, ajoute-t-il, qu'il y aura des «SMS» portant informations sur les dérives partisanes, les incitations à la haine et à la violence, ainsi que les fausses propagandes remarquées lors des campagnes électorales des partis. L'orateur a évoqué la subvention avant campagne pour permettre aux indépendants et petits partis de pouvoir financer leurs campagnes respectives. Le réseau s'emploie actuellement à la mise en ligne d'une application baptisée «Baladiyati» (ma commune), afin d'aider à faire comprendre l'impact des élections sur le développement local à l'échelle des régions. Soit une action de sensibilisation et conscientisation à long terme. Animateur, M. Ahmed Idriss, président du Centre organisateur, a dû recentrer le débat autour de quelques pistes de réflexion: Le taux de participation des électeurs, la confiance dans l'action de l'Isie, la véracité des sondages d'opinion et leur organisation et bien d'autres questions qui continuent à préoccuper l'opinion publique.