Le travail récent de Yazid Oulab vient à la suite d'une longue série d'expérimentations et de recherches sur le clou comme élément qui assemble ou comme l'Alif matérialisant la force divine. La galerie Selma Feriani expose, depuis le 8 avril et jusqu'au 3 juin 2018, les œuvres de Yazid Oulab réunies sous l'intitulé «Triangulation». Les mêmes cimaises ont déjà accueilli, en 2015, les travaux de l'artiste à travers son exposition «Portée». Pour ce nouveau rendez-vous, ce dernier présente de nouvelles œuvres graphiques ainsi que des objets et des sculptures en métal et en marbre développés autour de ses recherches sur l'écriture cunéiforme. Né en 1958 près de Constantine en Algérie, Yazid Oulab vit et travaille à Marseille depuis 1988. Diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger en 1985, puis de l'Ecole Nationale des beaux-arts de Marseille en 1992, il expose, depuis le début des années 80, des deux côtés de la Méditerranée, mais aussi au-delà. Fils d'un mécanicien et d'une professeur de français, il est également le neveu de l'écrivain Kateb Yacine. Adolescent, il est impressionné par les milieux intellectuel et artistique de son oncle, chez qui il se rendait souvent. A 22 ans, il décide, alors d'étudier l'art et intègre l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Il y passera près de 6 ans avant de partir pour Marseille en 1988 pour poursuivre son cursus. Il travaille aussi dans les chantiers pour payer ses études, notamment en maçonnerie, où il va acquérir des gestes et des techniques précieux à sa pratique artistique. A l'image de sa propre expérience et des environnements dans lesquels il a évolué, sa pratique est diverse et polysémique. Une œuvre héritière de la tradition lettrée et poétique qu'il ne cesse de revendiquer et d'invoquer mais également qui transpose son quotidien. Cela fait qu'il explore différents médiums aussi divers que le dessin, la sculpture, la peinture, la vidéo ou l'installation. Il y décline une iconographie où se mêlent la sensation et la symbolique, le geste et le verbe. Le cunéiforme, mis au point en Basse Mésopotamie au IVe millénaire avant notre ère, première écriture connue de l'humanité, emploie des signes en forme de coins et de clous triangulaires gravés à l'aide d'un roseau taillé en biseau. Le travail récent de Yazid Oulab vient à la suite d'une longue série d'expérimentations et de recherches sur le clou comme élément qui assemble ou comme l'Alif matérialisant la force divine. Dans ce projet, il remonte à l'origine même de cette forme, à sa matrice. L'artiste explore les possibilités plastiques de cette écriture et s'intéresse à son aspect sculptural. Ses sculptures sont une réincarnation dans l'espace contemporain, une mise en corps et en volume de ces empreintes gravées jadis par les scribes mésopotamiens sur l'argile fraîche. Yazid Oulab tente, à travers sa pratique, de décrire la langue «à réapprendre à parler, réapprendre à souffler pour réapprendre à écrire», écrit à son sujet Abdelkader Damani (actuel directeur du Fonds régional d'art contemporain de la région Centre Val-de-Loire). Un artiste à découvrir.