De notre envoyé spécial à Bruxelles, Jawhar CHATTY Des sujets aussi importants que les grandes réformes engagées par le gouvernement d'union nationale, les négociations avec les partenaires sociaux, Ugtt et Utica, le classement de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux, les négociations sur l'Aleca, la question sécuritaire et de l'immigration, la mobilité et l'initiative jeunesse, le quota pour l'huile d'olive ont été au cœur de la rencontre au Parlement européen Youssef Chahed : «Il faut vraiment mesurer les changements qui ont eu lieu en Tunisie depuis sept ans. La démocratie tunisienne est là, bien réelle, il faut la soutenir. L'enjeu n'est pas seulement économique, il est aussi géopolitique. Il faudrait inventer un autre statut pour la Tunisie et savoir dissocier des négociations sur l'Aleca la question du quota européen sur l'huile d'olive tunisienne» Youssef Chahed, chef du gouvernement, a entamé, hier matin, la visite officielle qu'il effectue du 23 au 26 avril aux pays du Benelux, par une rencontre avec Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne. La rencontre a eu lieu à la résidence de la Tunisie à Bruxelles. Tout un symbole. Une manière pour l'Union européenne de réaffirmer son soutien à la Tunisie. Eminemment politique, le « roadshow » du chef du gouvernement vient décrisper les relations entre la Tunisie et l'UE, qui, semblait-il, connaît depuis quelques mois, un certain froid. Points d'achoppement, les listes noires bien sûr mais aussi le rythme, jugé lent par l'UE, du processus de mise en œuvre des instances constitutionnelles et indépendantes, la Cour constitutionnelle. Et les nouveaux développements que connaît le processus de la justice transitionnelle. Cependant, l'essentiel n'est pas là. Un des premiers et constants soutiens à la transition démocratique en Tunisie, l'UE, sait que la pérennité de la jeune démocratie tunisienne est largement tributaire de la réussite de la transition économique. A ce titre, des sujets aussi importants que les grandes réformes engagées par le gouvernement d'union nationale, les négociations avec les partenaires sociaux, Ugtt et Utica, le classement de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux, les négociations sur l'Aleca, la question sécuritaire et d'immigration, la mobilité et l'initiative jeunesse, le quota pour l'huile d'olive ont été au cœur de la rencontre. Le chef du gouvernement a d'ailleurs tenu par la suite à apporter des éclaircissements au sujet de ces différents points au cours d'un échange de vues avec la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen. « Il faut vraiment mesurer les changements qui ont eu lieu en Tunisie depuis sept ans. La démocratie tunisienne est là, bien réelle il faut la soutenir. L'enjeu n'est pas seulement économique, il est aussi géopolitique », a lancé d'emblée le chef du gouvernement. Il a à cet égard formulé le vœu que l'Union européenne aille vis-à-vis de la Tunisie au-delà du statut de partenaire privilégié. Au vu des grandes avancées de la Tunisie sur la voie de la démocratie, de la lutte contre le terrorisme et l'immigration, des clans et des défis qu'elle est appelée à relever en termes de transition économique, il faudrait, dit-il « inventer un autre statut pour la Tunisie ». En ce qui concerne les négociations sur l'Aleca, Youssef Chahed a insisté sur les préalables pour la réussite d'un tel accord, à savoir la symétrie et la progressivité. Il faudrait par ailleurs savoir dissocier des négociations sur l'Aleca la question du quota européen sur l'huile tunisienne, que la Tunisie souhaite pour 2018 un supplément de 35.000 tonnes. Au sujet des listes noires, il a réaffirmé l'incompréhension de la Tunisie d'autant plus que la décision émanait d'un partenaire stratégique de la Tunisie. Il n'a pas manqué, à ce titre d'ailleurs, de relever que la mission du Gafi était antérieure à l'adoption par notre pays de la loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent. S'agissant des polémiques autour du processus de justice transitionnelle, il a affirmé que la fin du mandat de l'IVD le 31 mai prochain, ne signifie pas la fin de la justice transitionnelle. Pour ce qui est des questions de la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine, le chef du gouvernement a réaffirmé que la Tunisie défend la frontière sud de l'Europe indiquant au passage que les jeunes auteurs des attentats terroristes en Europe se sont radicalisés dans les prisons européennes...