Par Jalel Mestiri Le football, objet de pratiques humaines et sociales, est devenu un spectacle conditionné, souvent orienté vers des considérations extrasportives. Faits erronés, fake news, rumeurs, accusations à tort, voire théories du complot... « L'essor » de la désinformation et de la manipulation, porté notamment par les réseaux sociaux, fait la belle et s'est généralisé. La propagation de l'intox devient une pratique courante. Dernière rumeur mensongère en date : la séparation à l'amiable entre l'Espérance et son entraîneur Khaled Ben Yahia et qui a circulé à un moment crucial dans la vie du club : la préparation du match de la Ligue des champions contre Al Ahly. Dans ce genre de bobard, le football tel qu'on le vit aujourd'hui donne une nouvelle fois le sentiment d'une descente dans les bas-fonds. L'odeur de la tromperie ronge, salit, corrompt. Elle a souvent des destins contrariés : si certaines rumeurs sont vite enterrées, d'autres sont longuement traînées par leurs auteurs comme une embarrassante casserole, au point de prendre une forme réelle. Pareil raisonnement souffre d'un subterfuge, d'un détour au point de dépasser très largement le cadre sportif et de se déplacer sur le terrain des tractations et du marchandage. Ce sont des pratiques qui proviennent d'amis, proches ou lointains, et que l'on fait suivre à d'autres relations. Prolongements de procédés que l'on croyait révolus, elles ont migré vers de nouveaux moyens de diffusion, les réseaux sociaux. C'est cela le paradoxe: on assiste à une ouverture totale à un nouveau monde et, en même temps, à une véritable rupture des valeurs sportives. La bulle spéculative qui s'est emparée du monde sportif a éclaté. En crise à la fois sportive, éthique, voire identitaire, le football tunisien a décidément mauvaise mine. Il pâtit d'une image déplorable. La manière avec laquelle on porte atteinte aux personnes et à leur intégrité déclenche un nouveau psychodrame dans les milieux sportifs. Le mensonge a une fâcheuse tendance à se robotiser. Son expansion, en même temps que sa propagation suivent un raisonnement tout aussi regrettable: l'euphémisme au prix fort. Pitoyables, investigateurs, les mots s'entrechoquent et résonnent dans la caravane qui suit un mouvement en totale perdition!... C'est malheureusement la face cachée de notre football miné par une dénaturation existentielle et dans lequel se profilent les dessous d'un environnement désorganisé et décomposé. Les limites que certaines personnes se permettent de franchir sans scrupules en disent long sur le point de non-retour qui conditionne de plus en plus le football d'aujourd'hui et dont sont victimes ses principaux acteurs. Il y a les champions et les résultats, mais aussi tous ceux qui contribuent aux performances, à la notoriété de leurs clubs. Il y a ceux qui gèrent, mais également tous ceux qui « vendent » le sport par des procédures malsaines. Gérer ces débordements induit tellement de choses que les hommes honnêtes doivent savoir par quel bout il convient d'éradiquer ce fléau et faire face à ceux qui en sont même les guides. La mise à l'écart des opportunistes, l'assainissement du paysage, l'affirmation des principes, le respect des valeurs, telles sont les vertus à retrouver dans un sport qui perd de plus en plus ses fondements. J. M.