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«Non à l'importation sauvage et incontrôlée des chausssures !» Sousse — Rencontre avec Slim Kâabi, ex-industriel et chef du bureau RAI pour l'assistance des jeunes promoteurs
«Nécessité de créer la maison de l'investisseur groupant l'Apii, le Cepex, la Sotugar, les chambres de commerce, l'Institut national de la statistique (Ins), les centres techniques sectoriels et les médiateurs bancaires dont le siège est à Tunis avec des représentations régionales». Diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA) en 1972 et ayant accompli des études en droit à la faculté de Poitiers dans les années 69 , il a créé une manufacture de fabrication de chaussures destinées à l'exportation (1990 à 2005). Son expérience de 15 ans comme industriel lui a permis de créer le bureau RAI spécialisé dans l'assistance aux jeunes promoteurs industriels, et ce, en 2006. Par la suite, et en 2018, il a publié un guide des jeunes promoteurs, titré «je cherche un emploi». Afin d'en savoir plus sur son expérience et sa vision dans le domaine industriel et de la promotion de l'emploi, nous l'avons rencontré récemment à Sousse. Interview. Dans quelle mesure le bureau RAI peut-il contribuer à la concrétisation réelle des projets des jeunes promoteurs? Le bureau RAI est disposé à informer et à accompagner les jeunes promoteurs, et ce, par l'organisation de colloques et de séminaires sur l'emploi et l'investissement. Le jeune promoteur doit savoir en priorité que pour réussir un projet, il faut réunir certaines conditions dont la compétence requise dans le domaine de création du projet, le renforcement de l'exportation, l'établissement de conventions de partenariat avec des sociétés et entreprises étrangères. Je tiens à signaler que l'Etat encourage le domaine de l'exportation par la création du fonds de promotion des exportations(Foprodex), selon le décret n°85-944 du 22 juillet 1985 ,qui finance les frais du transport pour l'exportation aux nouveaux marchés d'Afrique, d'Amérique et d'Asie ainsi que les frais d'exploration des nouveaux marchés. Quel est l'impact de l'importation sauvage et non contrôlée des chaussures? L'on a recensé jadis et en Tunisie 10.000 artisans dans le domaine des chaussures. Actuellement, il n'existe que 2.000 à cause de l'importation sauvage et non contrôlée des chaussures de l'étranger. Afin que ce secteur puisse reprendre son élan d'antan, je suggère au Centre national du cuir et de la chaussure (Cncc), créé en 1969, de renforcer les exportations et d'organiser des foires et des salons «cuir et chaussure» de bonne qualité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. En 2016, on a exporté seulement pour 1.000 MD de chaussures sachant que l'on peut exporter environ en une année pour 3.000 MD de chaussures. A cause de l'importation sauvage, du manque d'information et de conviction des jeunes promoteurs pour exporter leurs productions, nous sommes arrivés à une telle situation. Vos conseils utiles et pratiques pour réussir un projet de jeune promoteur? Le jeune promoteur ayant monté son projet industriel doit, au départ, tenir compte de l'augmentation progressive de la production (augmentation de la production à raison de 20% à chaque trimestre) tout en s'impliquant dans l'exportation et en assurant la compétitivité et l'innovation du produit exporté. Dans quel sens l'investissement peut être concilié avec la promotion de l'emploi? Pour que l'investissement participe réellement à la promotion de l'emploi, il faut penser à créer des mégaprojets employant plus de 100 ouvriers. Je cite comme exemple la réalisation du projet futur de la gare de Sousse pouvant créer 6.000 postes d'emploi. A ce sujet, et en tant que chef du bureau RAI, j'ai entamé des contacts dès 2015 avec le Premier ministère, le ministère du Développement et de la Coopération internationale, le ministère de l'Equipement et de l'Habitat, le ministère des Domaines de l'Etat et le gouvernorat de Sousse afin de participer à la concrétisation de ce mégaprojet. Comment la maison de l'investisseur que vous avez proposé de créer peut-elle résoudre efficacement le problème du chômage en Tunisie? J'ai envoyé, en tant que bureau RAI, des correspondances au sujet de la création de la maison de l'investisseur au chef du gouvernement, aux ministères compétents et concernés notamment de l'Industrie, de l'investissement, à l'Utica et à l'Ugtt. Ces correspondances mentionnent la nécessité de la création de la maison de l'investisseur dont le siège est à Tunis avec des représentations régionales regroupant tous les intervenants de près ou de loin dans le domaine de la promotion et de la création de l'emploi, à savoir l'Apii, le Cepex, la Sotugar, les chambres de commerce, l'Institut national de la statistique (Ins), les centres techniques sectoriels et les médiateurs bancaires. Cette maison a pour mission d'informer, d'assister et d'accompagner tout jeune promoteur dans toutes les régions de la République. Ce qui permettra d'épargner des pertes de temps considérables et de garantir plus d'efficacité dans la réalisation du projet. Quels sont les principaux objectifs visés par la publication en 2018 de votre guide du jeune promoteur industriel? Ce guide vise la facilitation et l'éclaircissement de l'itinéraire suivi par le jeune promoteur pour la création de son projet industriel. Ce jeune promoteur doit savoir qu'il peut monter un projet avec un schéma de financement adéquat lui permettant de créer son propre projet sans apport financier personnel, et ce, en s'appuyant sur le Fonds de promotion et de décentralisation industrielle (Foprodi, créé selon la loi n°73-83 du 31 décembre 1973) qui octroie 60% du capital, une société d'investissement à capital risque (Sicar, créée selon la loi n° 95-87 du 30 octobre 1995) qui octroie 30% du capital et l'association «Réseau Entreprendre» qui octroie 10% du capital. A titre d'exemple et pour un projet qui coûte au total 500.000D, le capital, étant de 30% du coût du projet (soit 150.000 D) est réparti comme suit : le Foprodi (60% du capital soit 90.000D), la Sicar (30% du capital soit 45.000D), l'apport propre du promoteur qui peut être supporté par le Réseau Entreprendre (10% du capital soit 15.000 D). Le crédit bancaire au profit du promoteur est évalué à 70% du coût total du projet soit 350.000D. Tous ces crédits octroyés sans aucun apport personnel du promoteur sont garantis par la Société tunisienne de garantie (Sotugar) créée selon l'article 24, de la loi 2002-101 du 17 décembre 2002.