Par Jalel Mestiri En cette fin de saison, heureuse pour certains clubs, décevante pour d'autres, il ne vient que rarement à l'esprit de ceux qui s'attachent à la compétition, ou encore ceux qui observent de près la politique sportive du pays de s'interroger sur les exigences du football d'aujourd'hui, la situation financière des clubs... Des contraintes et des obligations qui n'en finissent pas et qui d'une saison à l'autre prennent chaque fois une plus grande dimension. La crise économique de la plupart des clubs fait écho à une déformation qui tient son nom de l'absence de réactivité et de ressort des autorités concernées. La tendance à politiser le sport engendre une certaine spécificité dans les discours, dans les prises de position, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle le sport, plus précisément le football, est géré. Il est de plus en plus difficile, pour ne pas dire impossible, pour un club de boucler une saison sans dégâts. Dans le sport, toute performance découle forcément d'une certaine logique. Le contexte actuel fait que le football tunisien tel qu'il est géré aujourd'hui ne serait plus une activité non rentable. Les clubs sont considérés par les textes en vigueur comme des associations qui ne peuvent, qui ne doivent pas se faire de l'argent. Mais sans recettes et sans ressources, ils n'ont plus aujourd'hui qu'une marge de manœuvre de petite taille. L'une des principales conclusions qu'on peut relever de l'exercice 2017-2018 est qu'il y a bien des présidents qui non seulement se sacrifient pour leur club, mais qui ne méritent pas aussi le procès en sorcellerie que beaucoup sont en train de leur intenter. C'est un monde hyper-ingrat auquel nous assistons dans le football d'aujourd'hui. Au-delà des résultats, des performances et des déroutes, il est indispensable de tirer les enseignements de l'injustice sportive soulignée par le fait de considérer les présidents de clubs comme étant prédestinés aux sacrifices et seuls concernés par les dépenses. D'une manière générale, ce que nous offrent ces hommes sont des signes de sacrifice, de dévouement, voire d'héroïsme. Notamment dans le contexte économique que connaît actuellement le pays. Ce qui fonde leur légitimité tient aussi à leur version passionnelle. Ils sont l'assurance de la vie et de la survie des clubs dont ils assument la responsabilité. Ici et plus qu'ailleurs, on ressent de l'adhésion, de l'affiliation, de la dépendance. Etant impliqués d'une manière bien particulière dans le quotidien de leurs clubs, ils se sont transformés en véritables sauveurs. Bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d'un passage obligé vers les exigences du haut niveau. L'idée de repartir sur de nouvelles bases et une politique complètement différente est toujours là, mais c'est sans compter les dérives qui ont fait basculer le football dans des considérations hors normes. Il est aujourd'hui de plus en plus difficile de résoudre l'équation presque impossible entre l'essentiel et l'accessoire. En dépit des moyens de lutte que l'on se donne, on sait que derrière toute action de remise en cause et de reconstruction se cachent toujours des dangers. Sur les détails, il y a lieu de s'inquiéter sur l'avenir du football... Il y a tout un sujet de réflexion à faire à ce sujet. Responsables et différents acteurs, voici qu'apparaissent devant chacun le devoir et l'obligation sur lesquels les débats doivent s'ouvrir...