Par Jalel Mestiri La crise économique de la plupart des clubs fait écho à une déformation qui tient son nom et sa raison d'être de l'absence de réactivité et de ressort des autorités concernées. La tendance à politiser le sport engendre une certaine spécificité dans les discours, dans les prises de position, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle le sport et plus précisément le football sont gérés. Dans le sport, toute performance découle forcément d'une certaine logique. Le contexte actuel fait que le football tel qu'il est géré aujourd'hui serait une activité non rentable. Les clubs sont considérés par les textes en vigueur comme des associations qui ne peuvent, qui ne doivent pas se faire de l'argent. Sans recettes et sans ressources, ils n'ont plus qu'une marge de manœuvre de petite taille. La présence de certains présidents est une étape captivante dans la vie des clubs. Cela représente même un état de grâce susceptible d'entraîner une vague porteuse et bénéfique. Mais jusqu'à quand ? Point de moyens, point de résultats, point de formation, point de stratégie et surtout une incapacité évidente à préserver le statut exigé en l'absence des dispositions requises. Si les problèmes sont connus par tous, les solutions paraissent aux yeux de ceux qui veillent à la politique sportive impossibles. Dans un monde où les dirigeants sportifs, les vrais, sont devenus minoritaires, les courageux aussi, les réactions officielles et suivies d'actes sont pratiquement inexistantes. Effacée face aux problèmes, la politique sportive menée aujourd'hui en ajoute à ce tableau noir un déficit d'implication évident. Elle tourne le dos à la vie sportive, à la vie tout court des clubs. La qualification au Mondial de Russie n'est que l'arbre qui cache la forêt. Il ne vient que rarement à l'esprit de ceux qui assistent et veillent sur cette politique sportive de s'interroger sur les exigences du football d'aujourd'hui, de la situation financière des clubs. Dans un monde hyper-ingrat, il y a bien des présidents qui non seulement se sacrifient pour leur club, mais qui ne méritent pas aussi le procès en sorcellerie que beaucoup sont en train de leur intenter. Pourtant, il y a bien ceux qui ont réussi là où le contexte est plus que défavorable. Pour ne pas dire ingérable. Il est indispensable de tirer les enseignements de cette injustice sportive soulignée par le fait de considérer les présidents de clubs comme étant prédestinés aux sacrifices et seuls concernés par les dépenses. D'une manière générale, ce que nous offrent ces hommes sont des moments forts, voire éternels pour leurs clubs. Ce qui fonde leur popularité tient aussi à leur version passionnelle. Ils sont l'assurance de la vie et de la survie des clubs dont ils assument la responsabilité. Ici et plus qu'ailleurs, on ressent de l'adhésion, de l'affiliation, de la dépendance. Etant impliqués de manière bien particulière dans le quotidien, ils se sont transformés en véritables sauveurs. Un mois de gestion coûte au président de l'Espérance, Hamdi Meddeb, la bagatelle de 900 mille dinars. La crise économique de la plupart des clubs fait écho à une déformation qui tient son nom et sa raison d'être de l'absence de réactivité et de ressort des autorités concernées. La tendance à politiser le sport engendre une certaine spécificité dans les discours, dans les prises de position, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle le sport et plus précisément le football sont gérés. Il est de plus en plus difficile pour un club de boucler une saison sans dégâts. Bien des choses devraient changer dans la compétition nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d'un passage obligé vers les exigences du haut niveau. Le football tunisien avait des certitudes. Il avait tellement montré de belles choses qu'il donnait dans le passé l'impression de s'attribuer des espaces et de la maîtrise. De toute évidence, il n'est jamais trop tard. Il n'y en a pas de plus significatif pour la confiance, pour le mental, pour la reconstruction. En un mot, tout ce qu'il faut pour retrouver les vertus.