Par Jalel Mestiri Il est indispensable de tirer les enseignements de cette injustice sportive soulignée par le fait de considérer les présidents de clubs comme étant prédestinés aux sacrifices et seuls concernés par les dépenses. Il nous vient rarement à l'esprit de s'interroger sur les exigences du football d'aujourd'hui. Dans un monde hyper-ingrat, il y a bien de ces présidents de clubs qui ne méritent pas en définitive le procès en sorcellerie que beaucoup sont en train de leur intenter. Pourtant, il y a bien ceux qui ont réussi là où leurs joueurs ne montrent pas grand-chose sur le terrain. Rares, d'ailleurs, sont les études sérieuses lancées sur les attaquants qui ratent des buts tout faits, les gardiens qui se déchirent sur des ballons faciles ou les défenseurs qui commettent des stupidités dans la surface. La déformation consiste à faire supporter à un président la responsabilité, pas seulement la gestion du club, mais aussi les résultats de son équipe. Les joueurs ont naturellement le droit de commettre des erreurs, mais ils ont aussi le devoir de se comporter dignement sur le terrain. Ils évoluent dans un monde qui leur donne tout, ou presque, sans que la plupart ne le méritent vraiment. Dans un monde où les dirigeants, les vrais, sont devenus minoritaires, les courageux aussi, les joueurs ont pris ces dernières années l'habitude de se disculper dans les échecs et de mettre tout sur le dos de l'entraîneur et des dirigeants. Inexistants dans les moments difficiles et effacés devant les problèmes, ils en ajoutent à ce tableau noir un déficit d'implication évident. Ils tournent le dos à la vie sportive, à la vie tout court dans leur club. La démobilisation rend forcément mal à l'aise et l'égarement inspire autant le sens de l'irresponsabilité que le manquement aux devoirs. On a l'impression que la majorité des joueurs d'aujourd'hui évoluent dans une atmosphère personnelle où on ne voit pas réellement leur apport au club. Le sens du dévouement et de l'appartenance oublié, l'on ne cesse de miser sur une conjonction d'intérêts personnels qui dépassent en long et en large ceux du club. Souvent, la présence de certains dirigeants peut être une étape captivante dans la vie d'un club. Cela représente même un état de grâce susceptible d'entraîner une vague porteuse et bénéfique. Mais point de moyens, point de résultats. C'est l'issue inévitable de la plupart des clubs tunisiens qui ne peuvent plus aspirer à un nouveau statut en l'absence des dispositions requises. Si les problèmes sont connus par tous, les solutions deviennent aujourd'hui impossibles, notamment dans un contexte général plus que jamais défavorable. L'idée que les joueurs soient replacés à leur juste valeur doit faire son chemin. Les véritables besoins et impératifs des clubs, ignorés jusque-là sous l'effet d'arguments erronés, ont fait que l'on continue à se tromper non seulement de priorité, mais aussi des facteurs de réussite. Il est indispensable de tirer les enseignements de cette injustice sportive soulignée par le fait de considérer les présidents de clubs comme étant prédestinés aux sacrifices et seuls concernés par les dépenses. En même temps, on doit admettre que le sport numéro un et ses compétitions à enjeux grandissimes ne peuvent plus être laissés au pouvoir des joueurs. La crise économique de la plupart des clubs fait écho à une déformation qui tient son nom et sa raison d'être de la tendance à tromper l'opinion publique...