La musique sacrée, ésotérique à valeur thérapeutique, est allée à la rencontre du profane à travers la revisite de célèbres titres du répertoire Stambeli, à l'instar de «Nana Aïcha», subtilement enrobés par les notes des instruments modernes. C'est le groupe tunisien «Dendri Stambeli Movement», qui a donné le coup d'envoi, samedi dernier, de la seconde édition du programme ramadanesque concocté par le Goethe Institut Tunis «Sahha Chribtek-Les nuits festives du Ramadan». Encore trois dates pour cette manifestation qui prend fin le 25 mai, avec ce soir un exceptionnel ciné-concert donné par le musicien tunisien basé à Berlin, Dhiaeddine Douss (Aka Dhia), autour du film expressionniste et muet allemand de Robert Wiene «Le cabinet du docteur Calligari» (sorti en salles en 1920), et deux autres concerts présentant le groupe algérien «Ifrikia spirit» (le 24 mai) et le 25 mai, le projet musical réunissant le musicien allemand Victor Marek et le maître de sitar pakistanais, Ashraf Sharif Khan. Une soirée comme on les aime à la belle étoile, bercée par des rythmes ancestraux, ceux du la terre mère l'Afrique... De la fusion oui (avec l'apport de la guitare électrique, guitare basse, clavier et batterie), mais toujours ce respect accordé au Stambeli et à son authenticité. Et dans tout cela, la magie de la rencontre de deux univers musicaux différents à travers ce projet, dont le nom «Dendri» renvoie à une boisson qui fait partie du rituel de la ziara, préparée dès le premier jour de la visite au saint et qui est un mélange de sorgho, de lait, d'eau et de sucre. Le groupe, formé par Mohamed Khachnaoui (batterie et chant), le maître du stambeli Salah Ouergli (gombri, gambra et chant), Belhassen Mihoub (chkachak et chant), Muhamed Jouini (chkachak et chant), Sahbi Mustapha (guitare basse), Aymen Ben Attia à la guitare, Wajdi Riahi au clavier, était venu présenter les fruits de deux résidences artistiques organisées par Le Goethe en partenariat avec Dar Eyquem. La 1ère résidence avait eu lieu du 19 au 25 février dernier et la seconde du 13 au 18 mai avec la participation de l'ingénieur de son allemand Christoph Thiers qui a rejoint l'équipe afin de travailler sur le son de l'instrument-clé de cette formation : le gombri. La musique sacrée, ésotérique à valeur thérapeutique, est allée à la rencontre du profane à travers la revisite de célèbres titres du répertoire Stambeli, à l'instar de «Nana Aïcha», subtilement enrobés par les notes des instruments modernes qui ont pu s'accorder au Gombri, Gambra et autres chkacheks, suivre leurs cadences et leurs rythmes effrénés propres aux invocations. Le projet, dont l'idée a pris racine lors d'une jam session au cours de laquelle Mohamed Khachnaoui, Salah Ouergli, Belhassen Mihoub et Sahbi Mustapha (à la guitare basse) ont offert, pour la première fois, à un public, une fusion originale avec pour cœur le stambeli, promet de se développer musicalement et d'explorer d'autres possibilités. A suivre.