La vocation et la raison d'être du Stade Tunisien devraient non seulement précéder, mais tout particulièrement déterminer l'avenir de l'équipe, indépendamment des représentations qu'elles devraient avoir que ce soit sur le terrain ou ailleurs. D'une saison à l'autre, le public stadiste ne cesse de formuler le vœu que le football puisse un jour regagner son lieu de naissance. Quelque chose nous dit que le ST d'aujourd'hui est capable de dégager une toute autre tonalité et que partout où il aura à s'exprimer, le jeu qu'il développe serait de nature à s'identifier aux ambitions qu'il est en mesure de revendiquer. Avec notamment une palette de priorités plus large et susceptible de dérouler un football multiforme et à géométrie variable. Très souvent, l'on n'a cessé de penser que le jeu, le comportement et l'attitude des joueurs stadistes font partie de l'intrigue, surtout quand l'équipe n'arrive pas à préserver ses acquis, ou encore quand elle se laisse entraîner dans un gâchis qui ne semble pas avoir de fin. Mais le football, le vrai, est partout et un peu de tout. La créativité, l'inspiration, l'instinct s'indiquent comme tels pour une équipe qui cherche la plupart du temps, et notamment sous l'impulsion de son entraîneur, à s'imposer à travers de véritables considérations de terrain. Patrick Lewieg a le mérite de ne pas oublier la priorité que devrait avoir le jeu dans ses approches et ses options tactiques. Toute stratégie s'inspirant de l'obligation du résultat a son revers, car aussi réaliste soit-elle, elle n'élimine pas tous les risques. Un exploit, un bel exploit, ça s'invente plus qu'il ne se fabrique. Il fait partie d'un ordre assez exceptionnel en ce sens qu'il ne mélange pas, qu'il ne sert pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, de décors. L'évolution de l'équipe stadiste donne matière à réflexion. On voit rarement des équipes évoluer avec autant de spontanéité et de liberté, d'engagement et d'initiatives. Les temps changent… Jusque-là, l'idée que l'on se fait du ST, ou plutôt qu'il laisse entrevoir est celle d'un équipe qui se cherche plus qu'elle ne se construit. Autrement dit, se donnant raison par l'intermédiaire d'un jeu de contres et préférant subir le match que forcer ses différentes péripéties. Résultat : il n'a jamais été à l'abri des mauvaises surprises. Plus encore, son sort, son destin n'étaient pas toujours entre ses mains... Le modèle auquel il a aujourd'hui le droit d'aspirer devrait lui permettre, d'une façon ou d'une autre, d'accréditer l'idée selon laquelle toute victoire se mérite plus qu'elle ne se revendique. Ca ne peut être là que la conséquence d'un fonctionnement en circuit ouvert. Inutile de recourir à d'autres repères et encore moins à des arguments auxquels l'équipe et les potentialités dont elle dispose ne sauraient justement s'identifier. Il est évident que le ST est arrivé à un degré de maturité et de conscience qui lui permet de penser son avenir en termes de situations toujours exposées à la remise en question et qu'il continue à avancer pour ne pas reculer. Avec l'effectif actuel, il aura tout pour confirmer la place pour l'esprit et le jeu libres. Elle vaincra tout autant qu'il gardera, et avec lui son entraîneur et ses joueurs, le pouvoir et le droit d'appeler les choses par leurs noms. Plus que tout autre jugement, les arguments, les atouts de l'équipe stadiste devraient parler pour elle. Une équipe dont le destin était auparavant de se chercher, de se perdre, mais aujourd'hui de se retrouver. Et même si elle ne parvient pas encore à dominer ses sujets comme elle est appelée vraiment à le faire, elle ne manque pas de susciter auprès de son public, avec ses cadres et ses jeunes révélations, davantage de respect que de crainte. Il fut un temps où l'équipe tenait fortement à être «prise au sérieux» mais sans jamais vraiment l'être. Aujourd'hui, on a l'impression qu'elle appartient à une autre époque. Telle qu'elle se revendique, qu'elle se démêle et qu'elle s'épanouit, il nous semble qu'elle n'aura pas du mal à se faire à son "âge", à son temps. Réaction immédiate aux urgences, interpellation des opportunités, soutien appuyé aux choses qui font gagner. Quelle affaire ! Quelle bonne affaire !