Les prix des intrants du secteur agricole ont évolué d'une façon importante ces dernières années. Un constat qui survient dans un contexte économique difficile que connaît notre pays, et qui a des incidences sur le coût des subventions de ces produits. Avec la montée des prix des matières premières sur les marchés internationaux, le secteur agricole se trouve directement concerné. Mais cette hausse touche aussi les coûts des facteurs de production, particulièrement les intrants relatifs aux semences et aux engrais. Une donnée qui affecte grandement la rentabilité de la filière agricole et pèse lourdement sur le prix de revient. Mais disons que le subventionnement de certains engrais locaux a permis, selon l'Observatoire national de l'agriculture (Onagri), un allégement des charges des exploitants agricoles, bien qu'il constitue une charge importante pour la Caisse générale de compensation. L'Onagri a indiqué que la dépendance du secteur agricole vis-à-vis des intrants fait qu'il subit les variations de leurs prix. En cause, la parité de la monnaie locale par rapport aux devises et les hausses des prix des produits sur le marché. Le processus de fixation des prix de référence pour les produits à prix administrés ou subventionnés accentue le problème et provoque le mécontentement des producteurs. La même source indique que les prix des engrais produits localement ont baissé, surtout ceux du DAP, super 45 et l'ammonitre. Ces engrais sont subventionnés par l'Etat. Une baisse expliquée par le contrôle des prix par le biais de la politique de subventionnement avec l'objectif de protéger les agriculteurs contre les fluctuations des prix. Ce qui n'est pas le cas pour l'acide phosphorique, non subventionné par l'Etat, dont les prix sont en hausse vertigineuse, due en partie aux interruptions de production au sein du Groupe chimique tunisien (GCT). Ils sont passés de 33,8 DT par quintal en 2010 à 47 DT en 2018. D'une manière globale, on estime que le coût des engrais représente environ 15% du coût total de production d'un hectare de blé dur en mode pluvial. Effet de change Du côté des engrais importés, on trouve l'urée, les nitrates (potassium, magnésium, calcium, etc.), les sulfates (magnésium, fer, etc.), les chlorures et aussi toute la gamme des engrais foliaires utilisés. Ces produits ont accusé une hausse remarquable induite par le glissement du dinar tunisien par rapport aux devises étrangères, principalement l'euro et le dollar. Ainsi, l'Onagri a souligné que les prix à l'importation ont grimpé pour atteindre une valeur de 137,1 DT par quintal en 2017 contre 83,9 DT en 2010. En ce qui concerne les semences des grandes cultures, on précise que l'augmentation des prix est également importante. Les principales raisons sont l'amélioration des prix de référence des céréales, la hausse des coûts de multiplication, de collecte, de stockage et de traitement des semences ainsi que la spéculation en cas de rareté des semences sur le marché. D'après le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, le coût d'acquisition des semences représente 8% du coût total de production d'un hectare de blé dur en mode pluvial. L'analyse de l'Onagri a montré que si la politique de subventionnement a permis d'épargner aux agriculteurs les variations des prix des engrais, son coût pèse lourd sur la Caisse générale de compensation et constitue un fardeau de plus pour les dépenses publiques.