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Le mythe du « grenier de Rome » s'effondre-t-il ?
Céréales
Publié dans Le Temps le 21 - 06 - 2008


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Nous ne sommes plus dans la logique du stockage. La sécurité alimentaire passe, désormais, par la lutte contre le morcellement de la propriété, l'adaptation des semences au climat, l'amélioration du rendement des sols et un rapport adéquat entre le coût local et mondial... Et bien d'autres enjeux
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Du côté des agriculteurs : Abdelmagid Ferchichi, agriculteur et vétérinaire à Menzel Bourguiba : « Les charges d'exploitation sont encore très élevées et ne permettent pas de rationaliser la production »
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Du côté de l'administration : « Des dizaines de mesures pour promouvoir la céréaliculture »
La situation du secteur agroalimentaire en Tunisie, et dans le monde, passe par une période critique en raison des fluctuations et des turbulences des cours des céréales à l'échelle internationale. Lesquelles fluctuations ont entraîné des troubles sociales dans une trentaine de pays pauvres et chambardé les équilibres macroéconomiques de la majorité des pays du Sud. La Tunisie a été partiellement épargnée par cette crise du moment qu'elle a effectué ses achats en céréales depuis septembre 2007 à des prix raisonnables. Ainsi, au moment où les cours mondiaux du blé dur ont évolué de 250 dollars (la tonne) en septembre 2007 à 860 dollars en février 2008, la Tunisie est parvenue à s'approvisionner à 250 dollars la tonne (un contrat de 2,5 millions de quintaux avec la Syrie) et, dans tous les cas, à des prix qui n'ont pas excédé 520 dollars, la tonne. Et comme le blé est compensé à la consommation, ces fluctuations ont fait que la subvention allouée est passée de 250 millions de dinars en 2006 à 520 millions de dinars en 2007 et elle restera normalement à ce niveau en 2008 surtout que les cours ont baissé et se sont stabilisés actuellement autour de 500 dollars, la tonne.
Une telle situation pousse à des interrogations sur la réalité et les perspectives du secteur agroalimentaire en Tunisie. Un secteur où les besoins annuels en céréales s'élèvent à près de trente millions de quintaux et où la production locale fluctue selon les caprices de la pluviométrie entre 10 millions et 30 millions de quintaux. Donc, il y a une très forte demande qui doit se faire absorber par une stratégie adéquate de production.

La situation actuelle
La superficie réservée aux grandes cultures en Tunisie s'élève à près de 1,5 million d'hectares dont 80.000 hectares en irrigué. Plus de 80 % de ces terres ont des superficies inférieures à cinq hectares ce qui influe négativement sur leur productivité et leur mode d'exploitation. Les petits lopins ne permettent pas d'adopter les nouvelles méthodes d'intensification de la production et d'amélioration de la productivité.
Le Nord et le Nord-Ouest restent les deux zones où les agriculteurs continuent à s'intéresser aux grandes cultures en raison d'une pluviométrie qui fait généralement défaut dans les autres régions du pays. Les recherches ne sont pas encore parvenues à découvrir des semences adaptables à la climatologie aride et semi-aride du Centre et du Sud, là où il existe encore des terres cultivables inexploitées et où le potentiel d'amélioration de la production est très sensible.
Donc, le spectacle agricole est marqué par la prédominance du facteur climatologie et par celui du morcellement de la propriété agricole. Les agriculteurs contestent aussi la faiblesse de la rentabilité financière de l'activité eu égard des charges élevées d'exploitation.
Un tel paysage pose plusieurs problématiques dans ce secteur comme l'adéquation entre le mode de propriété et l'amélioration des techniques d'exploitation, la pluviométrie et la nature des semences, le rapport des coûts entre le marché local et le marché international, l'obligation de réserver un quota déterminé aux grandes cultures, etc...
Mourad SELLAMI
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Du côté des agriculteurs : Abdelmagid Ferchichi, agriculteur et vétérinaire à Menzel Bourguiba : « Les charges d'exploitation sont encore très élevées et ne permettent pas de rationaliser la production »
Les agriculteurs ne sont pas satisfaits de leur situation. Ils déplorent la faible rentabilité financière de la céréaliculture, réclament un suivi permanent par les autorités de leurs activités pour permettre une évaluation correcte des charges et établir des prix conséquents aux frais engagés. Cette approche nous a été présentée par M. Abdelmagid Ferchichi, agriculteur et vétérinaire. Interview :

Le Temps : Vous avez bénéficié de plusieurs encouragements durant l'actuelle saison. Vous devriez être satisfaits pourtant, vous ne le paraissez pas !
Abdelmagid Ferchichi : S'il est vrai que les prix de réception des céréales, et notamment du blé dur, ont augmenté de près de 80 %, les coûts des charges d'exploitation ont doublé eux aussi. Ceci est vrai aussi bien pour les intrants que pour les charges opérationnelles. Le gas-oil a presque doublé en deux ans. Les coûts des engrais chimiques ont grimpé d'une manière vertigineuse. Le traitement par les produits de désherbage et anti-fongiques est devenu très coûteux. Même le fil de fer pour le pressage des balles a flambé sur le marché. Donc, vous voyez que les charges ont grimpé et n'ont rien laissé à l'agriculteur.

- Si vous nous expliquez dans le détail les charges nécessaires pour mener à terme une bonne saison agricole
. C'est ce que j'allais vous dire. Le travail du sol et les divers services, le labour, les semis, le coût du traitement, la moisson et le pressage, l'amortissement du matériel, l'intérêt de la banque et l'assurance contre la grêle et l'incendie m'ont coûté 622 dinars par hectare. Les intrants comme la semence, les engrais, le prix des produits pour le traitement me sont revenus à 314 dinars par hectare. Donc, les charges totales étaient de 936 dinars par hectare et il faut un rendement de 21 quintaux pour rentrer dans ces charges parce qu'il s'agit ici de blé tendre. A titre indicatif, le rendement moyen par hectare dans la zone de Mateur varie entre 20 et 30 quintaux. Mais, il ne faut pas oublier que le rendement agricole n'est constant chez nous et que, sur une dizaine d'années, il y a quatre bonnes, quatre moyennes saisons et deux disettes. L'agriculteur doit composer avec les aléas de la nature et il lui faut lui laisser une marge bénéficiaire suffisante pour entamer de nouveaux investissements. Si on vise l'autosuffisance, l'approche doit être autre.

- Qu'est-ce que vous proposez, pratiquement ?
. Je propose de faire un suivi rationnel des différentes charges inhérentes à l'activité de la céréaliculture et de les évaluer. Le prix de vente sera déterminé en fonction de ces différentes dépenses majorées de l'impôt et des bénéfices de l'agriculteur. Si on procède de cette façon pour cette année, on a les 936 dinars précités lors de la 1ère question auxquels on doit ajouter 20 % pour les impôts, on obtient 1120 dinars de charges et 20 % de bénéfices, le coût à percevoir ne sera vraiment rentable qu'à partir de 1345 dinars par hectare, soit 54 dinars le quintal de blé tendre pour une moyenne de production de 25 quintaux comme c'est le cas de cette année qui est une saison moyenne. Or, avec les coûts actuels, les 25 quintaux couvrent uniquement les charges et l'impôt. L'agriculteur ne peut pas aspirer à de véritables bénéfices et ne va pas chercher à améliorer la production. Il va plutôt grignoter sur les dépenses nécessaires pour survivre.

- Et en dehors du côté financier, qu'est-ce que vous proposez ?
. Il serait souhaitable que la recherche s'intéresse à nos problèmes et notamment, le brome qui cause des ravages dans les régions de Béja et Bizerte. Il est vrai que l'assolement est une solution pour lutter contre ce fléau. Mais, si les prêts bancaires accordés aux céréaliculteurs s'élèvent à 495 dinars pour le blé dur, elle n'est que de 275 dinars pour la culture fourragère et les graminées auxquelles peut migrer l'agriculteur lors de l'assolement. La banque ne prend pas en considération les spécificités de ce mode de culture. Pourtant, les charges supportées par les agriculteurs sont, d'une part, pratiquement les mêmes et, d'autre part, l'assolement aide à lutter contre le brome. En général, il serait souhaitable que les structures de décision soient proches de l'agriculteur pour répondre à ses sollicitudes.
M.S.
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Du côté de l'administration : « Des dizaines de mesures pour promouvoir la céréaliculture »
Le ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques, l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche et les autres structures d'encadrement de l'activité agricole n'ont pas cessé de sensibiliser les agriculteurs aux différentes mesures entreprises pour encourager la production céréalière en Tunisie et s'orienter vers l'autosuffisance.
L'importance du facteur de la pluviométrie dans la détermination de la récolte a poussé à l'encouragement des périmètres irrigués pour garantir un seuil minimum de récolte. Ainsi, le programme du ministère consister à relever cette superficie irriguée de 80.000 hectares actuellement à 120.000 hectares en 2011 à travers l'exploitation des ressources hydrauliques disponibles. Le ministère aidera dans la mise en place des installations d'irrigation.
Sur un autre plan, il y a un programme spécial pour la mise à niveau de 20.000 hectares de plaines céréalières dont 8.500 hectares en périmètres irrigués (18,4 millions de dinars) et 12.000 hectares en périmètres non irrigués (18 millions de dinars).
Sur un 3ème plan, la question des semences a été traitée par les différentes structures. L'objectif en 2011 est de parvenir à couvrir 22 % des besoins contre 12 % actuellement. Cette couverture s'élève à 50 % dans les périmètres irrigués, 30 % dans les zones non irriguées et 10 % dans les périmètres arides.
D'autre part, plusieurs primes ont été introduites pour encourager la verdure et l'ensilage (30 % des semences), les cultures céréalières (exonération d'impôts sur les terres louées), la mécanisation (40 % comme prime d'investissement pour les coopératives agricoles), la réduction du taux d'intérêt sur la période 2008-2011.
Toutes ces mesures visent à permettre d'atteindre une moyenne annuelle de production supérieure à 20 millions de quintaux lors du prochain quinquennat.


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