Le bureau de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) aurait recueilli des indiscrétions rapportant des pratiques mettant en danger l'obligation de neutralité qui s'impose aux magistrats, comme l'a indiqué, hier, le président de l'AMT, Anas Hamadi Le témoin de l'éternel conflit, à propos de leur mouvement annuel, opposant les magistrats au pouvoir exécutif, serait-il en train d'être transmis au Conseil supérieur de la magistrature ? Des suspicions à propos du prochain mouvement annuel des affectations des magistrats à travers la République et les différentes institutions judiciaires semblent ainsi inquiéter l'Association des magistrats tunisiens. Ce mouvement annuel a souvent été un sujet de grief avec le pouvoir exécutif sous l'ancien régime et même certaines fois après la révolution. Le bureau de l'association aurait ainsi recueilli des indiscrétions rapportant des pratiques mettant en danger l'obligation de neutralité qui s'impose aux magistrats, comme l'a indiqué, hier, le président de l'AMT, Anas Hamadi. Dans une déclaration faite à Jawhara FM, Hamadi a affirmé que le Conseil supérieur de la magistrature, dont l'une des prérogatives consiste à garantir la neutralité des juges, reproduirait, cette année, ce qu'il avait fait l'an passé, soit qu'il ne se basera pas sur le critère de compétence des juges ou d'autres critères objectifs annoncés. « Nous craignons donc une politisation de la justice », a lancé Hamadi. La bataille historique autour de l'impératif d'indépendance de la justice, qui était timide et par allusion sous Bourguiba, s'est transformée sous l'ancien régime en un combat féroce qui a conduit, trois ans avant la chute du régime, à une sévère répression ayant frappé le bureau légitime de l'AMT, qui sera rétabli par la révolution. Et le mouvement annuel d'affectation des magistrats, de même que les promotions en grade et en fonction, ont constitué la pomme de discorde la plus fréquente au côté des affaires de corruption ou d'immixtion du pouvoir politique. Sachant que la mutation permettait d'éloigner un juge peu obéissant, tout comme le maintien d'un magistrat à son poste permettait de garder un contrôle sur la chambre ou le tribunal en question. Ces questions n'auraient, selon certains observateurs avertis, pas totalement disparu, sauf que la transparence des affectations a, ces dernières années, sauvé la mise. Au nombre de ces observateurs, l'actuel bâtonnier des avocats a déclaré hier que des juges soupçonnés de corruption continuent d'exercer sans être inquiétés, mettant ainsi en cause le Conseil supérieur de la magistrature.