Il s'appelle Mehdi Zribi. Il a 31 ans. Né à Sidi Bou Saîd, d'un père vendeur de friandises. Installé au village depuis l'aube des temps, Mehdi révèle : «Enfant, j'accompagnais mon père dans son commerce. Après la révolution, d'autres personnes ont accaparé les lieux. Je me suis alors converti en vendeur de Jasmin, après avoir eu l'autorisation de la commune du village». Il a appris le métier sur le tas et s'est marié. Ayant à sa charge une femme au foyer, il s'active péniblement par un temps de canicule ou par un temps de canard pour gagner sa vie. Il se pointe chaque jour que Dieu fait avec son panier de jasmin à la main afin de séduire des clients potentiels. Habillé de manière traditionnelle, beau parleur, Mehdi sait communiquer. Il a l'art du métier mais aussi beaucoup de passion. Ses clients sont des touristes et des autochtones. Il parle plusieurs langues apprises au souk du village où il a grandi. Il a appris au fil du temps à attirer sa clientèle avec douceur et délicatesse. Il a la courtoisie dans les gestes. A le voir, personne ne peut deviner sa vie rude. Sans se plaindre, il travaille et rêve. Ses rêves sont grands. Son panier renferme une vingtaine de bouquets de jasmin à 2 dinars l'unité et du parfum du jasmin à 4 dinars. Mehdi déclare qu'il gagne 20 dinars par jour et il semble être très fier de son métier. Par contre, le jeune homme ne cache pas son désarroi face aux intrus qui ne payent pas d'impôts, qui squattent les lieux partout au village. Bien bâti, musclé, plein de fraîcheur et de jeunesse, Mehdi ne mâche pas ses mots, il les lance comme un leitmotiv : «gagner sa vie à sa sueur de son front et continuer l'activité de son père est sa vraie fierté». Ses souvenirs d'enfant et d'adolescent jaillissent. Il se rappelle les vieilles personnes du village et se souvient de beaucoup d'anecdotes. Sans cacher les secrets de son métier, il parle des variétés de jasmin, des arrangements qu'il prépare... «La femelle «Al Antha» est grande de taille on l'a place au pourtour, le mâle «El Theker» est petit de taille, on le met au milieu : c'est tout un apprentissage et un art à développer pour présenter un machmoum harmonieux» conclut-il. Les villages touristiques tunisiens regorgent de jeunes comme Mehdi. Leur objectif est de gagner leur vie dignement.