Des œuvres tunisiennes et étrangères rendent hommage à un village côtier à la rencontre du Nord et du Sud. La 13e édition des Rencontres cinématographiques de Hergla, prévues du 25 au 28 août, vont être l'occasion de célébrer la mémoire cinématographique du village à travers un événement qui s'y est déroulé 50 ans auparavant. Le grand réalisateur néoréaliste italien, Roberto Rossellini, y a en effet tourné ses films «Les actes des apôtres». «Un événement encore très vif dans la mémoire commune des habitants de ce beau village côtier de la Tunisie», affirment les organisateurs de la manifestation, l'association culturelle Afrique-Méditerranée, soutenue par le ministère tunisien des Affaires Culturelles et de l'Institut culturel italien de Tunisie. Afin de célébrer ce cinquantenaire placé sous le slogan «Hergla redécouvre sa mémoire cinématographique», le programme de la manifestation est fait de projections, de débats, d'ateliers pour enfants et jeunes mais surtout de retrouvailles entre ceux qui ont nourri cette mémoire filmique du village. Une exposition de 60 clichés sera dédiée à des images du tournage de Rossellini à Hergla (entre août et décembre 1968), prises par le cadreur du tournage à l'époque, Carlo Fioretti. Des photographies qui illustrent et immortalisent également le mode de vie de Hergla il y a une cinquantaine d'années. «Un travail de recherche de longue haleine nous a permis de repérer puis de faire numériser en haute définition des images inédites ou oubliées de Hergla et de la Tunisie», expliquent les organisateurs à propos de cet hommage au village qui, étant «au cœur de la Méditerranée, à mi-chemin entre l'Afrique et l'Europe, est pour eux, à travers la manifestation, le lieu idéal pour jeter les bases de rapports plus humanistes et plus nuancés entre le Nord et le Sud». Les projections de films qui auront lieu à la bibliothèque de Hergla vont dans ce sens avec des films tournés à Hergla, venant de Tunisie, d'Italie et de France : «Les Actes des apôtres» évidemment, mais aussi «Docteur Popaul» de Claude Chabrol (France/ Italie, 1972), «Un Garçon dans la foule» de Lotfi Layouni, (Tunisie, 1967), «Sur les traces de Baal» de Abdellatif Ben Ammar (Tunisie, 1971), le documentaire «Hergla» produit en 1966 par la société de production suédoise Sebra Film, «Viva la Muerte» de Fernando Arrabal (France/Tunisie 1971) et même des archives de la télévision nationale tunisienne tournées à Hergla. Une programmation qui sera présentée par des invités étrangers et tunisiens comme Renzo Rossellini, fils du réalisateur Roberto Rossellini, et directeur de production du film, Carlo Fioretti, Pino Bertucci, technicien d'éclairage du film et Nacer Ktari, 1er assistant de Roberto Rossellini, le dramaturge Fernando Arrabal qui sera de retour en Tunisie 48 ans après à Hergla, le producteur Hassen Daldoul, le réalisateur Fèrid Boughedir, le régisseur Kassem Larbi Ben Nakaa, Abdellatif Ben Ammar, Lotfi Layouni, Mohamed Kouka qui a joué dans «les Actes de Apôtres» et Mehdi Chaouch qui a joué dans «Viva La Muerte» de Arrabal. Les invités des 13es rencontres cinématographiques de Hergla prendront également part à une table ronde organisée les 27 et 28 août à la bibliothèque de Hergla, sur le thème «Quels dispositifs pour une meilleure sauvegarde et une efficiente promotion du patrimoine cinématographique tunisien ?». Animée par l'universitaire et critique de cinéma Kamel Ben Ouanès, la table ronde s'intéressera à des volets liés à la sauvegarde de la mémoire, comme la sensibilisation à l'importance de cet enjeu culturel de taille et la détermination de nouvelles stratégies pouvant s'y appliquer.