L'Etat verse entre 65 et 85 millions de dinars chaque mois pour que les pensions de retraite soient versées à temps Un projet de réforme du régime des retraites, qui a eu l'aval de l'Ugtt, a été soumis à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Il propose le prolongement de l'âge de départ à la retraite (62 ans), l'augmentation des cotisations des affiliés et la diversification du financement des caisses sociales. Le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, était sur les ondes d'une radio privée (Radio Med), dimanche 26 août 2018. Son intervention faisait suite à la polémique autour des retards de versement des augmentations des pensions de retraite ainsi que les difficultés financières que rencontrent les caisses sociales. M. Trabelsi n'a pas caché sa désolation face à la situation déplorable des caisses sociales qui subissent, depuis près de 9 ans, des déficits colossaux. Il a cependant précisé que l'Etat fournit entre 65 et 85 millions de dinars par mois pour combler ce déficit et afin que les pensions soient versées à temps. « Un engagement jusqu'à maintenant respecté », selon le ministre. Ce déficit est essentiellement dû aux retards de paiement des cotisations par les structures publiques. « Les institutions publiques, à l'instar de la Sncft et la Steg, doivent 600 mille dinars aux caisses. Elles ont jusqu'à présent payé 430 mille. Nous ne cherchons pas à entraver leur travail ou amplifier leur déficit, mais il ne faut pas non plus priver les employés de leurs droits à la retraite », a-t-il ajouté. Le retard assumé par la banque Répondant à la question sur les responsabilités à l'égard du retard de versement des augmentations des retraités, qui a provoqué un tollé tout au long de la semaine dernière, le ministre a souligné que c'est une banque, l'Ubci en l'occurrence, qui a causé cet ajournement. «Il faut tout d'abord expliquer à l'opinion publique qu'il s'agit d'un retard de versement des augmentations et non des pensions. Cette augmentation vient suite à un accord commun entre l'Ugtt et les parties gouvernementales pour les années 2016, 2017 et une partie de l'année en cours. Nous avons donc convenu à ce que les retraités soient exonérés de certaines taxes, dont le montant correspond à celui de l'augmentation. On baisse les taxes sans augmenter les pensions », a-t-il argué. Le ministre a, par ailleurs, expliqué que la Cour des Comptes a jugé cette pratique illégale d'où l'intervention du chef du gouvernement et l'engagement de son gouvernement à verser les augmentations en quatre tranches « dont celle qui a été versée avant l'Aïd ». Il a notamment affirmé que le PDG de la banque concernée s'est excusé auprès du ministère suite à cette « panne technique » qui a engendré les retards de versement. Les retraités affiliés à la Cnss percevront leurs augmentations avec la rentrée scolaire Interrogé sur les augmentations auxquelles auront droit les retraités du secteur privé affiliés à la Cnss, M. Mohamed Trabelsi a indiqué qu'elles seront versées vers le 15 septembre prochain, date de la rentrée scolaire, avec effet rétroactif depuis mai 2018. « Car les recouvrements de la Cnss se font trimestriellement contrairement à ceux de la Cnrps qui sont mensuels. Mais les augmentations et le rappel auront lieu avec la rentrée, et avant la fin du mois de septembre». Le ministre des Affaires sociales a, par ailleurs, insisté sur le rôle déterminant des caisses sociales et du système de solidarité qui les régit. « La plupart du peuple tunisien et plus généralement la classe moyenne vit grâce à la solidarité entre les actifs et les retraités. Cette solidarité est la base de la politique de protection sociale (retraite, assurance maladie...) qui profite à tous les Tunisiens. Les caisses vivent certes des moments effroyables mais rien ne se fait sans concession et sans sacrifice ». Pour la première fois, selon le ministre, la Cnss a pu éviter le déficit grâce aux contributions et à d'autres sources de financement. Projet de réforme du régime des retraites en vue Le ministre des Affaires sociales a, en outre, affirmé qu'un projet de réforme du régime des retraites a été soumis à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Celui-ci fera partie des grands dossiers qui seront discutés par les députés lors de la rentrée parlementaire. Ce projet qui a eu l'aval de la centrale syndicale (l'Ugtt) propose le prolongement de l'âge de départ à la retraite à 62 ans, l'augmentation des cotisations des affiliés et la diversification de financement des caisses sociales.