S'agissant de la suprématie de Hafedh Caïd Essebsi sur Nida Tounès, le chef de l'Etat s'est ainsi toujours gardé de prendre parti pour son fils. Et c'est sans doute par petites touches qu'il a exprimé son affection. Tout en assumant pleinement ses prérogatives présidentielles, le chef de l'Etat n'a jamais cessé d'intervenir par petites touches dans la décision politique des groupes parlementaires et des partis qui sont réceptifs à ses conseils et ses avis autorisés. Le premier en date de ces conseils a été, au moment de quitter la présidence de son parti pour celle du pays, de «suggérer» aux leaders de Nida Tounès d'insérer au sein de leur «Comité fondateur» trois autres membres : Mohamed Ennaceur, Fadhel Ben Omrane et Hafedh Caïd Essebsi. Cette politique des petites touches a été une constante du mandat de Béji Caïd Essebsi. Ainsi, alors que c'est au parti vainqueur aux élections législatives de désigner le candidat à la primature, c'est BCE qui semble avoir opéré lui-même le choix de Habib Essid comme chef du gouvernement. Sans qu'aucun dirigeant nidaïste n'ait eu à contester ne serait-ce que la forme. S'agissant de la suprématie de Hafedh Caïd Essebsi sur Nida Tounès, le chef de l'Etat s'est ainsi toujours gardé de prendre parti pour son fils. Et c'est sans doute par petites touches qu'il a exprimé son affection. Ce qui a amené Ridha Belhaj, alors directeur du cabinet présidentiel, à tout mettre en œuvre pour ne pas contrarier BCE. Plus proche de nous, les audiences accordées, lundi, par le président de la République à Slim Riahi et Mohsen Marzouk attisent la curiosité des observateurs, au moment où ces deux personnalités sont des figures de proue des regroupements qui s'opèrent à l'Assemblée. Le même Slim Riahi, qui est de nouveau à la tête de l'UPL, avait, il y a quelques mois, été également reçu par BCE, suite à quoi on l'avait vu, deux jours plus tard, reprendre place parmi les participants aux réunions du Document de Carthage. Ce qui ne l'empêchera pas de déchirer, quelques semaines après, cet accord au sommet. Le chef de l'Etat considéré, à juste titre, comme le chef d'un combat opiniâtre contre ce qu'il appelle «l'islam politique», et champion de l'équilibre de notre échiquier politique, reçoit volontiers des acteurs influents de la vie nationale. Sa montée en puissance dans le coude-à-coude que se livrent les deux têtes de l'exécutif et l'éventualité d'une seconde candidature à la présidentielle font de lui une personnalité d'avenir possible voire probable, d'où l'influence qu'il peut avoir sur les choix des uns et des autres dans la course à mort que se livrent tous les protagonistes de la scène politique, à 14 mois des prochaines élections générales du pays.