Aujourd'hui, les auteurs d'actes de violence agissent au vu et au su de tout le monde. Seraient-ils rassurés que la justice est dans l'incapacité de sévir ? Les hommes politiques, quant à eux, ont d'autres priorités. Et les dérives et les dépassements de se banaliser La prolifération des actes de violence dans les rues, les stades, les espaces publics et même au sein des familles, les intimidations et les comportements de harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes, l'insécurité dont souffrent également certains des étudiants africains en Tunisie objet d'actes racistes gratuits, etc., constituent autant de phénomènes qui prennent de plus en plus de l'ampleur et interpellent les Tunisiens pour les pousser à se poser la question suivante : qu'attendent les autorités publiques pour mettre un terme au sentiment d'impunité qui se propage et qui fait que les auteurs des actes de violence se comportent en étant sûrs qu'ils échapperont à la justice si jamais ils sont poursuivis par leurs victimes ? Et bien avant de répondre à cette question, ne faudrait-il pas se demander pourquoi la violence, les agressions, les actes de viol et surtout de viol collectif comme celui perpétré dans la région de Bir El Ach relevant de la délégation de Goubellat (gouvernorat de Béja) à l'encontre de trois femmes d'une même famille dont une jeune fille de 15 ans, sont devenus monnaie courante après les événements du 14 janvier 2011 ? Autrement dit, pourquoi la violence, le déni de la loi, le mépris de l'autorité publique et les comportements anticiviques sont-ils devenus l'une des caractéristiques qui distinguent la Tunisie d'aujourd'hui? Les observateurs ou les analystes qui suivent l'évolution des rapports sociaux en Tunisie depuis l'avènement de l'expérience démocratique et l'instauration de la liberté n'ont pas attendu le crime abject de Goubellat pour tirer la sonnette d'alarme et dire que la mutation vers une société ouverte entraîne automatiquement des dépassements, l'apparition de nouveaux comportements dont les auteurs s'autorisent toutes les dérives possibles en étant assurés qu'ils seront protégés par les partis politiques auxquels ils appartiennent, sans oublier le développement incommensurable de la mentalité corporatiste au point que toutes les corporations sont devenues intouchables. Ainsi que le retour de la mentalité tribale (Arouchia) et la renaissance du régionalisme qu'on croyait enterrés à jamais. Et les résultats sont là : aujourd'hui, encouragés par les nouveaux défenseurs des droits de l'Homme qui développent une approche bien spéciale de la protection de l'intégrité de l'individu, les auteurs des agressions et des crimes les plus inqualifiables agissent en étant sûrs qu'il existe des activistes politiques pour défendre sinon justifier leurs comportements, des magistrats pour leur accorder les circonstances atténuantes et leur faire comprendre qu'ils sont protégés, voire que leurs actes ne sont pas aussi répréhensibles que le pensent certains «qui appellent à ce que les sanctions les plus sévères leur soient infligées». Maintenant que l'irréparable s'est produit et que l'insécurité et l'impunité se sont imposées comme deux données objectives, que faut-il faire pour que les Tunisiens se réconcilient avec les anciennes traditions qui faisaient de leur pays un havre de paix, de justice et de sécurité ? Et ce sont bien ces trois conditions qu'il est impératif de réunir aujourd'hui pour que les Tunisiens se réapproprient leur révolution qui leur a été confisquée par ceux qui s'en sont emparés afin de concrétiser leurs objectifs en faisant de la Tunisie un pays où règnent la peur, l'insécurité et l'injustice. L'entreprise n'est pas facile quand on constate que le gouvernement Youssef Chahed, les partis politiques soutenant le gouvernement ou appelant à son départ, les organisations et associations de la société civile et aussi les syndicats des patrons ou des travailleurs ont d'autres priorités dont en premier lieu les intentions de Youssef Chahed de démissionner ou de rester à la tête du gouvernement. En attendant que nos politiciens règlent leurs comptes personnels et décident de leurs alliances en prévision des échéances électorales de fin 2019, les criminels et les auteurs des agressions gratuites continueront à agir dans la liberté et l'impunité totales.