«A Ciambra», le film de l'Italo-américain de Jonas Carpignano, distribué par Hakka, sera sur nos écrans à partir d'aujourd'hui 7 septembre. Une mise en scène intéressante qui revisite le néoréalisme via cette fiction documentée. Voici un nouveau territoire de fiction inédit que le jeune cinéaste italien ouvre : celui des gitans peu sujets par ailleurs à des fictions. Le réalisateur en question est Jonas Carpignano, âgé de 33 ans et découvert en 2015 à la semaine de la critique avec le film «Mediterranea» qui suivait le périple de deux migrants africains . En voici le synopsis. «Pio a 14 ans et veut grandir vite. Comme son grand frère Cosimo, il boit, fume et apprend l'art des petites arnaques de la rue. Et le jour où Cosimo n'est plus en mesure de veiller sur la famille, Pio va devoir prendre sa place. Mais ce rôle trop lourd pour lui va vite le dépasser et le mettre face à un choix déchirant...» Avec «A Ciambra», le réalisateur continue son exploration de ces communautés marginales dans une fiction en forme de roman d'apprentissage. Une communauté gitane marginalisée, mais tout aussi bouillonnante qu'un chaudron sur un feu. Drogue, braquages, petits vols à la tire. Tout y est ! Mais le cinéaste, sans tomber dans les clichés ou les «Mythologies», suivra le fil sociologique de la narration pour nous livrer un récit simple et initiatique. Ce film traite aussi de l'adolescence puisque le personnage de Pio, devenu chef de famille après l'arrestation de son frère, tente de devenir un «vrai boss», mais sa nature encore enfantine et ses phobies ne lui permettent pas de l'être ! C'est à la limite une sorte de Don Quichotte maladroit propulsé dans un monde violent et sans merci et qui peine à trouver son chemin. En regardant le film (le film était au festival de Cannes à la quinzaine des réalisateurs) nous avons l'impression de vivre un produit croisé entre les affranchis et Gomorra... Mais ce croisement est vraiment réussi parce qu'il réussit à nous maintenir en haleine en cultivant la tension avec minutie jusqu'au dilemme final ! Le film obéit bien entendu au critère du point de vue unique tant chéri par la fiction documentée faisant du personnage de Pio l'objet que la caméra ne lâche jamais. Il y a aussi du néoréalisme dans le traitement esthétique de ce film, mais écrit d'une manière très fraîche et dynamique, ce qui est peut-être dû à la formation «américaine du réalisateur».