On s'attend à ce que Mohamed Ennaceur organise aujourd'hui une rencontre de réconciliation entre Youssef Chahed et Noureddine Taboubi. Beaucoup pensent que l'Ugtt aurait décidé de se mettre à égale distance des partis politiques Que peut-on attendre de la rencontre de réconciliation qui pourrait se tenir aujourd'hui, lundi 17 septembre, à l'initiative de Mohamed Ennaceur, président du Parlement, entre Youssef Chahed, chef du gouvernement, et Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt ? La question s'impose d'autant que la rencontre intervient à quelques jours de la mission de bons offices conduite par le même Mohamed Ennaceur dans le but de trouver un début d'entente ou de réconciliation entre Hafedh Caïd Essebsi et Youssef Chahed. Malheureusement, la mission du président du Parlement a été torpillée par la décision de Nida Tounès de geler l'adhésion du chef du gouvernement au parti, ce qui a eu pour conséquence que désormais s'il y a une solution à la crise, il n'est plus question qu'elle émane de Nida Tounès, plus particulièrement de sa direction actuelle. Et la nouveauté qui pourrait transformer la donne politique de fond en comble consiste en la nouvelle position de l'Ugtt dont le secrétaire général, Noureddine Taboubi, considère désormais que le dernier mot pour la résolution de la crise «revient à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) où le sort du gouvernement peut être décidé dans la mesure où le Document de Carthage a vécu et qu'il n'est plus question de le réactiver ou de le reprendre». L'Ugtt a-t-elle compris, face à la campagne de diabolisation dont elle est l'objet depuis quelques semaines, que son alliance avec Hafedh Caïd Essebsi et ses appels répétés à la démission immédiate de Youssef Chahed et de tous ses ministres sont contre-productifs répondant ainsi à la grogne qui se fait entendre de plus en plus au sein des rangs syndicalistes considérant que coaliser avec Hafedh Caïd Essebsi au moment où son parti est sur la voie de l'effritement définitif ne fait qu'altérer la réputation de l'organisation syndicale ouvrière auprès de l'opinion publique nationale et porter atteinte à son image de force d'équilibre devant se placer à l'écart des tiraillements politiques, des agendas partisans et des ambitions personnelles. Mohamed Ennaceur a-t-il compris que les nouvelles déclarations de Noureddine Taboubi consitituent un signal de retour du dialogue sérieux et productif entre le gouvernement et l'Ugtt et aussi un message qu'envoie l'organisation ouvrière pour signaler qu'elle a décidé de retrouver sa vocation initiale de temple de défense des intérêts de ses adhérents et de se placer à égale distance des partis politiques ? Tous ces questionnements seront au centre de la réunion d'aujourd'hui entre Mohamed Ennaceur, Youssef Chahed et Noureddine Taboubi, réunion dont le but est d'imaginer une solution qui puisse faire sortir le pays du blocage dans lequel il s'est empêtré depuis plusieurs mois. Sauf que la solution qui pourrait résulter de la rencontre d'aujourd'hui devrait prendre en considération les nouveautés qui se sont opérées sur la scène politique nationale au cours de la première quinzaine du mois de septembre : la formation d'un groupe parlementaire baptisé «coalition nationale» composé de 41 députés (on s'attend à ce qu'ils atteignent la cinquantaine d'ici le 20 octobre prochain, date de la rentrée parlementaire) censés soutenir Youssef Chahed, la grogne du côté de la place Mohamed-Ali à propos de l'alliance Taboubi-Hafedh Caïd Essebsi et, enfin, l'affirmation par Youssef Chahed en présentant les grandes orientations de la loi de finances 2019 : «Mon équipe et moi ne lâcherons pas prise. Nous restons en poste au service de la Tunisie». Donc, et à croire beaucoup d'observateurs, rien ne sera décidé avant le 10 décembre prochain, date de l'adoption par l'ARP de la loi de finances 2019. Mais en attendant d'y parvenir, beaucoup de positions peuvent changer en commençant par l'Ugtt qui n'est pas «obligée de pratiquer la politique politicienne, ce qu'elle est en train de faire jusqu'ici mais de se placer au-dessus des calculs partisans pour préserver la crédibilité et l'audience dont elle bénéficie auprès de l'opinion publique, statut qu'elle pourrait perdre si ses responsables continuaient à se comporter comme des politiciens n'ayant de comptes à rendre à personne.