Les Tunisiens font-ils confiance à leurs médias ? Telle est la grande question que «Barr Al Aman», média associatif lancé en 2016, avait déjà posée à un échantillon représentatif de 1.841 interrogés, toutes catégories socioprofessionnelles comprises, dans un sondage d'opinion effectué, du 23 au 31 août dernier, par l'Institut «Mediascan». Et avec une marge d'erreur estimée à moins de 3%. Ses résultats viennent d'être présentés lors d'une conférence de presse, tenue hier matin à Tunis. Le conférencier, M. Mohamed Haddad, rédacteur en chef de Barr Al Aman, a commencé par restituer les données chiffrées recueillies, faisant état d'un rapport public-médias qui n'est pas toujours au beau fixe. Soit une perception de confiance à leur égard pas tout à fait positive, et qui n'a pas manqué de faire de l'ombre à la participation citoyenne à la chose politique. D'ailleurs, 44% des sondés n'y accordent aucun intérêt, avec 38% qui sont peu intéressés. Alors que 61% ont déclaré avoir pris part aux dernières élections municipales, bien que 32% des interrogés n'y voient pas grand-chose. Cependant, ils se sont montrés beaucoup plus portés sur la présidentielle que pour le reste des échéances. Cela étant, 42 % avaient, déjà, voté lors des élections 2014, dont la victoire fut alors remportée par Béji Caïd Essebsi face à son rival Moncef Marzouki. Quel rôle pour les municipales 2018 ? Absolument rien, répondent 28% des enquêtés, contre 35% qui semblent relativement optimistes pour leur apport à l'amélioration des indicateurs du développement local. En quête d'information Que pensent-ils de l'impact des médias ? Une majorité, soit 80% des 564 votants interrogés dans le cadre de l'échantillon en question, a dit qu'elle n'a pas trouvé auprès des médias l'encadrement requis pour mieux saisir l'enjeu électoral. Cela explique le fait de voir 41% d'entre eux se rabattre sur les réseaux sociaux pour en savoir plus. En tout état de cause, «Al Wataniya 1» a été la chaîne la plus regardée, de l'avis de 59% des personnes sondées, gagnant ainsi en audience par rapport à «Nesma TV» avec 31% et à «Al Hiwar Ettounsi» à hauteur de 7%. Son rôle de proximité dans la couverture des campagnes électorales liées aux municipales du 6 mai 2018 a été fort apprécié. Toujours selon l'enquête, ces médias, toutes proportions gardées, ont du mal à convaincre un large public représentatif. En résumé, déduit M. Haddad, nos médias ont, plus au moins, aidé un citoyen sur cinq à choisir pour qui voter. Qu'attend le public de ses médias ? A cette question, plus de la moitié des interviewés ont répondu par la négative. Moins que rien. D'autres n'y cherchent que les informations crédibles et encore plus vérifiées. Côté fiabilité d'information, la palme revient, encore une fois, à «Al Wataniya 1». Volet divertissement, c'est «Al Hiwar Ettounsi» qui l'a devancée. Nul doute que politique et médias entretiennent des liaisons aussi dangereuses : plus de 60% croient que les médias ont toujours tendance à être nidaistes ou nahdhaouis. Et là, une conclusion à tirer : les médias se veulent ainsi sympathisants trop attachés aux partis au pouvoir. Autre constat fort témoigné : 2/3 des interrogés n'ont pas confiance en les médias. Voilà, du moins, une réponse à la question posée au départ.