• Les médias, les mieux placés pour demander des comptes aux responsables « La télévision est aujourd'hui la principale source d'information sur les questions politiques et les actualités en Tunisie. 51 % des personnes ont confiance en les deux chaînes nationales Al Watania 1 et 2. Ces données relevées par une enquête menée, en juin 2013, par BBC Media Action, ont été présentées vendredi, lors d'une rencontre organisée à Tunis en présence de plusieurs acteurs dans le domaine des médias. Contrairement à ce que certains politiciens au pouvoir pensent, les Tunisiens ne font plus confiance aux responsables du gouvernement comme source pour s'informer sur la politique et l'actualité. Faisant l'objet de critique incessante de la part des hommes de politique plus particulièrement de la part du mouvement Ennahdha et de ses sympathisants, les journalistes d'Al Watania 1, sont accusés de tous les maux par les politiciens surtout ceux de la troïka. Les dernières critiques ne datent pas de longtemps. Pas plus tard que mercredi dernier que Najib Ben Mrad, élu nahdaoui à l'ANC a appelé haut et fort ses responsables à exiger la démission Moufida Hachani, rédactrice en chef du JT à la télévision nationale. L'élu a également, insulté les autres journalistes en les traitant « d'orphelins de Abdelwahab Abdallah ». Cet exemple, qui n'est pas certes, isolé, prouve à quel niveau les journalistes font l'objet de pression de la part des politiciens au pouvoir. Cela démontre aussi que ces derniers sont conscients du rôle que joue la télévision dans la formation de l'opinion publique, rôle qui selon eux doit être toujours en leur faveur. Mais ils ignorent en même temps, que ces support de médias ne sont autre que des établissements publics qui s'adressent aux Tunisiens, toutes les franges et les classes sociales confondues, d'où l'importance d'offrir un service public sur un pied d'égalité à tous les citoyens sans sympathie ni préférence partisanes. Perception D'ailleurs, il est temps que les politiciens changent de perception envers les médias en général et les télévisions nationales notamment. Ils doivent en fait, faire une lecture profonde dans les résultats de l'enquête menée par BBC Média Action sur un échantillon représentatif composé de 1000 Tunisiens. En effet, les téléspectateurs ne font pas confiance aux politiciens et aux responsables du gouvernement en tant que sources pour s'informer sur les questions politiques et les actualités. 17,9 %, seulement font confiance aux responsables du gouvernement. C'est le taux le plus faible en comparaison à d'autres sources, dont les sites web informatifs, les radios, les télévisions ou même les amis et la famille. Ces derniers sont carrément la source la plus crédible pour les personnes interrogées lors de l'enquête, avec presque 77 %. Il est vrai que la télévision n'occupe pas la tête de la liste en termes de confiance auprès de ses téléspectateurs. Toutefois, elle a réussi après la révolution à reconquérir ce facteur très important pour améliorer son image auprès des téléspectateurs. Mieux encore, les personnes sondées considèrent que « les médias sont mieux placés que le système judiciaire pour demander des comptes aux responsables gouvernementaux. Dans cette perspective, la population tunisienne souhaite que les médias interpellent les responsables politiques sur leurs actions ». Décryptage Les résultats de l'enquête prouvent que les Tunisiens en ont marre de la langue de bois initiée par des responsables gouvernementaux. Il est grand temps donc, de bien décrypter ces données et partir en silence tout en y tirant les leçons nécessaires pour s'en servir lors des prochaines échéances électorales. Quant à eux, les futurs responsables doivent soigner convenablement leur discours et leurs interventions télévisées pour ne pas faire fuir les téléspectateurs. Ces derniers font preuve de plus d'exigence et sont, même, prêts à demander des comptes auprès des officiels si les occasions se présenteraient. « Plus des deux tiers des sondés ont affirmé que s'ils pouvaient demander des comptes aux officiels, ils le feraient », dévoile l'enquête. Avec le démarrage du dialogue national et le départ prévu dans trois semaines de l'actuel gouvernement, les téléspectateurs n'auront pas l'occasion pour demander des comptes aux officiels dans l'immédiat. Ils le feront peut-être avec les prochains décideurs. Entre-temps, le système judiciaire, classé d'ailleurs, deuxième en termes de confiance chez les enquêtés, sera-t-il capable de demander des comptes aux responsables qui quitteront le pouvoir dans quelques jours ?