De notre envoyée spéciale Neila GHARBI La question du djihadisme est abordée à travers une mise en scène épurée et minimaliste. Une approche linéaire, voire documentaire s'appuyant sur la performance des acteurs «Weldi» de Mohamed Ben Attia, le seul long métrage de fiction tunisien en lice pour la compétition officielle à la 33e édition du Festival international du film francophone de Namur, a été projeté mercredi dernier à la salle Caméo 4, devant un public nombreux venu encore une fois comme chaque année découvrir les nouveautés du cinéma tunisien. Un cinéma qui ne cesse d'étonner par la diversité des sujets abordés et leur traitement esthétique. L'histoire du film se passe à Tunis. Riadh, agent portuaire proche de la retraite, couve avec sa femme enseignante leur fils de 19 ans, Sami, qui va bientôt passer son bac et souffre de violentes migraines. Une famille à la vie paisible mais morne. Sans crier gare, Sami prend ses cliques et ses claques et disparait du domicile. Il est en Syrie pour faire le djihad. Son père décide de partir à sa recherche. Qu'est-ce qui a poussé ce jeune visiblement sans gros problèmes à la radicalisation ? Est-ce la pression exercée par les parents à la veille du bac ? Est-ce la conséquence de sa migraine ? Ou est-ce le malaise général qui règne dans le pays ? Une démarche documentaire «Weldi», le deuxième long métrage de Mohamed Ben Attia, emprunte la même démarche documentaire que «Nhebek Hédi», son film précédent. L'angle abordé est celui du père rongé par l'absence soudaine de son fils. A travers le parcours du père pour retrouver le fils, on comprend l'attachement jusqu'à l'étouffement de ce père à l'égard de son fils. Sa réussite, pour ne pas dire son bonheur, est de voir son fils obtenir un diplôme, travailler et se marier. Une vie un peu calquée sur la sienne sans aucune autre forme d'ambition. Progressivement, le père sera abandonné à son propre sort et devra retrouver une nouvelle vie. La question du djihadisme est abordée à travers une mise en scène épurée et minimaliste. Le réalisateur réussit à filmer le malaise de cette famille par des scènes lentes et répétitives. La caméra suit de près le point de vue du père, principal protagoniste du film. Cette approche linéaire, voire documentaire, s'appuie aussi sur la performance des acteurs, notamment le père qui a donné de l'intensité et de la consistance à un personnage meurtri par le départ incompréhensible d'un fils qui a préféré mettre sa vie en danger plutôt que de vivre une vie stable et monotone, à l'image de celle de ses parents et en l'occurrence celle de son père. Cinématographiquement parlant, Mohamed Ben Attia dit implicitement que lui aussi ne veut pas reproduire le schéma des aînés et essaie d'imposer son propre style inspiré de celui des cinéastes belges les frères Dardenne. Un style épuré, didactique et simple dont on retrouve le même schéma dans le cinéma du Japonais Ozu.