Le premier rendez-vous d'une série de rencontres à la Maison du Roman de la Cité de la culture, avec à chaque fois une nouvelle problématique autour du roman tunisien d'expression française. Un palimpseste, du grec ancien, «gratté de nouveau», est un manuscrit constitué d'un parchemin déjà utilisé, dont on a fait disparaître les inscriptions pour pouvoir y écrire de nouveau. L'idée est de Kamel Riahi (directeur de la Maison du Roman) qui a voulu instaurer des rencontres mensuelles portant sur le roman tunisien d'expression française, dans tous ses états, et en confiant la tâche à deux universitaires de notoriété sur la scène culturelle et littéraire tunisienne : Kamel Ben Ouanès et Ahmed Mahfoudh. Venant sur le thème «Le nouveau roman tunisien : son histoire, ses spécificités de l'indépendance à nos jours», le «Palimpseste» de ce jeudi 18 octobre, est le premier rendez-vous d'une série de rencontres à la Maison du Roman de la Cité de la culture, avec à chaque fois, une nouvelle problématique autour du roman tunisien d'expression française. Critique littéraire, critique de cinéma, enseignant à l'Esac (Ecole supérieure d'audiovisuel et de cinéma), Kamel Ben Ouannès estime qu'il y a plusieurs manières d'aborder cette question. «Il y a la présentation du livre, ou bien, la quête de la problématique, comme le fantastique dans le roman tunisien d'expression française, ou l'autobiographique, ou encore, la traduction. Nous partons du principe, explique t-il, que le livre a besoin d'outils et de canaux de promotion pour multiplier ces espaces. La vocation de la Maison du Roman est de s'occuper du roman, en général, et du roman tunisien en particulier». Selon lui, ces rencontres provisoirement mensuelles peuvent devenir plus fréquentes, tout dépend du bilan qui sera réalisé cette année. Tout en parlant des nouvelles publications, de l'actualité éditoriale concernant le roman, Ben Ouannès estime qu'un regard rétrospectif c'est-à-dire, un examen de la production du roman tunisien d'expression française, depuis ses débuts jusqu'à nos jours, est une approche nécessaire pour revaloriser de grands textes écrits par des Tunisiens qui n'ont pas suffisamment bénéficié d'une bonne communication. Ces rencontres sont vouées à attirer l'attention aussi bien des chercheurs et enseignants, que celle du grand public, sur l'importance de cette littérature, son rôle et sa place dans le paysage éditorial et culturel dans la Tunisie d'aujourd'hui. Le romancier, Ahmed Mahfoudh, pense qu'il y a trois étapes importantes dans la littérature tunisienne d'expression française : la période de l'affirmation de soi qui vient juste avec l'indépendance, période où la littérature francophone et militante veut montrer à l'ancien Colon que nous sommes une civilisation égale, sinon, supérieure à la leur. Période du roman réaliste de description, et aussi de doute et de trouble identitaire, car l'écrivain d'origine maghrébine, d'expression française, se sent déchiré entre plusieurs cultures. Voir Albert Memmi (La statue de sel). La deuxième étape est celle de la crise de la modernité. Comment le Tunisien affronte-t-il sa modernité, entre une tradition qui n'a pas complètement disparu et un modernisme qui n'arrive pas à s'affirmer. Mahfoudh évoque comme exemples : Fawzi Mellah (La conclave des pleureuses) et Héla Béji (L'œil du jour). La troisième étape est celle de l'approche contemporaine et du regard oblique. Pour Mahfoudh, il y a un retour aux préoccupations intimes et individuelles, voir Ali Becheur, Prix Comar d'Or 2018, pour son roman «Les lendemains d'hier» (Editions Elyzad) Ahmed Mahfoudh a parlé aussi de la jeune génération qui semble adopter une approche fantasmatique, comme quoi, la vérité, c'est le fantasme : Mohamed Harmel, Khaoula Hosni et Yamen Mannai. D'autres rencontres seront programmées durant les prochains mois dans le cadre de «Palimpsestes» de la Maison du Roman de la Cité de la culture, autour de la nouvelle génération d'écrivains tunisiens d'expression française.