« La Tunisie dans la littérature tunisienne de langue arabe et de langue française » est le fruit du colloque organisé les 17 et 18 avril 1998 à la Faculté des Lettres de Manouba par le groupe de recherches comparatistes sur les littératures maghrébines de langue arabe et de langue française dirigé par le professeur Habib Salha. Ce colloque a bénéficié du soutien du Secrétariat d'Etat à la Recherche Scientifique et à la Technologie, de l'E.N.S, de l'ONTT, de la Comar et des éditions l'Or du Temps. Et le présent ouvrage a été réalisé avec le concours du Ministère de l'Enseignement Supérieur. Dr. Kamel Ben Ouanès l'a présenté ainsi : « La littérature tunisienne, dans ses deux versants de langue arabe et de langue française, n'échappe pas aux enjeux irréductibles de la création. De par le poids de l'histoire et de la situation géographique très particulières de la Tunisie, cette littérature s'inscrit immanquablement au cœur de nombreuses interférences et filiations. Elle se situe à un carrefour qui sans cesse se déplace mais demeure toujours à la croisée des appels : celui d'un attachement aux origines réelles ou fantasmatiques incarnées par l'Orient tant classique que moderne, celui de l'ouverture sur un Occident où se mêlent la fascination, la tentation du mimétisme et la recherche résolue d'un modèle de réussite ou de développement. L'originalité de la littérature tunisienne est que l'ordre des mots et l'équilibre des choses n'y sont pas à chercher seulement dans les plis du bilinguisme ou dans les multiples articulations culturelles de cette littérature, ni encore dans le creuset d'un tempérament méditerranéen capable d'assimiler avec une étonnante facilité les apports les plus hétérogènes, mais surtout dans cet effort des écrivains tunisiens de remodeler l'écriture de « graphie » arabe ou française au gré d'une double exigence : d'un côté problématique et, de l'autre, ressourcer le dispositif esthétique en soumettant à l'expérimentation les règles des différents genres littéraires, notamment narratifs. L'image de la Tunisie ne peut donc être saisie convenablement en dehors de ce parcours culturel aux contours éclatés où apparaît une kyrielle d'influences, d'appartenances et de résistances ». En fin d'une préface à cet ouvrage Habib Salha disait : « Les littératures, en Tunisie, se rencontrent se transforment, conjuguent leurs terres intérieures, font parler leurs réciprocités, donnent à voir leurs équivalences dynamiques. Et parce que l'écrivain tunisien n'est pas « ornementateur », pour lui, écrire, c'est faire parler le sol et ses signes. Cela ne donne guère un « décor figé », cela nous introduit à la révélation de soi et à la saveur de l'étrangeté ».